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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 2/2

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OUVRAGES ET MARCHANDISES
DE CORDONNIERS.

La Halle aux Cuirs est au bout de la rue de la Lingerie, où arrivent tous les Cuirs forains[1].

[1] On y vendoit spécialement « les cuirs à soulier », suivant l’édit. de 1691, p. 37.

Le Bureau de la marque des Cuirs où l’on paye le sol pour livre[2], est rue Betizy[3].

[2] « Le bureau du sol pour livre pour les vendeurs de cuir. » Édit. 1691, p. 36.

[3] « Devant l’hôtel de Montbason. » Id.

Le Bureau des Maîtres et Marchands Cordonniers, est sur le quay de la Mégisserie près le Chatelet[4].

[4] A quelque distance, se trouvoit un débit de marchandises dont parle la 1re édit., p. 37, et qui n’est mentionné nulle part dans celle-ci : « les vrais maroquins du Levant se vendent chez divers marchands pelletiers qui ont leurs boutiques et magasins près l’égoût du grand Châtelet, et qui font, d’ailleurs, commerce de buffles, de chamois et de toutes sortes de peaux. » Un peu plus haut, se lit cet autre détail : « la manufacture des maroquins rouges, façon du Levant, est dans la rue de Charonne, faubourg Saint-Antoine. » La comtesse de Beuvron avoit fait accorder le privilége d’une fabrique pareille, dont nous avons parlé t. I, p. 109, sous la condition d’une grosse part dans les bénéfices. (Correspondance administrat. de Louis XIV, t. III, Introduction, p. LV.)

Il y a pour les Cuirs de Paris un grand nombre de Corroyeurs rue de la Tannerie, rue Marivaux, cloitre saint Jacques de la Boucherie, et fauxbourg saint Marcel aux environs des Gobelins.

Il y a plusieurs Marchands Cordonniers qui vendent des souliers tous faits aux Halles, rue Notre Dame, rue Dauphine, rue de Bussy et rue sainte Marguerite[5].

[5] Ces souliers tout faits se vendoient principalement aux Halles, où il en venoit de toute la France. Le Berry en fournissoit beaucoup, la Flandre de même. Déjà, sous Henri IV, tout ce qu’elle avoit de vieux souliers étoit expédié à Paris, où on les remettoit à neuf. (Montchrestien, Traité de l’Œconomie politique, 1615, in-4o, p. 108.)

Entre les fameux Cordonniers pour hommes qui servent un grand nombre de personnes de considération, sont les Sieurs Lucas vieille rue du Temple, Carré rue de la vieille Bouclerie, Perrot rue de la Verrerie, des Ordres rue saint Jacques, Raverdy rue saint André, Chiroir sur les fossez saint Michel, Malbeau rue de la Harpe, le Breton rue Dauphine, Poiree rue des Nonnandieres, Soyer porte saint Germain, Parent et le Basque rue de Bussy, Loziers rue de Seine, Halloz rue Galande, etc.[6]

[6] Dans cet et cætera de Blegny il faut placer le cordonnier Prudent que cite Coulange au premier couplet de son excellente chanson, Les Moines.

Entre les Cordonniers pour femmes qui se font distinguer par la propreté de leurs ouvrages, sont les Sieurs Raveneau rue des Cordeliers, Vernon, Gaborry et Couteaux rue des fossez saint Germain, Bisbot rue Dauphine, Sulphour rue saint Severin[7], etc.

[7] Il ne faut pas s’étonner de voir un cordonnier à la mode logé dans une rue aussi malpropre que la rue Saint-Séverin ; celui qui chaussoit, au siècle suivant, la dernière favorite de Louis XV, ne l’étoit pas mieux. Chantoiseau l’indique ainsi, en 1773, dans son Almanach général d’indication : « Charpentier, cul de sac de la Fosse aux Chiens, cordonnier ordinaire de Madame la Comtesse du Baril (sic) et autres dames de la Cour. »

Le Sieur des Noyers rue sainte Anne, fait des Souliers de femmes d’une grande propreté qu’il vend un louis d’or[8].

[8] Le louis d’or étoit alors de 12 livres 10 sols, depuis 1689. Il descendit à 12 livres, en avril 1692, puis à 11 livres 10 sols, en 1693. (Dangeau, t. III, 39 ; IV, 61, 349.)

Le Poitevin rue Mazarine, fait[9] des Souliers d’hommes qui résistent fort à l’eau, et qu’il vend un demi louis d’or.

[9] « De très-beaux et bons souliers à la cavalière, qu’il vend un demi-louis d’or. » Édit. de 1691, p. 25-26.

Plusieurs Cordonniers des environs du Palais[10], dont il a été parlé à l’article des Armes et Bagages de guerre, font des Souliers de Cuir de botte qu’ils tiennent tous faits dans leurs boutiques, et qui sont d’un bon usage en hiver, par exemple, les Sieurs Noel, Picard, Simon, etc.

[10] Les pantoufles de velours, autrement appelées mules, se vendoient au Palais même. Les hommes s’y fournissoient surtout. (Liger, p. 401.) Ces pantoufles du Palais furent longtemps célèbres.

Les Frères Cordonniers logent présentement rue saint Denis au Bon Pasteur vers sainte Opportune[11].

[11] Dans l’édit. précédente, p. 61, on lisoit : « les frères cordonniers demeurent rue des Grands-Augustins. » C’étoit une communauté pareille à celle des frères tailleurs, dont il est parlé, p. 61, et avec laquelle, comme on voit, elle étoit venue se loger sous l’enseigne si bien choisie du Bon-Pasteur. Racine s’y fournissoit pour son fils aîné : « Vous trouverez, lui écrit-il, le 26 janvier 1698, dans les ballots de Monsieur l’Ambassadeur : un étui, où il y a deux chapeaux pour vous, un castor fin et un demi-castor ; vous y trouverez aussi une paire de souliers des frères. »

Le Sieur Goubier Epicier rue de Gesvre, vend une bonne Cireure pour les Cordonniers[12].

[12] Son article est plus étendu dans l’édit. précéd. : « le sieur Goubier, apothicaire-épicier, fait et vend toutes sortes de bijouterie de cire pour les enfants, et une bonne cire neuve pour les cordonniers. » Richelet donne dans son Dictionnaire la recette de ce cirage primitif : « composition de cire, dit-il, de suif et de noir de fumée, de térébentine de Venise, de blanc de plomb, et autres ingrédiens qu’on fait bouillir, pour cirer les bottes, les gros souliers… »

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