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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 2/2

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ÉPACTE ET LUNAISONS.

On appelle Épacte un certain nombre par lequel, sans almanach, on trouve le temps de la Lune[36]. Pour s’en asseurer, il faut chaque année ajouter onze à l’Épacte de l’année précédente, et prendre pour Épacte le produit de cette addition, pourveu néanmoins qu’il n’excède pas le nombre de trente : car quand cela arrive de la sorte, on prend seulement pour Épacte ce qui est au-dessus de ce nombre, ce qui se pratique constamment de la même sorte jusqu’au terme révolutaire du nombre d’or, après lequel on recommence à compter l’Épacte par le premier nombre ; et c’est ce qu’on a fait l’année précédente 1691, en sorte que dans la présente année 1692 nous aurons le nombre 12 pour Épacte.

[36] L’Épacte est la différence en jours, heures, minutes et secondes qui existe entre une révolution solaire et douze révolutions lunaires. On appelle cycle des épactes un espace de trente années, après lequel les épactes reviennent à peu près dans le même ordre. V. à ce sujet la Métrologie de Saigey. Les épactes, suivant Champollion-Figeac, sont « un moyen chronologique pour vérifier la certitude des dates du moyen âge ». Résumé de chronologie, p. 160.

Lors donc qu’on veut sçavoir par l’Épacte en quel temps on est de la Lune, il faut additionner le nombre de l’Épacte, le quantième du mois courant, et le nombre des mois dont il a été précédé depuis celuy de Mars ; par exemple, si je veux savoir en quel temps de la Lune je serai le 4 juillet, je dirai : 4 du mois joint à 12 d’Epacte font 16 et 4 pour les mois de mars, avril, mai et juin font vingt, et par conséquent le 4 juillet je serai au 20 de la Lune, ce qui n’est pas néanmoins si juste qu’on ne s’y puisse tromper d’un jour ou d’un jour et demi.

On appelle Lunaison le temps du mouvement propre de la Lune[37], c’est-à-dire celuy dans lequel on voit commencer et finir le circuit qu’elle fait autour de la Terre dans l’espace de 29 jours, 12 heures, 3 quarts et un peu plus.

[37] C’est le temps qui s’écoule depuis le commencement de la nouvelle lune jusqu’à la fin du dernier quartier. Pour les paysans, les lunaisons règlent le temps, pour les marins de même, qui appellent, par exemple, « lunaison de vent » l’espace de temps — quinze jours environ — pendant lequel le même vent souffle. Le principal savoir des vieux magisters de village étoit de les bien connoître, ce qui a fait dire au poète de L’Homme des Champs, chant Ier, p. 63, 1re édit., à propos du magister qu’il y met en scène :

. . . . . . . . . . . . . . .
Connoît les lunaisons, prophétise l’orage,
Et même du latin jadis eut quelque usage.

Sur les lunaisons, et principalement sur la fameuse doctrine du général Bugeaud, déjà pressentie dans les Géorgiques de Virgile, V. Le Vieux-Neuf, 2e édit., t. III, p. 555, note.

On divise chacune des douze lunaisons de l’année en quatre parties. Le commencement de la première s’appelle nouvelle Lune, dans lequel elle se trouve en conjonction avec le Soleil, c’est-à-dire située dans un même point du Ciel. Le second se nomme premier quartier, lors duquel il y a entre elle et le Soleil un quart du Ciel. Le troisième est nommé pleine Lune, lorsqu’étant opposée au Soleil, il y a la moitié du Ciel entre les deux. Et le quatrième fait le dernier quartier, dont le premier jour est le milieu de sa déclinaison.

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