Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 2/2
LISTE[219]
DE L’ACADÉMIE FRANÇOISE.
Le Roy, protecteur.
(1705.)
Messieurs
1656. Cesar, cardinal d’Estrées[220], commandeur de l’ordre du St Esprit, doyen de l’Académie françoise[221], à l’abbaye de S. Germain des Prez[222].
[221] D’Alembert dit de l’Académie, à propos du cardinal d’Estrées : « Elle eut le bonheur de le posséder près de soixante ans, et de le voir longtemps à sa tête en qualité de doyen ; et quand elle le perdit, elle le pleura comme si elle venoit à peine de l’acquérir. » Hist. des membres de l’Acad. franç. morts depuis 1700, etc., t. III, p. 316.
[222] Louis XIV lui avoit donné ce magnifique bénéfice lorsque les intrigues de la princesse des Ursins l’eurent forcé de quitter l’ambassade d’Espagne. Il mourut à l’abbaye. C’est à sa tolérance que les petits théâtres et les bateleurs avoient dû de pouvoir s’établir sur le préau de la foire Saint-Germain, tant qu’elle duroit. Il les avoit même soutenus contre les comédiens qui, s’autorisant de leur privilège, vouloient les faire déguerpir. (L’abbé de la Tour, Réflexions morales… sur le théâtre, 1762, in-12, t. I, p. 35-36.)
1665. Jacques Testu, abbé de Belval, et prieur de St Denys de la Chartre, rue des Lions[223].
1666. Paul Tallemant, intendant des devises et inscriptions des Edifices royaux[224], prieur d’Ambierle et de Saint Albin[225], rue Ste Anne.
[224] Il étoit, sous ce titre, qu’il devoit à Colbert, secrétaire de l’Académie des inscriptions.
[225] C’est encore à Colbert qu’il devoit ces bénéfices « assez considérables », dit d’Alembert.
1667. Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau, gouverneur de Touraine, conseiller d’Estat ordinaire, et grand maistre des Ordres royaux et militaires de Nostre-Dame du Mont Carmel et de St Lazarre de Jérusalem, chevalier des Ordres du Roy, chevalier d’honneur de Madame la duchesse de Bourgogne[226], place Royale[227].
[227] Il y avoit acheté le pavillon que l’intendant général des postes, M. de Nouveau, avoit fait décorer par Le Brun et Le Sueur. Celui-ci avoit peint deux tableaux et deux plafonds, l’autre un plafond. (Mém. inéd. sur l’Acad. de peinture, t. I, p. 12 et 158.) La perspective peinte sur un des murs du jardin étoit de Jacques Rousseau, à qui l’on ne l’avoit pas payée moins de 4000 liv. en 1679. (Manette, Abecedario, t. V, p. 53.) Lorsque Monseigneur venoit à Paris, il descendoit volontiers à la place Royale, chez Dangeau. V. le Journal de celui-ci, t. II, p. 308.
1670. François Séraphin Régnier Desmarets, abbé de Saint Laon de Thouars, prieur de Grand-Mont près Chinon, académicien de la Crusca, et Secrétaire perpétuel de l’Académie françoise. A l’Hostel de Créquy sur le quay Malaquest[228].
1673. Esprit Fléchier[229], Evesque de Nismes[230].
[230] Après avoir été pendant deux ans évêque de Lavaur, le roi l’avoit nommé à l’évêché de Nîmes, poste difficile depuis la révocation de l’Édit, mais qui le fut moins lorsque Fléchier eut consenti au démembrement qui permit la création d’un évêché dans les Cévennes, celui d’Alais.
Jean Galloys, ancien abbé de St Martin de Cores[231], rue Fromentelle derrière le Collège Royal[232].
[232] C’étoit bien loin de la rue Vivien, où nous l’avons vu en 1676 ; mais après la mort de Colbert, devenu professeur de grec, puis inspecteur au collège Royal, il avoit dû déménager jusque là. Il y mourut le 19 avril 1707, à soixante-quinze ans.
1674. Pierre Daniel Huet[233], ancien Evesque d’Avranches[234], à la Maison professe des Jésuites, rue St Antoine[235].
[234] Nommé à l’évêché de Soissons, en 1685, il l’échangea avec M. de Sillery pour celui d’Avranches, dont il se démit après l’avoir occupé dix ans.
[235] En 1691, il leur avoit légué sa bibliothèque et s’étoit ainsi créé des droits à devenir leur hôte. Malheureusement, le don qu’il leur avoit fait fut détruit en grande partie deux ans après, lorsqu’il étoit encore à Avranches, par l’écroulement de la maison qu’il louoit à Paris depuis douze ans, pour que sa bibliothèque y fût en dépôt : « la maison qui la renfermoit, écrit d’Alembert, t. III, p. 475, étoit placée au faubourg Saint-Jacques sur des carrières qui s’entrouvrirent. » V. à ce sujet une pièce de Santeul dans ses Poemata.
1678. Pierre Nicolas Colbert, archevesque de Rouen[236], à l’hostel Colbert, rue Neuve des Petits Champs[237].
[236] Fils du grand ministre, il avoit dû à l’influence de son père d’être nommé de l’Académie en 1678, à la place de Jacques Esprit, lorsqu’il n’avoit encore que vingt-quatre ans. C’est Racine qui le reçut, et d’Alembert pense, avec raison, je crois, qu’il fit les deux discours.
[237] C’est l’hôtel de son père. Il y possédoit une bibliothèque du meilleur choix, quoique très nombreuse. Santeul en a fait l’éloge dans ses Poemata. Nicolas Colbert eut l’abbé Fraguier pour successeur à l’Académie, en 1708.
1679. Louis Verjus, comte de Crécy, conseiller du Roy en ses conseils, rue de Richelieu[238].
[238] Il fut reçu de l’Académie en 1679, n’ayant de titres que ses ambassades. En 1710, Ant. de Mesmes lui succéda.
1682. Louis de Courcillon de Dangeau[239], abbé de Fontaine Daniel[240], place Royale[241].
[239] Frère du marquis, nommé plus haut, p. 284, 290. Il remplaça l’abbé Cotin, en 1682, et fut remplacé lui-même par le comte Fleuriau de Morville, en 1723.
[240] C’étoit un bénéfice simple, l’abbé n’en ayant pas voulu d’autre, afin de pouvoir mieux s’occuper des lettres.
[241] Il y logeoit dans l’hôtel de son frère, où il tenoit tous les mardis des conférences littéraires et grammaticales, dont il a été parlé plus haut, t. I, p. 128, note 2.
1684. Nicolas Boyleau Despréaux[242], cloistre Notre Dame[243].
[242] Le satirique s’étoit fait trop d’ennemis pour arriver de bonne heure à l’Académie. Lorsque tant d’autres étoient reçus de vingt-cinq à trente ans, il ne le fut, lui, qu’à plus de quarante-huit ; encore fallut-il presque un ordre du Roi. Il remplaça Bazin de Bezons, en 1684, et eut pour successeur, en 1711, le maréchal d’Estrées.
[243] Il y habitoit depuis longtemps, mais en 1699 il y avoit pris, derrière Notre-Dame, à la pointe de l’Ile, un autre logement que celui qu’il avoit occupé d’abord : « il est, écrit son ami Vuillart, le 9 juillet, occupé d’un déménagement. Il quitte le logis du cloître Notre-Dame, où il étoit près du puits, pour un autre qui a vue sur le jardin du Terrain. » C’est là qu’il mourut.
1685. Thomas Corneille[244], rue St Hyacinthe, près les Jacobins de la rue St Honoré[245].
[244] On sait qu’il avoit succédé à son illustre frère au commencement de 1685. La Mothe le remplaça en 1710.
[245] C’est bien l’adresse que lui donne le président Hénault, Mémoires, p. 181. Parlant de Fontenelle, son neveu, il dit : « Il vint à Paris pour la première fois en 1687. Il demeura d’abord chez Thomas Corneille, son oncle et son parrain, cul de sac des Jacobins. »
1686. François Timoléon de Choisy, prieur de St Lo de Rouen[246], au Luxembourg[247].
[246] Il avoit en 1687 été reçu à la place du duc de Saint-Aignan. Il mourut en 1724, doyen de l’Académie où Portail le remplaça.
[247] Il y avoit été élevé chez son père, chancelier de Gaston d’Orléans, et il y revint passer ses dernières années dans un appartement voisin de celui qu’habitoit, dans ce grand palais alors sans maître, madame de Caylus. V. G. Desnoiresterres, Épicuriens et lettrés, 1879, in-18, p. 171.
1688. Jean Testu de Mauroy, abbé de Fontaine Jean et de St Chéron, prieur de Dampmartin, ancien aumosnier ordinaire de Madame, au Palais-Royal[248].
[248] Instituteur des filles de Monsieur, qui le logeoit au Palais-Royal. Il ne fut académicien, en 1688, que par la protection du prince qui, lorsque sa recommandation, d’ailleurs fort peu pressante, l’eut fait nommer, fut le premier à en être surpris. Il remplaça Jacques de Mesmes et eut pour successeur, en 1706, l’abbé de Louvois.
Jean de la Chappelle, conseiller du Roy, receveur général des finances de la Généralité de la Rochelle, rue du Grand Chantier au Marais[249].
[249] Quelques tragédies et une farce, les Carrosses d’Orléans, firent beaucoup moins pour sa réception, en 1688, à la place de Furetière, que son titre de secrétaire des commandements du prince de Conti. Il fit aussi une sorte de roman, les Amours de Catulle, dont se souvenoit La Bruyère lorsque, parlant de lui et du jeune prince, il dit : « Catulle et son élève… » Caractères, édit. Walckn., t. I, p. 504. — La Chapelle eut pour successeur, en 1723, l’abbé d’Olivet.
1689. François de Callières, seigneur de la Rochechellay et de Gigny, conseiller ordinaire du Roy en ses conseils, secrétaire du Cabinet de Sa Majesté[250], rue de Cléry[251].
[250] Comme le comte de Crecy qu’on a trouvé plus haut, p. 292, il étoit arrivé à l’Académie, en 1689, à la place de Quinault, par ses services d’ambassadeur. Le cardinal de Fleury le remplaça en 1717.
[251] Il y occupoit, comme l’abbé Tallemant, Pavillon, et plusieurs autres, un de ces nouveaux hôtels qu’on appeloit des « Cléry », et qui mirent, à la fin du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe ce quartier à la mode. Il acheta, en 1709, à Jacques Paget, moyennant 60,000 livres, une maison de la rue Neuve-Saint-Augustin, dont il disposa, en faveur de l’Hôtel-Dieu de Paris, par un legs, déjà mentionné plus haut, t. I, p. 113, note 1. — V. aussi Inventaire des archives hospitalières, Hôtel-Dieu, t. I, p. 79.
Eusèbe Renaudot, prieur de Fossey[252], rue de Richelieu[253].
[252] Il étoit l’aîné des quatorze enfants de Théophraste Renaudot, créateur de la Gazette. Ses écrits ecclésiastiques le firent admettre en 1689, à la place de Doujat. L’abbé Roquette fut son successeur en 1720.
[253] Au coin de la rue Neuve-Saint-Augustin. On voit en effet par le testament de Callières, rappelé tout à l’heure, que sa maison située dans cette rue touchoit à celle de l’abbé Renaudot.
1691. Bernard de Fontenelle, secrétaire de l’Académie des sciences[254], au Palais-Royal[255].
[254] Reçu en 1691, à la place de Villayer, il mourut doyen de l’Académie en 1757, et eut A. L. Séguier pour successeur.
[255] Il avoit d’abord, comme on l’a vu plus haut, p. 293, habité chez son oncle Th. Corneille, puis chez son ami M. des Haguais. Le duc de Chartres, devenu duc d’Orléans en 1701, le logea au Palais-Royal, « dans un galetas », comme il disoit lui-même, pour le dispenser de lui en avoir de la reconnaissance. En 1730, il dut en partir, la dévotion du nouveau duc d’Orléans ne s’accommodant pas de sa philosophie, ce qui fit dire dans une épigramme :
Fontenelle prit alors un appartement, rue du Faubourg-St-Honoré, près de l’Assomption, où il mourut le 9 janvier 1757, et dont on peut voir la description dans les Annonces affiches de 1758, p. 41-42.
Estienne Pavillon[256], ci-devant avocat général au parlement de Metz[257], rue de Cléry[258].
[256] Il eut pour prédécesseur Benserade, qu’il remplaça en 1691, et pour successeur, en 1705, Brulard de Sillery.
[257] Il s’étoit de bonne heure démis de cette charge et ne s’étoit plus donné qu’au monde et aux lettres.
[258] Il y étoit voisin de son ami Callières, et du trésorier Damon (V. t. I, p. 38) dont la femme reçut souvent l’hommage de ses vers. Lorsque la goutte, qui le cloua chez lui si longtemps, l’eut tout à fait empêché de sortir, il reçut nombreuse compagnie. Le monde, où il n’alloit plus, venoit à lui. V. à ce sujet son Éloge, par un autre de ses voisins, l’abbé Tallemant, dans l’Histoire de l’Académie des inscriptions.
1692. Jacques de Tourreil[259], rue des Douze Portes, près la rue St Louis au Marais[260].
[259] Il avoit succédé à Michel Le Clerc en 1692, et il fut remplacé en 1714 par Rolland-Mallet. Pontchartrain, dont il élevoit le fils, contribua beaucoup à son élection, comme il avoit aidé à celle de Pavillon, son parent.
[260] C’étoit sans doute la maison où Scarron étoit mort, et que Crébillon devoit un peu plus tard habiter si longtemps.
1693. François de Salignac de Fenelon, archevesque de Cambray[261].
[261] L’auteur de Télémaque avoit succédé à Pélisson en 1693 ; De Boze lui succéda en 1715.
Jean Paul Bignon, abbé de Saint Quentin[262], conseiller d’Estat ordinaire[263], rue des Bernardins[264].
[262] Il succéda le 15 juin 1693 à Bussy, et eut pour successeur, en 1743, un de ses parents, Jérôme Bignon. Il étoit aussi de l’Académie des sciences et de celle des Inscriptions.
[263] Il devint un peu plus tard doyen de Saint-Germain l’Auxerrois, puis bibliothécaire du cabinet du roi, charge que Dacier lui vendit 30,000 liv., tout en gardant les appointements de 1,200 liv., et le logement au Louvre (Mercure, fév. 1720, p. 180).
[264] V. sur l’hôtel des Bignon dans cette rue, t. I, p. 48, note 4. Le czar Pierre le visita peu de temps après que M. de Torpane le leur eut acheté (Mercure, juin 1717, p. 193).
Simon de la Loubère[265].
[265] Encore une créature académique de Pontchartrain. Son seul titre sérieux étoit d’avoir fait partie de l’ambassade à Siam. Il avoit succédé en 1693 à François Tallemant, et l’abbé Sallier le remplaça en 1729. Si son adresse manque ici, c’est qu’il s’étoit retiré de bonne heure à Toulouse, sa ville natale, où on lui dut le rétablissement des Jeux floraux.
1694. Jean François Paul Lefevre de Caumartin, abbé de Nostre Dame de Buzay[266], rue Neuve St Estienne au faubourg St Victor.
[266] Reçu en 1694, à la place de l’abbé de Lavau, n’ayant guère que vingt-six ans, il eut Moncrif pour successeur en 1733. Pontchartrain, qui avoit contribué à le faire élire, aida aussi à le tirer de l’assez fâcheuse affaire où il s’étoit jeté en persiflant l’évêque de Noyon, Clermont-Tonnerre, que peu de mois après sa propre élection il avoit dû, comme directeur, recevoir académicien. Le roi, qui s’étoit prêté d’abord à la plaisanterie, la trouva trop forte une fois faite ; il ne parloit pas moins que d’exiler Caumartin dans son abbaye de Buzay en Bretagne, lorsque l’intervention de Pontchartrain le sauva. (V. Saint-Simon, t. I, p. 134, et Lettres de Sévigné, édit. Hachette, t. X, p. 218.) L’abbé de Caumartin devint plus tard évêque de Vannes, puis de Blois.
1695. Charles Castel de S. Pierre[267], premier Aumosnier de Madame, au Palais-Royal[268].
[267] Élu en 1695 à la place de Bergeret, il fut exclu des séances en 1718, à la suite d’une dénonciation du cardinal de Polignac contre son Discours sur la Polysydonie, dans lequel il attaquoit vivement le gouvernement personnel du feu roi, et demandoit qu’on y substituât l’autorité de plusieurs conseils ou Synodes. On ne lui donna toutefois un successeur qu’à sa mort, en 1743 ; ce fut Maupertuis.
[268] Ce logement au Palais-Royal, qu’il avoit comme aumônier de Madame, mère du Régent, lui fut conservé même après son exclusion de l’Académie.
Jules de Clérambault, abbé de Saint-Taurin, d’Evreux, de Nostre Dame du Lieu-Dieu en Jard, et de St Savin, rue des Bons Enfants, près le palais Royal[269].
[269] Fils du maréchal de Clérambault. Le fauteuil de La Fontaine lui échut en 1695, et « comme il étoit contrefait, dit d’Alembert, les mauvais plaisants prétendirent que c’étoit Ésope qui succédoit à La Fontaine ». L’abbé Massieu le remplaça en 1714.
André Dacier, garde des livres du Cabinet du Roy, au Louvre[270].
[270] Il fut célèbre pour son érudition dans les lettres grecques, mais moins que sa femme, dont La Bruyère demandoit l’admission à l’Académie. Dacier y fut élu, en 1695, pour le fauteuil de l’archevêque de Paris, M. de Harlay. Il étoit déjà garde des livres du cabinet du Louvre, charge que le roi avoit rétablie en sa faveur pour le récompenser de son Recueil sur les Pythagoriciens (V. à la p. préc. l’art. sur l’abbé Bignon). Dacier mourut en 1722. Le cardinal Dubois le remplaça.
1696. Claude Fleury[271], abbé du Loc-Dieu, sous-précepteur de Messeigneurs les Enfants de France, rue St Louis au Marais[272].
[271] Auteur de l’Histoire ecclésiastique. Il fut, en 1696, le successeur de La Bruyère, son ami, et fut remplacé lui-même, en 1722, par le diplomate Adam.
[272] Le roi lui avoit donné l’abbaye de Loc-Dieu, après l’éducation du duc de Vermandois, il lui accorda le prieuré d’Argenteuil après celle du duc de Bourgogne. Dès lors il résida dans ce prieuré, beaucoup plus qu’il ne logea rue Saint-Louis.
1699. Louis Cousin[273], président en la Cour des Monnoyes[274], rue Guenegaud.
[273] Il avoit en 1697 succédé à l’évêque d’Acqs, M. de Chaumont. Le marquis de Mimeure lui succéda en 1707.
[274] V. plus haut, t. I, p. 69. Le président Cousin avoit d’abord été directeur du Journal des savants et censeur royal. Il légua ses livres à la bibliothèque de Saint-Victor, avec un fonds de vingt mille francs pour en augmenter le nombre. V. t. I, p. 137.
1698. Charles Claude Genest[275], abbé de Saint-Vilmer[276], aumosnier ordinaire de Madame la duchesse d’Orléans[277], cloistre Saint Honoré.
[275] Il avoit succédé, en 1698, à Claude Boyer, comme académicien, pour des tragédies qui ne valoient guère mieux que les siennes. Son fauteuil échut après lui, en 1720, à l’abbé Dubos.
[276] Ce bénéfice, de 500 écus de rente au plus, fut tout ce qu’il put obtenir du roi.
[277] Mademoiselle de Blois, fille du roi et de madame de Montespan, avoit eu l’abbé Genest pour précepteur. Devenue femme du duc d’Orléans, futur Régent, elle le garda près d’elle comme aumônier, et lui fit avoir, après la mort du roi, 2,000 fr. de pension sur l’archevêché de Sens.
1699. Jean Baptiste Henry du Trousset de Valincour[278], secrétaire général de la Marine et des Commandements de Monseigneur le comte de Toulouze. Cloistre Nostre-Dame[279].
[278] Bel esprit plutôt qu’auteur, il succéda, en 1699, à Racine son ami. Il eut en 1730 La Faye pour successeur.
[279] Il quitta le Cloître un peu plus tard pour venir habiter l’hôtel du comte de Toulouse, dont il étoit, comme il est dit ici, le secrétaire des commandements. On sait que cet hôtel est aujourd’hui celui de la Banque. M. de Toulouse étant amiral, on comprend que Valincourt, qui l’avoit suivi dans quelques expéditions, et même y avoit été blessé, pût être secrétaire général de la marine.
1701. Louis de Sacy, avocat, rue Beaubourg[280].
[280] Il plaida peu, traduisit beaucoup et n’imagina rien. C’est la coterie du salon de madame de Lambert qui le fit recevoir académicien en 1701, à la place du président Rose. Montesquieu lui succéda en 1728.
Nicolas de Malezieu[281], chancelier de Dombes, à l’Arsenal[282].
[281] Le grand amuseur de la cour de la duchesse du Maine à Paris et à Sceaux. Le fauteuil de l’évêque de Noyon, dont il a été parlé plus haut, lui échut en 1701. Il y fut remplacé en 1727 par le président Bouhier.
[282] Le duc et la duchesse du Maine tenoient leur cour à l’Arsenal, le duc étant grand maître de l’artillerie depuis 1694, il étoit donc naturel que Malézieux y logeât aussi. Sa charge de chancelier de Dombes s’explique de même par la souveraineté du duc sur cette principauté.
Jean Galbert Campistron[283], secrétaire général des galères, rue de Grenelle, fauxbourg Saint Germain[284].
[283] Le singe de Racine, comme on avoit dit de Silius Italicus qu’il étoit celui de Virgile. Il avoit remplacé Segrais en 1701, et il eut Destouches pour successeur en 1723.
[284] La charge de secrétaire général des galères, qu’il avoit eue en 1694 après la mort de Duché, et qui lui fut confirmée par le roi en 1699, lui valoit 3,000 livres. Il la devoit au duc de Vendôme, qui étoit lui-même général des galères, et auquel, après lui avoir été présenté par Racine, il resta toujours attaché.
1702. Jean François de Chamillart[285], Evesque de Senlis[286], et premier aumosnier de Madame la Duchesse de Bourgogne, rue de Richelieu.
[285] C’est sa parenté très proche avec le ministre Chamillart qui l’avoit fait arriver au fauteuil laissé vacant en 1702 par la mort de Charpentier ; il l’occupa jusqu’en 1714. Le maréchal de Villars l’y remplaça.
[286] Il avoit eu d’abord l’évêché de Dol.
Pierre de Cambout, duc de Coislin, pair de France[287], à l’Hostel de Coislin, rue de Richelieu[288].
[287] Il avoit succédé, en 1702, à son père que nous avons vu sur la liste précédente, p. 279 ; il eut en 1710 son fils pour successeur.
[288] C’est l’hôtel qu’avoit fait construire le commandeur de Jars, et qui fut un des premiers de la rue de Richelieu. Il touchoit à l’hôtel Louvois, dont la place du même nom occupe le terrain aujourd’hui. Le jardin de l’hôtel de Coislin avoit une porte sur la rue Sainte-Anne, où logeoit Bossuet, ce qui lui permettoit, avec l’agrément du duc son confrère, de venir s’y promener et même d’y recevoir des visites. (Journal de l’abbé Le Dieu, t. III, p. 14.)
1704. Armand Gaston de Rohan, Evesque et prince de Strasbourg[289], à l’Hostel de Soubize au Marais[290].
[289] Reçu à la place de Claude Perrault en 1704, il eut pour successeur, en 1749, l’évêque de Rennes, Vauréal, qui avoit encore moins de titres que lui.
[290] C’est aujourd’hui, comme on sait, le palais des Archives.
Melchior de Polignac[291], abbé de Bonport[292], rue St Dominique, fauxbourg St Germain.
[291] Auteur de l’Anti-Lucrèce, il fut élu en 1704 à la place de Bossuet, et eut Giry pour successeur en 1741.
[292] Il fut plus tard archevêque d’Auch et cardinal.
Gaspar Abeille, prieur de Nostre Dame de la Mercy[293], près la Porte St Honoré, à l’Hostel de Luxembourg[294].
[293] Quelques tragédies oubliées furent ses seuls titres à l’Académie, où il arriva en 1704, à la place de l’abbé Boileau, et où l’abbé Mongault lui succéda en 1718.
[294] La rue Neuve-de-Luxembourg remplace cet hôtel. Abeille y logeoit comme secrétaire des commandements du maréchal de Luxembourg.
Jean Baptiste Coignard, imprimeur et libraire ordinaire du Roy, rue St Jacques, près St Yves[295].
[295] V. plus haut, t. I, p. 189, et II, 288. — Quand le Dictionnaire eut été publié, le travail de Coignard pour l’Académie fut assez restreint. Il se réduisit presque à l’impression de quelques Avis sur de petits morceaux de papier grands comme la main, dans le genre de celui-ci, que nous copions textuellement sur l’original :
« M.
« Vous estes adverty de la part de Monsieur le Directeur de l’Académie françoise, de vous trouver Samedy prochain deuxième jour de Décembre mil sept cent treize, à l’assemblée qui se tiendra au Louvre à trois heures précises après midy, pour le second scrutin de l’élection d’un Académicien à la place de feu M. l’abbé Regnier des Marais. »