La Révolution russe : $b sa portée mondiale
LA PORTÉE
DE LA
RÉVOLUTION RUSSE
Nous vivons une grande époque. Jamais les hommes n’ont eu devant eux une œuvre aussi grandiose à accomplir. Notre siècle est le siècle de révolution dans la plus haute acception de ce mot : révolution morale et non matérielle. Il se forme une idée supérieure d’organisation sociale et de perfectionnement moral. Nous n’assisterons pas à la moisson, mais c’est un grand bonheur que de semer avec foi.
Channing.
Les dévots de l’utile n’ont d’autre moralité que celle de l’intérêt, et d’autre religion que celle du bien matériel. Ils ont trouvé le corps humain mutilé et épuisé par la misère : dès lors, dans leur zèle inconsidéré, ils se dirent : « Guérissons ce corps ; quand il sera bien portant, gras, gavé, l’âme reviendra y habiter. » Je dis, moi, qu’on ne saurait guérir ce corps qu’après avoir guéri l’âme. L’origine du mal est en elle, tandis que les maux corporels ne sont que les manifestations extérieures de ce mal. L’humanité meurt, de nos jours, de l’absence d’une foi commune, d’une idée commune, unissant la terre au ciel, l’univers à Dieu. L’absence de cette religion spirituelle, dont n’ont survécu que les formes creuses et les formules inertes ; l’absence complète du sentiment du devoir, de l’aptitude de se sacrifier, ont fait que l’homme est tombé dans la sauvagerie et a dressé sur un autel vide l’idole de l’utilité. Les despotes et les princes de ce monde sont devenus ses pontifes. Ce sont eux qui ont donné l’odieuse formule de la morale utilitaire proclamant : « Chacun pour les siens, chacun pour soi. »
Joseph Mazzini.
Et voyant la multitude du peuple, Il fut ému de compassion envers eux de ce qu’ils étaient dispersés et errants, comme des brebis qui n’ont pas de berger.
Saint Matthieu (IX, 36).