Le fameux chevalier Gaspard de Besse : $b ses dernières aventures
CHAPITRE XVI
La mémorable entrevue de l’évêque de Castries et du faux moine dom Pablo.
Les fiancés s’étaient retirés.
— Monseigneur, dit Gaspard, votre carrosse sera, dans quelques minutes, avancé devant le perron. Je viendrai vous en prévenir.
L’évêque n’entendit pas. Debout devant une des fenêtres grand’ouvertes, il s’était pris à regarder le vaste ciel, comme s’il y cherchait une réponse divine aux questions humaines qui se pressaient en lui. Ne pouvait-il rien de plus pour les égarés au milieu desquels il se trouvait et qu’il ne rencontrerait plus jamais ? N’avait-il pas encore une parole à prononcer ? Laquelle ? Dans l’espoir d’un grand bien, ces gens-là vivaient dans le mal. Ce Gaspard était un chef redoutable. N’y avait-il aucun moyen de le déterminer à abandonner une existence coupable ? Ne pourrait-on le faire entrer au service du roi ? Par quel détour ? « Avant de quitter Vaulabelle, ne devrais-je pas du moins tenter, moi, apôtre, de ramener à une politique moins chimérique, un bandit doué de bon sens et capable d’enthousiasme ? »
Gaspard, respectant la méditation du prêtre, se taisait, immobile derrière lui, songeant : « M’a-t-il compris ? Qui sait ? Il portera peut-être jusqu’au pied du trône l’explication de nos révoltes ; et peut-être obtiendra-t-il, en même temps que notre grâce, justice pour nous contre le Parlement. Que Teisseire soit vengé, ses assassins punis, — quel triomphe suffisant !… »
Les regards de l’évêque, errant sur l’horizon, au fond des grands espaces muets, revinrent sur la terre ; et il tressaillit. Il venait d’apercevoir, dans la grande allée, devant le château, un religieux, en robe de bure, qui faisait mine de lire un bréviaire. C’était Pablo.
Depuis qu’il s’était confessé à Gaspard, et depuis qu’il avait édifié les bandits, Pablo, en apparence toujours le même, était bien changé aux yeux de Gaspard qui, lorsqu’ils étaient seuls tous deux, le traitait de tout autre façon qu’autrefois.
Parmi les volumes dépareillés, dans la bibliothèque ruinée de Vaulabelle, il restait assez de bons livres pour que Pablo se fût amusé à les classer, à les relire, à en entretenir Gaspard. Le passé studieux du faux ermite le ressaisissait. Il retrouvait une intime fierté à s’apercevoir que sa mémoire, enfouie dans l’inconscience, y parlait encore tout bas, le remettait en présence des indignations très nobles qui pourtant l’avaient poussé, par impuissance, à se laisser déchoir… Une régénération intérieure, que rien ne révélait à personne, sinon à Gaspard, était commencée en lui. Bien des fois, Gaspard lui avait exprimé le désir qu’il avait d’être mis en présence d’un prince de la terre, qu’il ferait juge de ses sentiments et qui pourrait porter aux maîtres du peuple, aux ministres, au Roi peut-être, le vœu populaire qu’il prétendait, lui, Gaspard, représenter.
Et Pablo venait de se dire tout à coup que l’évêque de Castries, vénéré de tous, en Provence, pourrait être ce médiateur. Il s’était mis en quête de Gaspard et, ne le trouvant pas, il s’était informé ; et il était venu rôder sous les fenêtres de la salle où il le savait en conciliabule avec le prélat.
Il pensait qu’il pourrait, avec l’aide de Gaspard, faire entendre à ce noble personnage la vérité déjà comprise du peuple.
L’évêque, ayant aperçu Pablo, se tourna vers Gaspard :
— On dit, Monsieur, que vous avez attaché à votre troupe, une sorte d’aumônier ? Ne serait-ce point cet ermite que je vois passer là-bas ?… Avec votre agrément, je voudrais lui parler…
Gaspard s’approcha de la fenêtre vers laquelle Pablo leva les yeux. D’un signe, Gaspard l’appela.
Les bras en croix sur sa poitrine, debout dans sa robe de religieux, déchirée par endroits et assez malpropre, Pablo regardait le prélat d’un air narquois à la fois et déférent.
— Comment se fait-il, dit l’évêque, qu’il y ait parmi ces égarés un homme vêtu de cette robe ?
Pablo avait cherché cette entrevue ; et voilà qu’en présence de l’évêque, il se sentit intérieurement décontenancé et tout à fait incapable, parce qu’indigne, de formuler la requête qu’il avait méditée. Alors, irrité contre le respect même qui s’imposait à lui, il répondit, avec une rageuse irrévérence :
— Monseigneur, je suis l’aumônier du régiment.
L’évêque regardait fixement ce moine lamentable et audacieux.
Pablo se roidit dans son rôle de bravade. Gaspard regretta de l’avoir appelé sans lui avoir, au préalable, ordonné de prendre une attitude révérencieuse. Il eût voulu lui faire un signe d’intelligence ; mais Pablo, le devinant, ne le regardait pas et continuait :
— Au nom de nos braves, je distribue à des pauvres les biens mortels et nécessaires, le pain et le vin, sous les espèces d’écus bien trébuchants. Et quand je n’en ai plus, j’attends que nos voleurs s’en procurent encore. Ma bonne volonté est grande. Cela suffit. Dieu ne demande pas davantage. Il ne juge que l’intention.
— Cette jonglerie doit cesser ; vos réponses sont une parodie maligne des doctrines saintes, et un manque de respect pour mon caractère sacré ; vous copiez un hérésiarque qui a mérité le feu éternel. Vous renoncerez à cette parodie !
— Monseigneur a raison, dit fermement Gaspard ; obéissez-lui.
— J’ai pu causer avec votre chef, poursuivit l’évêque ; j’ai vu dans son cœur quelque chose de pur et d’honnête… mais vous, qui êtes-vous ?
Le démon d’orgueil s’était emparé de Pablo. Il répondit, avec un mauvais sourire :
— Je suis un honorable coquin.
— Fûtes-vous prêtre ? malheureux !
— J’ai étudié pour le devenir.
— Comment êtes-vous tombé à ce degré d’abjection ?
Pablo tressaillit, sous l’injure méritée ; il répliqua, moqueur :
— Rien n’arrive que par la volonté de Dieu.
— Encore ! ces paroles dans votre bouche sont d’abominables blasphèmes !
— Excusez-le, Monseigneur, dit Gaspard ; cet homme a souffert, et beaucoup.
Le prélat réfléchit un instant, en silence ; puis :
— Je voudrais trouver le chemin de votre cœur. Je vous adjure, si quelque chose d’honnête demeure en vous, et il ne saurait en être autrement, de me parler en homme, en chrétien. Pourquoi répondriez-vous à l’amour par la haine ? Un homme qui a étudié pour atteindre au sacerdoce doit avoir bien souffert, en effet, pour être devenu ce que vous êtes.
La voix du prélat s’était faite insinuante, douce comme une main de femme qui toucherait une plaie. La parole de pitié pénétra le cœur de Pablo, dont la figure narquoise changea tout à coup. Elle devint douloureuse :
— C’est ma confession que vous demandez, Monseigneur ? dit-il lentement. De grâce ne frappez pas à une porte que j’ai pu entr’ouvrir une fois, mais que je n’ai jamais ouverte toute grande à personne. N’y frappez pas… par pitié pour vous. Le secret de mon âme est trop affreux.
— Parlez, mon fils.
Ce mot acheva de fondre la dureté de cœur du faux ermite. Son visage s’illumina.
A son tour, il parut réfléchir profondément. Après tout, pourquoi ne répondrait-il pas à l’appel évangélique ? Dans un entraînement presque involontaire, il avait bravé un prince de l’Église ; maintenant le prélat lui parlait le langage de la bienveillance chrétienne. Pourquoi ne déchargerait-il pas son âme du fardeau qui l’oppressait ? de toute la colère accumulée en lui depuis tant d’années ? Au lieu de s’entêter dans la raillerie coutumière qui le faisait mépriser, pourquoi ne dirait-il pas, à ce représentant de l’Église reniée, les raisons de son reniement ? Et, au lieu de lui laisser le souvenir d’un bouffon injurieux, pourquoi n’élèverait-il pas sérieusement en sa présence la protestation qui inspira les réformateurs ? A cette idée, son passé de croyant revint en lui, et l’anima. N’avait-il pas naguère, à Solliès, parlé dans une église, du haut d’une chaire, avec une émotion intime qu’il avait pu dissimuler à tous les yeux, mais qu’il n’avait pu se nier à lui-même ? Et voilà qu’aujourd’hui, dans cette salle en ruine où, sur les murailles nues, on ne voyait rien qu’un crucifix, il retrouvait, grâce à la présence de l’évêque, quelque chose de la pieuse atmosphère qu’il avait respirée enfant, quelque chose aussi de la solennité de ces églises où il avait jadis ambitieusement rêvé d’être un orateur écouté… Il y rencontrait un auditeur capable de comprendre ce qu’il y avait en lui d’éloquence inutilisée… Toutes ces réflexions bourdonnaient pêle-mêle sous son crâne ; et peu à peu il s’attendrissait sur lui-même, sur sa chute, sur ses souvenirs d’enfant et de lévite innocent :
— Puisque vous avez su rendre justice aux sentiments de notre chef, Monseigneur, et puisque vous ne me jugez pas indigne de toute pitié, je parlerai…
Il se recueillit et commença d’un ton très doux :
— Avec la foule innombrable des chrétiens, avec ceux qui travaillent pour gagner le pain quotidien, avec les laboureurs et les artisans, avec tous les humbles, avec tous les pauvres, j’ai, tout petit, tourné les yeux vers la crèche, et j’ai aimé Dieu-enfant de toute mon âme.
Déjà Pablo oubliait l’évêque. Le son de sa propre voix lui paraissait celui d’une voix étrangère qui le subjuguait lui-même. Les crèches provençales que, étant petit, au jour de Noël, il avait construites sous les yeux et avec les conseils de sa mère, il les revit avec émotion, seulement parce qu’il venait d’entendre ce mot : « Amour », si souvent profané par les lèvres humaines et auquel la pitié avait rendu tout son sens divin. Et Pablo, comme en un songe, retrouva dans sa mémoire un vieux chant latin ; et il murmura, en extase, comme un moine des siècles lointains :
L’évêque, confondu, crut assister à un miracle, à une transfiguration, lorsque Pablo reprit d’une voix douce de mère en deuil et visionnaire :
— « Marie, Dame de courtoisie, que ressentais-tu, quand le Dieu ton fils suçait ton lait ? Comment ne mourais-tu pas de joie en l’embrassant ?… » Je grandissais, Monseigneur, dans ces extases ; et, avec tout le petit peuple, j’attendais la réalisation des promesses évangéliques… Et ce qui m’arriva à ce moment-là, je n’en ai jamais fait confidence à personne (il regarda Gaspard), à personne.
« C’est à ce moment-là que je reçus, par la malignité monstrueuse d’un prêtre, la révélation du démoniaque. Ce prêtre m’instruisait, et il avait tous les dehors d’un clerc respectable. Il savait que ma mère, en mourant, deux ans après la mort de mon père, m’avait laissé la garde d’une petite sœur moins âgée que moi de six années. Quand j’approchai de mes vingt ans, elle n’était encore qu’une enfant ; et tout ce que la paternité a de plus secourable, de plus protecteur, je l’éprouvais pour elle. Le prêtre indigne me pria de lui confier son éducation religieuse… Il put passer avec elle de longues heures dans la solitude ; et il abusa de son ignorance. Il ne fut pas puni. On me déclara qu’il fallait « étouffer le scandale » !
— On eut tort, dit l’évêque sévèrement. Proclamation du scandale et punition des coupables, c’est le moyen unique d’inspirer la foi dans l’équité et d’assurer le respect de notre ordre comme celui de toute justice.
Pablo poursuivit :
— Elle mourut dans l’épouvante ; et en moi, alors, brusquement, s’engouffrèrent la rage, l’incrédulité et la haine… Je me détournai avec horreur de la cléricature ; et, avec des yeux tout nouveaux, jetant mes regards sur le monde, je n’y vis plus qu’abomination,… un océan d’iniquités débordantes.
L’évêque leva les yeux vers le crucifix :
— C’est à ce moment, dit-il, que le démon, profitant du mal accompli par un infâme, troubla la netteté de votre intelligence. Il ne fallait pas conclure à l’infamie de tous d’après celle d’un seul. Mon fils, le prêtre est un homme, guetté par les passions. L’héroïsme de l’entier renoncement n’est pas facile à tous. Les saints ne sont pas innombrables. Mais il ne faut jamais oublier que, même lorsque, à l’autel, elle est élevée par des mains indignes, l’hostie reste toute blanche.
Pablo n’écoutait plus. Ses rages l’avaient ressaisi ; il jeta un regard haineux sur le prêtre qui le blâmait ; et, s’exaltant dans une sorte de fureur sacrée, il rappela, en apôtre accusateur, les périodes les plus douloureuses dans l’histoire des peuples trahis par de mauvais bergers.
Ses récentes lectures lui fournirent, contre l’iniquité du monde, les éléments précis d’une diatribe qui, de parole en parole, s’enflait du souffle de sa colère passionnée ; ainsi la vague appelle la vague sous le fouet de l’orage. Sa voix grondait ; son esprit fulminait. Un Savonarole n’eût pas désavoué cette éloquence inattendue et vraiment formidable… Voici qu’il s’écriait : « N’invoquez pas l’ignorance des siècles lointains ; — les maîtres d’alors avaient, aussi bien que nous et plus près d’eux, le Christ tout entier, c’est-à-dire toute la vraie science des cœurs… et ils la foulaient aux pieds ! » Il dit, et, pour conclure, rassembla, comme en un faisceau, de grandes invectives qui s’achevèrent en malédictions…
Tout à coup il s’arrêta, vraiment épuisé par tant de violence ; et, sa voix retombant à de calmes notes plaintives qui inspiraient la pitié, il murmura, comme l’apôtre lorsqu’il trouva vide le Tombeau : « J’avais un Dieu… voici que je ne l’ai plus… qu’en avez-vous fait ?… où l’avez-vous mis ? »
Le visage du moine n’exprimait plus que de la tristesse. Il se tut.
Après avoir respecté un moment son douloureux silence, l’évêque lui dit avec bonté :
— Mon fils, la force de vos indignations et de vos regrets, est terrible. Vos repentirs ne pourraient-ils l’égaler ? Vous demandez la justice aux hommes ? Peut-être n’est-elle pas de la terre !… Vous avez fait de votre beau désir la pire des damnations. Que cela vous soit compté ! Mais, croyez-moi, quittez votre genre de vie, fuyez les cavernes ; combattez en vous la rage stérile ; rappelez-vous vos prières d’enfant… Vous les murmuriez tout à l’heure…
Il ajouta :
— N’avez-vous jamais vu de bons prêtres, animés par le pur esprit de sacrifice et d’amour ? Ils sont légion, ces consolateurs de toutes douleurs, physiques et morales. N’avez-vous jamais vu nos bons curés de campagne quitter leur repos, en pleine nuit, pour porter à un mourant, ou à sa famille désespérée, les paroles de son cœur ? Ne les avez-vous pas vus partager, avec des mendiants, le dernier et pauvre pain du presbytère ? leur donner des chaussures neuves lorsqu’eux-mêmes marchent avec des souliers qui prennent l’eau ? Pourquoi ne regardez-vous que du côté où règne le mal ? Si le bien ne faisait pas équilibre au mal, songez que le monde s’écroulerait. L’essence de la vie est amour. La poule assemble autour d’elle ses petits qui se réfugient sous son aile, selon l’image évangélique ; et elle les nourrit de ses privations.
— Cela est vrai, intervint Gaspard ; et mon curé ne m’a laissé que de bons souvenirs.
— Sans aller bien loin, reprit l’évêque, si vos yeux cherchaient la vraie lumière, vous trouveriez dans le clergé, de véritables saints, dont les vertus rachètent tous les péchés d’Israël. Il y a, dans un pauvre village de nos Alpes voisines, un curé qui, depuis vingt ans, sème et récolte le bon grain de l’Évangile. Vous ne pouvez ignorer son nom…
— Je sais, dit Gaspard, il s’appelle Miollis[12]. Il donne aux pauvres jusqu’à ses propres vêtements. Il dut emprunter, il y a huit jours à peine, un pain pour son souper, au forgeron son voisin. Je l’ai su, Monseigneur, et je lui ai fait parvenir, sans qu’il ait pu en soupçonner l’origine, deux sacs de blanche farine et quelques pots de miel, que m’avaient offerts des amis, de braves cultivateurs de Besse.
[12] Né en 1745, nommé évêque de Digne par Napoléon Ier, Monseigneur Miollis mourut à l’âge de 99 ans et 7 mois. C’est l’évêque des Misérables.
L’évêque regardait et écoutait Gaspard avec une stupeur bien naturelle. Troublé jusqu’au fond de l’âme, il sentit sa pensée s’embrouiller un peu. Il était « du siècle, du monde », et voilà qu’il rencontrait, en Gaspard, un monde inattendu : la douceur dans la révolte ! — Il s’efforçait de diriger ses réflexions ; de conclure. N’y pouvant parvenir, il y renonça pour l’heure ; et, se tournant vers Pablo :
— Allez, lui dit-il, rentrez en vous-même, et redevenez le chrétien que vous fûtes adolescent ; changez d’existence. Notre miséricorde chrétienne est infinie. Elle sait pardonner les fautes d’autrui ; et elle efface même nos propres fautes, par le repentir.
— Rien n’effacera les miennes à mes yeux, répondit Pablo avec une surprenante noblesse. Je n’ai plus qu’une destinée… je n’y faillirai pas ; et c’est de suivre Gaspard mon maître partout et quoi qu’il fasse, et jusque sur l’échafaud. Ma fidélité à cet homme sera mon seul rachat.
— Ne voulez-vous pas réciter, à genoux, les prières de la confession ? insista le prêtre ; vous y trouveriez le repos.
— Elles ne seraient qu’un blasphème sur mes lèvres, répliqua Pablo froidement. Vous voudrez bien m’excuser, Monseigneur ; et si Votre Grandeur, comme je n’en saurais douter, peut avoir quelque influence sur le cours du siècle, qu’elle aille, dans sa bonté, exposer à notre roi l’origine et la signification de nos révoltes ; il n’y faut voir que l’appel des désespérés vers la justice toujours promise…
Ayant dit, il s’inclina et sortit.
— Monsieur, dit le prélat à Gaspard, je tâcherai de voir le roi…
Gaspard à son tour s’inclina devant l’évêque avec respect ; et comme, au moment de quitter la salle, il se retournait pour le saluer une fois encore, il le vit s’agenouiller dans l’épaisse poussière du parquet, aux pieds du haut crucifix, et s’abîmer dans une prière infinie.
Le soir de ce même jour, Gaspard, cherchant Pablo dans tous les recoins du parc, devait le trouver ivre-mort, comme un veuf désespéré qui cherche l’oubli. Dans un sommeil agité, le malheureux murmurait encore : « Qu’avez-vous fait de mon Dieu ? Qu’avez-vous fait de mon Dieu ?… Où l’avez-vous mis ? »