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L'illusion libérale

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VII

Je ne dis point que les catholiques libéraux sont hérétiques. Il faudrait premièrement qu’ils voulussent l’être. De beaucoup d’entre eux j’affirme le contraire ; des autres, je ne sais rien, et ce n’est pas à moi de les juger. L’Église prononcera, s’il y a lieu, lorsqu’il sera temps. Mais quelles que soient leurs vertus et quelque bon désir qui les anime, je crois qu’ils nous apportent une hérésie, et l’une des plus carrées que l’on ait vues.

Je ne sais si le monde y échappera. J’en doute. Le libéralisme catholique et l’esprit du monde sont consanguins ; ils vont l’un à l’autre par bien des pentes. Dans la vaste cohue des athées, des déistes, des éclectiques, des ignorants, des prétendus chercheurs, il y a bien des consciences faibles qui ne demandent qu’une religion commode, « tolérante ». Dans l’Église même, on rencontrerait sans doute des fatigués, des tentés, des effrayés, qui ne voudraient pas être ouvertement apostats, ni rompre ouvertement avec le monde. Nous voyons en Italie des excommuniés qui s’obstinent à dire la messe, et qui eussent sincèrement protesté si quelqu’un, il y a cinq ou six ans, leur avait annoncé cette chute… L’hérésie, qui ne nie pas tout-à-fait la vérité, qui n’affirme pas tout-à-fait l’erreur, ouvre un lit à ces eaux vaines ; elles s’y précipitent des deux versants opposés, et ainsi s’enfle le torrent.

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