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L'illusion libérale

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XX

Mais je fais une hypothèse. J’admets que nous suivions tous le courant. Je dis tous, sauf le Pape, car l’hypothèse ne peut aller jusque-là. Qu’en résulterait-il ? Il y aurait une force de moins sur la terre. Quelle force ? Ah ! ce ne serait point la force barbare, ni la force brutale…

La force qu’il y aurait de moins sur la terre serait cette force par laquelle il a plu à Dieu jusqu’ici de vaincre le monde, et le monde jusqu’ici est encore vaincu. Dieu triomphe par un petit nombre de fidèles ; ce petit nombre, pusillus grex, à qui il est dit, comme au commencement : « Ne craignez point » ; ce petit nombre qui est appelé le sel de la terre. Si le sel s’affadit, avec quoi salera-t-on ?[15]

[15] Matth., V. 13.

O sagesse prophétique de la parole divine ! le grain de sable est la sentinelle de Dieu sur le bord de l’Océan, et lui dit : Non amplius ! Le grain de sel est la vigueur des montagnes et la fécondité des vastes prairies.

Nous nous tournons vers le Crucifié de Jérusalem, vers le Crucifié de Rome, vers sa vérité abandonnée et trahie ; nous lui disons : Je te crois, je t’adore et je veux bien être foulé aux pieds comme toi, tourné en dérision comme toi ; je veux bien mourir avec toi !… Nous disons cela, et le monde est vaincu.

Il ne sera jamais vaincu autrement, jamais nous ne lui arracherons autrement ses armes, dans le but de les transfigurer et de les sanctifier en nous en servant pour éteindre toute voix de blasphème et aplanir tout obstacle entre les petits de ce monde et l’éternelle vérité. Car il faut que tout homme sache et prononce ces paroles, ce Credo qui seul peut délivrer le monde, cet adveniat qui sollicite l’éternelle paix.

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