← Retour

Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 2/2

16px
100%

LISTE
DES
AVIS DU BUREAU D’ADRESSE

Pour servir depuis le premier jour
de l’an 1670[296].

[296] V. pour cette liste notre Introduction, t. I, p. xxxiv.

On continuera à recevoir les avis tous les jours, jusqu’au 12 de ce mois inclusivement, et aux heures ordinaires, pour le Livre suivant, qui se trouvera aux Bureaux, le 16 à midy, jusqu’à la fin du mois.

On enseigne gratis à l’ordinaire les adresses qui sont faites au Bureau.

On ne se mettroit pas en peine de faire des avertissements sur l’utilité du Bureau d’adr. si on n’avoit à faire qu’à ceux qui s’en sont servis : mais comme le débit des Livres a fait remarquer que quantité de gens ne font que commencer à en prendre connoissance, et qu’il les faut aussi instruire des avantages qu’ils en peuvent tirer, il est du moins bon d’apprendre aux derniers venus qu’il n’y a pas une voie au monde plus seure, plus abrégée et plus comode que celle là pour trouver ce qu’on souhaite, pour se défaire de ce qu’on ne veut point garder, et pour sçavoir et faire sçavoir aux autres tout ce qu’il est besoin qu’on sçache[297]. L’exemple de cette Liste fait assez voir comment elle produit cet effet, pour apprendre à chacun comment il s’en pourra servir.

[297] Lorsqu’en septembre 1717 le Bureau d’adresse, qui prit alors le titre de Bureau général privilégié d’adresse et de rencontre, dut rouvrir rue Saint-Sauveur, « l’avis très utile au Public », qui l’annonça dans le Mercure, reproduisit presque textuellement ce qu’on lit ici. V. le Mercure, sept. 1717, p. 178-183.

Mais il faut à l’occasion satisfaire icy à la plainte de quelques uns contre ces Listes, prétendans qu’elles ne soient toutes que la même chose, sous prétexte seulement qu’ils ont pu voir en chacune, peut-estre 10 ou 12, ou fort peu plus d’avis repétez de l’une en l’autre[298]. Il suffiroit de répondre en un mot, que quand il y auroit quatre fois autant de répétitions, on ne pourroit encore honnestement plaindre ce peu qu’il en couste pour voir les autres avis nouveaux, dont on donneroit souvent dix ou vingt fois autant pour avoir la connoissance d’un seul. Mais de plus, ils doivent, une fois pour toutes, considérer qu’à peine voit-on jamais trois fois de suite cinq ou six avis de choses à vendre ou demandées, si elles ne sont d’une grande conséquence ; et qu’à l’égard de ceux qui font sçavoir leur demeure et les choses qu’ils débitent, et de ceux qui ont coutume d’afficher, ils doivent nécessairement estre repetez non seulement trois ou quatre fois, mais toujours, puisqu’il y a continuellement des gens nouveaux qui ont besoin de les connoistre. Et ainsi ce petit nombre d’avis renouvellez, outre qu’il n’est pas considérable à proportion des nouveaux, pour faire qu’on songe à espergner 15 deniers pour les voir[299], est même une chose nécessaire à tout le monde, pour trouver toujours à point nommé de certaines gens et de certaines choses dont on peut avoir affaire.

[298] Nous aurons plusieurs fois à signaler de ces répétitions dans les listes suivantes.

[299] C’est-à-dire un sou trois liards. C’est ce que coûtoit, comme on le verra plus loin, chaque exemplaire de ces listes.

Immeubles à louer, vendre ou échanger.

9. Maison à porte cochère à louer présentement, rue des Poitevins, près St. André des Arts, ayant court, remise, escurie à 4 chevaux, 3 estages par le devant de chacun 4 pièces de plain pied, et un petit corps de logis à 2 étages sur le derrière, le tout pour 900 livr. Adresse chez M. le Président de Mesgrigny, dans la mesme rue[300].

[300] Cet hôtel de Mesgrigny existe encore au bout de la rue des Poitevins, près du retour en équerre qu’elle fait pour gagner la rue Serpente. Il fut occupé longtemps par le libraire Panckoucke, qui en avoit fait un véritable musée archéologique, décrit, ainsi que l’hôtel, dans sa brochure : Collection d’antiquités égyptiennes, grecques, romaines, etc., etc., 1841, in-8o. — Germain Brice, dans l’édit. de 1684, in-12, de sa Description de Paris, t. II, p. 128, a dit quelques mots de l’hôtel Mesgrigny, que le président, auquel il doit son nom, habitoit encore à cette époque : « Il est bâti avec beaucoup de régularité, et, quoique les appartements n’en soient pas fort spacieux, ils ne laissent pas d’être commodes. »

10. Petite maison à louer presentement 60 escus, ayant cuisine sous terre, cave, chambre et anti-chambre à cheminée de plain-pied, 3 ou 4 cabinets, et une grande terrasse. Adr. et rue comme au précédent.

11. La maison blanche proche la maison rouge[301] à louer présentement à Chaliot, ayant 2 grands corps de logis, quantité de grandes chambres, jardin et court, où il y a savonnerie, et des caves dans les carrières[302]. Adr. chez M. La Mouche, rue de Betisi, à la ville d’Arras.

[301] Guinguette fort à la mode au XVIIe siècle, comme on le voit dans Les Pièces comiques, 1671, pet. in-12, p. 210, 229. Les grandes dames y alloient encore en parties fines du temps de Voltaire. Longchamp, son valet de chambre, nous a dit dans ses Mémoires, t. II, p. 126, tout le débraillé d’un souper qu’y firent Mmes du Chatelet, du Deffand, de Mailly, de Gouvernet et de La Popelinière.

[302] Ce sont les carrières, situées sous l’ancienne butte des Bonshommes, dont on a tant parlé lorsqu’on a dû construire, pour l’exposition dernière, le palais du Trocadéro.

26. Grand Hostel à louer pour Pasques, ayant 2 corps de logis, grande court, basse court, qui sont dans la rue des Maquignons[303], 5 ou 6 remises, 2 escuries pour 30 chevaux, le tout pour 2,700 l. Adr. chez M. le Procureur général de la Chambre des Comptes, rue de Richelieu.

[303] Elle étoit alors nouvelle, comme le marché aux chevaux, auquel elle conduisoit et qui avoit été transporté là quand la Butte Saint-Roch avoit commencé d’être aplanie. On l’appeloit plus communément rue Maquignonne. Au commencement de ce siècle, elle prit le nom de rue de l’Essai. C’est en effet sur tout son parcours, depuis la rue de Poliveau jusqu’au marché, que l’on « essaie » les chevaux à vendre.

27. Grand Hostel à louer ou à vendre présentement propre pour un grand Seigneur, ou pour un grand Bureau ou un grand Magasin ; il y a basse court et des escuries pour 50 chevaux. Adr. audit lieu r. Betisi, proche la rue S. Germain[304].

[304] Lisez : rue des Fossés-St-Germain-l’Auxerrois, qui en étoit le prolongement.

33. Maison à porte cochère à louer ou à vendre presentement, r. du Brac[305], attenant à l’Eglise de la Mercy, ayant escurie, remises et autres appartenances. Adr. chez M. le marquis d’Espinay[306], rue de Richelieu.

[305] Son vrai nom est rue de Braque. Elle le doit à Arnoul de Braque, qui, en 1348, avoit fait bâtir, à l’angle qu’elle forme avec la rue du Chaume, une chapelle devenue plus tard chapelle de la Mercy, reconstruite au XVIIe siècle, démolie à moitié pendant la Révolution, puis enfin remplacée depuis peu par une maison bourgeoise, après avoir été longtemps un magasin de charbons.

[306] François d’Espinay, marquis de Saint-Luc, petit-fils du commandant de Paris sous Richelieu. Il mourut en 1694.

34. Grande maison à louer pour Pasques, rue Neufve Montmartre[307]. Deux corps de logis, un grand et un petit, chacun à trois estages, offices, caves, trois remises, deux escuries pour quinze chevaux, une court à tourner un carrosse à six chevaux, et un grand jardin au bout, le tout de 1,000 livr. Adr. à madame Balduc Orphevresse, rue Bourg Labbé, à la ville de Sedan.

[307] On appeloit ainsi la partie de la rue Montmartre qui, depuis la rue Neuve-Saint-Eustache, à l’extrémité de laquelle la porte Montmartre avoit longtemps existé, s’étendoit jusqu’au rempart.

78. Grande maison à louer presentement, ayant 2 corps de logis separez avec leurs courts de mesme, l’un à porte cochère pour 1,000 l. et l’autre à petite porte pour 550 l. dans le cul de sac de la r. S. Denis, proche la r. aux Ours[308]. Adr. à mad. Ferrand aud. lieu.

[308] C’est l’Impasse des Peintres, séparée par quatre ou cinq maisons seulement du point de jonction de la rue aux Ours et de la rue Saint-Denis.

43. Une chambre à louer presentement, r. S. Honoré, dans la court du Charroy[309], propre pour un homme et son valet, qu’on pourra aussi prendre en pension au mesme estage. Adr. à mad. de S. Robert, r. S. Honoré, chez M. Du Pont, proche les Jacobins.

[309] Nous ignorons où se trouvoit cette cour, qui sans nul doute — son nom l’indique — servoit à remiser « le charroi » des équipages. Peut-être, comme la suite le feroit croire, se trouvoit-elle rue Saint-Honoré près des Jacobins.

86. Maison à louer présentement, r. Geoffroy Lasnier, louée 1,700 l. Adr. à M. de la Barre, dans l’Isle Nostre Dame, sur le Quay Daufin[310].

[310] C’est aujourd’hui le quai de Béthune, qu’on appela aussi quai des Balcons.

99. Grande maison à louer pour Noël, au Marais, r. neuve S. Claude, ayant 2 grandes courts, 3 remises, écuries à 12 chevaux, 3 étages chacun de 5 feux, de plein pied avec un appartement dégagé sur le derrière ; le tout fort propre pour 800 l. Adr. chez M. de La Tour, conseiller au Chastellet, rue des Mauvais Garçons près le cimetière S. Jean.

104. L’Hostel de la Bistrade[311] à louer pour Pasques, rue Pavée, près l’hostel de Bourgogne[312], pour 2,200 l. à 2 appartements aisez à séparer, escurie à 12 chevaux, 4 remises et un jardin. Adr. chez M. Bachelier rue Mauconseil.

[311] Il devoit son nom au conseiller du grand Conseil Jacques de la Bistrade, mort le 30 décembre 1650, et qui avoit possédé, d’après ce que dit Tallemant, t. II, p. 453, plusieurs maisons dans Paris.

[312] La rue Pavée-Saint-Sauveur, qui n’est plus aujourd’hui que la prolongation de celle du Petit-Lion, longeoit par derrière le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, dont l’entrée étoit rue Mauconseil.

1. Maison à vendre, près le Pont aux Biches[313], au bout de la rue de la Croix, tenant au Rempart[314], à l’image de S. Charles Borromée, où il y a 2 grands corps de logis devant et derrière, des courts au milieu et une place à costé. Adr. à M. Baudry, notaire, rue des Arcis, proche S. Jacques de la Boucherie.

[313] C’étoit un « ponceau » jeté sur l’égout découvert près d’une maison portant l’enseigne des Biches.

[314] Elle commençoit rue Phélipeaux et, arrivée à la rue du Vert-Bois, étoit continuée par celle du Pont-aux-Biches qui, elle-même, alloit aboutir au rempart situé alors un peu plus haut que la rue de Nazareth. Dans un titre des Archives hospitalières, Hôtel-Dieu, t. I, p. 95, il est parlé, à la date de 1627, du « rempart près le Pont-aux-Biches ». Un moulin à vent s’y trouvoit (Registres de l’Hôtel-de-Ville pendant la Fronde, t. I, p. 316).

15. Une belle maison à vendre à Ruël pour 25,000 l. ayant 2 corps de logis, grande escurie, grand jardin, un beau jet d’eau, terres labourables, prez et vignes. Adr. chez M. Bonnelle, rue Plastrière.

17. Une grande maison à vendre à trois corps de logis, deux boutiques, quatorze à quinze feux, quatre escuries pour trente chevaux, deux jardins, trois caves, et une carrière[315], pour 20,000 livres, rue Mouftar au faubourg S. Marcel, près S. Medard[316]. Adr. à mademoiselle Privat, au mesme logis.

[315] On voit que les Catacombes, où l’on ne devoit déposer qu’un siècle après les ossements provenant du cimetière des Innocents, faisoient alors partie des propriétés sous lesquelles elles se trouvoient.

[316] Les maisons de ce quartier se louoient relativement à un aussi bas prix qu’elles se vendoient. On en jugera par cette annonce du Journal de la Ville de Paris de François Colletet : « Du mercredy 26 août 1676. On sçait une fort jolie maison à louer que l’on peut appeler un petit bijou, du prix de quatre cents livres, fort commode pour deux ménages. Elle est située dans la Ville, proche le Fauxbourg Saint-Victor : elle consiste en sale, cuisine, court, cave, et deux beaux estages à plat fonds, carrelez, cabinets, cheminées enjolivées, lieu pour alcôves, et autres commoditez nécessaires. »

19. Une maison neufve r. du Colombier[317], de 1,200 l. de loyer bastie de pierres de taille, sur rue, et décretée[318] sur celuy qui la voudra pour 29 l. ou bien le vendeur se chargera de payer les lots et ventes[319], en luy donnant pour le tout 30,000 l.

[317] C’étoit l’ancien Chemin aux Clercs. Elle alloit de la rue de Seine à la rue des Petits-Augustins, aujourd’hui Bonaparte. On n’avoit commencé d’y bâtir qu’en 1640, ce qui explique que la maison à vendre ici fût neuve. V. p. 312.

[318] Vendue par justice.

[319] Il faut lire « lods et ventes ». Le lod étoit le droit payé au seigneur pour qu’il approuvât l’aliénation d’un bien dépendant de son domaine. Le seigneur ici étoit l’abbé de Saint-Germain-des-Prés.

20. LXXVI arpents et demy de terre à vendre à 100 escus l’arpent, au village d’Ognes à 10 lieues de Paris, à 3 de Dampmartin[320], sans aucun bastiment ; les dites terres louées 918 l. à raison de 12 l. l’arpent. Adr. au Bur.

[320] Ce n’est pas Ognes, mais Longnes qu’il faut lire. Il y a en effet un village de ce nom dans le département de Seine-et-Oise, canton de Houdan, entre Bréval et Dammartin. Le pays est bon : il ne faut donc pas s’étonner d’y voir l’arpent au prix de 100 écus. Dans le Nivernais, à la même époque, d’après des titres que Monteil eut en main, il ne valoit que 100 livres. (Hist. des François des divers états, 1re édit., t. VIII, p. 516.)

21. Maison à porte cochere à vendre au Bourg-la-Reine, à 2 lieues de Paris : ayant grange, écurie, volière à pigeons, jardin, 4 arpens et demy de sain foin, un arpent et demy de vignes et 7 de terres labourables, affermées 4,000 l. Adr. au dit lieu, à l’Image S. Jean, à la veuve de Fourcy, ou à Barbier, ou dans la r. de Gèvre, à M. Trie, au Jésus.

28. Deux charges de commissaire des guerres avec 2 conduites[321] à vendre ou à changer pour des rentes, maisons, ou autres objets. Adr. à M. De Henaut, notaire rue S. Antoine au coin de S. Paul.

[321] C’est-à-dire « directions, intendances ».

29. Deux maisons au quartier S. Benoist sur le devant, et une grande sur le derrière, ayant 30 feux[322], écuries à 10 chevaux, remises, deux courts, jardin, veüe en plain air[323], cheminées fort propres en sculptures et dorures, à vendre, avec toutes les facilitez pour le payement, ou à changer contre rentes constituées. Adr. au bur.

[322] Chambres à feu.

[323] Les maisons bâties dans les quartiers Saint-Germain et Saint-Benoît avoient ainsi et ont même encore de grands espaces, comme on en peut juger par les terrains de l’ancienne rue Taranne, que les démolitions récentes ont mis à découvert pour le percement du boulevard Saint-Germain. Le jardin de Morin, l’un des plus grands « floristes » du XVIIe siècle, occupoit, par exemple, un de ces terrains derrière la Charité. (Sauval, t. III, p. 4.)

31. Maison à porte cochere à vendre pour 20,000 l. à l’entrée de la rue des Tournelles, vis à vis la Bastille, ayant 12 feux, court, boutique et écurie, louée 800 l. Adr. au Suisse de l’hostel de Lesdiguières, rue de la Cerisaye[324].

[324] V. sur cet hôtel, t. I, p. 278.

36. Maison à vendre rue des Petits Augustins, louée 900 l. toute decrétée sur le vendeur[325], qui payera les lots et ventes[326] et donnera le tout pour 24,000 l. Adr. au Bureau.

[325] C’est-à-dire qui sera vendue sans frais pour l’acheteur, « contrat en main », suivant l’expression d’aujourd’hui qui correspondoit, du reste, à celle qu’on lira plus loin et que nous trouvons aussi chez Fr. Colletet, Journal de la ville de Paris, sous la date du 29 août 1676 : « … on donnera toutes les assurances que l’on peut demander, et le décret dans la main de l’acquéreur. »

[326] V. une des notes précédentes, p. 309.

79. Maison à vendre en la vallée de Montmorency, ayant court, basse-court, jardin, colombier, foulerie[327], 10 arpens d’enclos, espaliers, grands fruitiers, 30 arpens de terres tant labourables, que prez, bois, vignes et cerisaye[328] : on en vendra pour 1,200 l. et audessus, selon ce qu’on en voudra prendre. Adr. au bureau.

[327] L’endroit où l’on fouloit les raisins, « le pressoir ».

[328] Verger aux cerises. La rue de ce nom, citée tout à l’heure, s’appelle ainsi parce qu’elle occupe l’emplacement du jardin de l’hôtel Saint-Pol, où se cultivoient les cerisiers.

80. Maison neuve à vendre rue Jacob[329], bastie de pierres de taille sur rue, bien peinte, l’escalier propre à rampe de fer, grande écurie, court à tourner carrosse et louée 1,660 l. On la vendra le décret à la main et quitte de lots et ventes pour 44,000 l. Adr. au bureau.

[329] Elle faisoit suite à la rue du Colombier, et, comme elle, n’avoit encore que des maisons neuves.

81. Terres propres à bastir entre les rues de Clery et Bourbon, et la porte St. Denis, jusques à 2,000 toises ou environ à vendre en tout, ou en partie, à prix raisonnable, soit argent comptant, soit partie argent, partie rente[330]. Adr. à M. Baudrant substitut, r. du Coq, qui en donnera le plant et mémoires nécessaires.

[330] Cette place vague est visible sur les plans du XVIIe siècle antérieurs à 1680, et notamment sur celui de Gomboust. Elle fut vendue par parties six ans après ce qui en est dit ici. Nous trouvons en effet, dans un arrêt du Conseil d’État de 1681, rendu contre Drouet, « chargé de recouvrer les deniers provenant de la vente des places, maisons, etc., dépendantes des fortifications de Paris », mention d’un acte du 30 avril 1676, pour la vente « de terrains entre la rue de Cléry et de Bourbon, derrière le mur du jardin des Filles Dieu » ; et d’un autre, du 7 juillet suivant, pour une place vendue « entre le fossé de la ville et la rue de Cléry, derrière les Filles Dieu ». — C’est sur cet espace qu’un farceur du temps de Molière, Gilles le Niais, dressoit ses tréteaux. Une boucherie de la rue Bourbon-Villeneuve porta longtemps son nom. (Parfaict, Hist. du Théâtre françois, t. VIII, p. 324.)

88. Une terre à vendre en Normandie, près de l’Aigle, appelée Aube[331], où il y a de beaux fiefs, seigneur et patron de la paroisse, affermée, le domaine, 3,000 l. et la forge à fer 1,500 l., le tout en bon estat, hormis le logis seigneurial qui va en ruine. Adr. à M. Menu, procureur au Chastelet au coin de l’hostel de Bourgogne[332].

[331] Ne seroit-ce pas à cette terre, en Normandie, que le neveu de Fontenelle, M. d’Aube, ce Normand aux infatigables contradictions, si bien mis en scène par Rulhière dans son poème des Disputes, auroit dû son nom ?

[332] Laigle étant, comme on sait, la ville de la ferronnerie et de la quincaillerie, nous ne sommes pas surpris de trouver une « forge à fer » dans une terre qui en est voisine.

94. Maison à vendre à S. Maur, ayant un grand corps de logis à 3 estages, grande court à porte cochère, jardin derriere le logis, grande guerite sur la montée[333], pour 5,000 l. Adr. chez M. Pres de Segle, marchand drapier r. du Petit-Pont à l’Estoille d’or.

[333] C’est-à-dire une grande cage d’escalier, bien dégagée et bien couverte. C’étoit un des points importants des constructions de ce temps-là. V. L’Architecture de Savot, au chap. IX : Des mesures du bâtiment.

95. Maison à vendre à S. Denis devant la grande Eglise, vis à vis la croix de la grande place, ayant par derrière 2 corps de logis et 2 courts, dont l’une à porte cochère sur une rue. Adr. comme au précédent.

96. Autre maison à S. Denis, ayant porte cochere, petite court et écurie à vendre avec la precedente pour 7,000 l. Adr. comme au précédent.

98. Une belle ferme à vendre à 3 lieues de Paris, au village de la Selle[334], pour 36,000 l. Adr. à M. Chastellier, chez M. Gitar, rue de Sêve, à la première maison du costé des Premontrés[335], à la 2 chambre[336].

[334] La Selle-Saint-Cloud.

[335] Les Prémontrés réformés, dont l’église et le couvent n’étoient pas alors bâtis depuis plus de six ans. Le voisinage de la Croix-Rouge, à l’entrée de la rue de Sèvres, les faisoit appeler souvent Prémontrés de la Croix-Rouge.

[336] « A la deuxième chambre », c’est-à-dire au second étage. Scarron, lorsqu’il logeoit rue de la Tixeranderie, donnoit ainsi son adresse :

… Je me nomme Scarron,
Et loge en la deuxième chambre,
Tout vis à vis l’hôpital Saint-Gervais.

Meubles meublans à vendre.

13. Un lit de drap du Sceau[337] gris de 4 à 5 pieds, doublé de taffetas de la Chine à franges mêlées à vendre, avec le bois, tout garny, la courte pointe de taffetas, 6 chaises, 6 ployants, et 2 fauteuils[338] garnis de crain avec les housses, et le tapis de mesme drap et frange. Adr. à M. Henaut de la Monnoye chez M. Barreau.

[337] Lisez « d’Usseau ». C’étoit un drap commun, dont on faisoit les habits des laquais. V. Regnard, Le Joueur, acte I, sc. 1, et Satires de Furetière, p. 8.

[338] L’étiquette étoit d’avoir, comme on le voit ici, un fauteuil pour six chaises ou pour six pliants. Nous lisons, par exemple, dans le Journal de Colletet, à la date du 6 octobre 1676 : « On sçait une Bourgeoise qui a une demy douzaine de Chaises de roses et un fauteuil à vendre des plus belles et des mieux nuancées qu’il y ait à Paris, et qui sortent de dessous l’éguille. Item, six autres de point d’Angleterre avec le fauteuil. » Plus loin, le 19 octobre, il dit encore : « On nous demande demy douzaine de bois de chaises neuves, tournées à la mode, avec le fauteuil. »

45. Tapisserie de Flandres de 25 à 26 aunes de tour sur 3 aunes de haut, ayant quelques animaux parmy la verdure[339]. Adr. au Bureau, ou on en fera voir quelques pièces.

[339] V. plus haut, sur les tapisseries à verdure, t. I, p. 283.

84. Plusieurs feuilles de paravent à vendre. Adr. au bureau.

89. Un carreau, avec le sac[340] de velours rouge cramoisi[341], avec trois rangs de grand gallon or et argent, tout neufs qui ont cousté 700 l. et qu’on donnera pour moins de 400 l. Adr. à M. Menu, procureur au Chastelet au coin de l’hostel de Bourgogne.

[340] C’est-à-dire la couverture.

[341] Comme les femmes portoient avec elles ces sortes de coussins dans les églises pour s’agenouiller, elles les habilloient richement ainsi de velours de couleur et de galons d’or.

93. Une tenture de haute-lice[342], representant les travaux d’Ulisse, presque neuve, de 19 à 20 aunes de tour, sur 3 aunes de haut, pour 3,000 l. Adr. chez M. Predeseigle, marchand drapier, r. du Petit-Pont à l’Estoille d’or.

[342] V., sur les tapisseries de haute lisse, t. I, p. 283.

60. Douze chaises de moquette[343] larges, bien garnies de crain, et les bois à colonnes torses, avec le tapis et le lit de repos[344] tout complet, le tout à vendre 10 pistolles au dernier mot. Adr. au bureau.

[343] C’étoit alors déjà l’étoffe à la mode pour couvrir les chaises, et, selon Richelet, « les formes » ou tabourets. Il est parlé, dans le Ballet des Romans, p. 14, d’une « forme de moquette ». On en faisoit aussi des tapis. V. Tallemant, 1re édit., t. III, p. 69.

[344] « Sorte de petit lit pour reposer après le dîner. » Richelet.

69. Un lit de damas rouge cramoisi à crespine mêlée de cinq pieds et demy de large, avec 12 ou 14 sièges. Adr. au bureau.

102. Un lit de point d’Angleterre ondé de laine et de soye du prix de 900 l. Adr. à M. Curaud, au cloistre St. Médéric à l’hostel de Roanez[345].

[345] Il étoit habité alors par Artus de Gouffier, duc de Roannez, ami de Pascal, qui logea longtemps chez lui et faillit y être poignardé par la concierge de l’hôtel, furieuse de ce qu’il vouloit persuader à mademoiselle de Roannez, sœur du duc, de ne pas se marier et de se retirer dans un couvent. V. les Manuscrits de Marguerite Périer. — C’est le duc de Roannez qui conçut avec Pascal l’idée des carrosses à cinq sous, sorte d’omnibus du XVIIe siècle.

Choses Diverses.

3. Un cachet sur un grand rubis du Temple[346], dont le manche est un chien qui a le devant et derrière d’or émaillé, et le corps d’une grande perle orientale à vendre 20 louis d’or au dernier mot, ou à échanger contre quelque lit de campagne ou un cabinet de mesme prix[347]. Adr. au bureau où l’on le fera voir.

[346] Sur ces fausses pierreries dites « diamants du Temple », voy. t. I, p. 248.

[347] V. sur ce genre de meubles, t. I, p. 286.

5. Un orgue à 4 jeux ; sçavoir un bourdon de 4 pieds, son octave ou flute, un flageollet et une voix humaine de la fabrique de M. Le Prescheur[348]. Adr. à M. Denis ingenieur du Roy au mont St. Hilaire, près l’Eglise au Chef S. Denis.

[348] Ce facteur d’orgues, M. Le Prescheur, que nous n’avons pas vu nommé ailleurs, avoit peut-être appartenu à la fabrique d’orgues de la rue des Ménétriers, indiquée plus haut, t. I, p. 216. V., sur Créteil, dont c’étoit aussi l’industrie, Id. p. 209. — Colletet, dans son Journal, annonce aussi deux orgues à vendre, l’un le 22 août 1676, l’autre, avec plus de détails, le 9 sept, suivant : « On sçait un fort beau Cabinet d’Orgues bien entier et bien conditionné à huit jeux… qui peut estre fort propre pour un monastère de Religieux ou Religieuses, petite paroisse de Paris, ou centre considérable à la campagne, Communauté ou Collège. On le donnera pour cinquante louis, quoiqu’il ait effectivement cousté plus de cent pistoles. »

6. Une basse de viole d’Angleterre[349], enrichie de filets d’ébène, un dessus de viole, et un thuorbe de Bologne à filet et chevilles d’yvoire à vendre. Adr. à M. d’Angebert[350]. R. St Honoré, proche des bastons Royaux[351], chez mad. Ranquet.

[349] V. sur la basse de viole et ceux qui l’enseignoient, t. I, p. 210.

[350] Il faut lire, je crois, Denglebert, dont il a été parlé, t. I, p. 206, comme étant des plus célèbres sur le clavecin.

[351] Cabaret voisin de Saint-Roch. V. notre Histoire de la Butte des Moulins, p. 52.

7. De très beaux chevaux de Flandres à vendre en gros et en détail. Adr. à mad. Bareilles. R. saint Honoré, près le Palais Royal, aux Armes de Condé, proche un tapissier, à la première chambre[352].

[352] Au premier étage. V. plus haut p. 314.

8. De grosses boucles d’oreille de diamants du Temple[353] très beaux, à vendre pour 10 escus. Adr. au Bureau, où l’on les fera voir.

[353] V. ci-dessus la note 2 de la p. précédente.

14. Un corps de chaise roullante à 2 fonds pour 4 personnes, garnie de serge grise neuve à 2 envers, avec les 2 coussins ; il y a dedans 2 coffres, ferrez et garnis de leurs serrures, le tout à vendre pour 100 l. Adr. à M. Hennoyer, sellier de Mademoiselle, proche les Quinze Vingts[354].

[354] La grande Mademoiselle, fille de Gaston d’Orléans, ayant longtemps habité les Tuileries, avoit, comme on le voit, gardé ses fournisseurs dans les environs.

16. On vend de fort bon vin de Tonnerre pour des nopces à 6, 8 et 10 s. la pinte dans la r. S. Martin, près la r. aux Ours, chez un faiseur de Luth[355].

[355] On a vu plus haut, t. I, p. 315, que chacun pouvoit faire débit de son vin. C’est ce qui s’appeloit « vendre à pot ». Fr. Colletet, dans son Journal, à la date du 5 août 1676, nous dit à ce sujet ce que coûtoit alors le vin de Champagne : « Un Bourgeois de Paris vend en détail d’excellent vin de Reims en Champagne, et le donne à 12 s. la bouteille ; il en a aussi à 10 et à 8 s. la pinte. Le dit vin est de son propre crû, et l’on enseignera au Bureau sa demeure. »

18. Les Conciles d’impression du Louvre en 37 volumes[356], bien reliez, à vendre. Adr. au Bureau, où l’on en pourra faire venir quelque volume à voir si on le souhaite.

[356] C’est l’édition de 1644, due en effet à l’imprimerie du Louvre, alors à ses commencements. Elle fut réimprimée, en 1715, avec des additions et une table excellente, par les soins du P. Hardouin.

25. Le sieur Hermier, par privilège vérifié et exclusif à tous autres, continue à faire les planches façon de marbre et des tables de mesme, dont il fera voir tous les dessins qu’il a executez depuis 1643. Il loge r. S. Marc, entre les portes Richelieu et Montmartre[357], chez le sieur Petit Charpentier[358].

[357] La rue Saint-Marc, qui devoit son nom à l’une des seigneuries des Vivien, seigneurs de la Grange-Batelière, sur le terrain de laquelle on venoit alors de la bâtir, servoit en effet de trait d’union entre les portes Richelieu et Montmartre, bâties l’une et l’autre à cette hauteur dans les derniers temps de Louis XIII et démolies ensemble en 1701.

[358] Il est parlé de lui dans un mémoire contre Lulli : Requeste d’inscription de faux en forme de factum présenté au Châtelet, le 16 juillet 1676, par le sr Guichard, in-4o : « Le sieur Antoine Petit, charpentier, y est-il dit, travaillant aux ouvrages de charpenterie des maisons et de l’Opéra de J.-B. Lulli. »

35. La grande Bible polyglotte de Londres et le Lexicon, en 7 langues orientales, en 8 vol.[359] en blanc[360] à vendre pour 400 l. Adr. à mad. Balduc orfévresse, r. Bourlabbé à la ville de Sedan.

[359] C’est la Bible de l’évêque de Chester, Walton, publiée en 1657 à Londres, en 6 vol. in-fol., et que le Lexicon heptaglotton de Castell, qu’on y joignit en 1668, augmenta de deux volumes nouveaux.

[360] C’est-à-dire non reliés.

24. Un habit et manteau de moire noir, le caneçon de chamois, et les bas de soie à vendre pour 20 escus. Adr. chez la Dame de Clermont au coin de la rue des Consuls[361], chez un confiturier à la 3 chambre.

[361] La même que la rue des Juges-Consuls aujourd’hui, dans l’ancien cloître Saint-Merry.

41. Un Collier double de 206 perles baroques de belle eau à vendre, au dernier mot 15 écus. Adr. au Bureau où on les pourra voir.

48. Un autre collier de perles barroques assez grosses et de belle eau à vendre pour 360 l. Adr. au bureau où on les pourra voir.

82. Il est arrivé un marchand de vin de la ville de Condrieux, qui en vend à 16 s. la pinte dans la rue de la Tixéranderie, proche S. Jean en Grêve.

83. Deux chevaux de Carrosse, avec le carrosse à vendre ensemble ou séparément. Adr. au Bur.

50. On continue à débiter au bureau des Chapeaux de la manufacture de l’Hopital Général[362], fort bons et esprouvez contre la pluye, et à très-grand marché, à 30 sols tout garnis.

[362] Des fabriques et manufactures avoient été établies, afin de créer, par les bénéfices qu’elles pourroient faire, des ressources pour l’Hôpital général. Nous verrons tout à l’heure que la fabrique, déjà ancienne, des tapis de la Savonnerie ne travailloit plus elle-même que pour contribuer à cette œuvre charitable.

51. Un homme de Province, qui croit avoir démêlé les obscuritez de la Cassandre de Licophron, mais qui ne se fie pas assez à son jugement, pour hazarder d’en donner son travail au public, sans en avoir l’avis des sçavants de Paris, prie tous ceux qui auront quelques belles conjectures sur cet autheur, d’avoir la bonté de les donner au Bureau, et s’ils y veulent bien adjouster leur nom, il ne manquera pas, en publiant l’ouvrage, d’y marquer la reconnoissance qu’il leur devra de ce secours[363].

[363] Cet appel singulier n’étonne pas, quand on sait ce qu’il y a d’énigmatique dans ce poëme de Cassandre la prophétesse, qui fit donner à Lycophron, sorte de Nostradamus antique, le nom de « poëte ténébreux ». Nous ignorons si la traduction, pour laquelle notre provincial réclamoit les lumières de l’érudition parisienne, a jamais paru.

52. Le Philosophe inconnu, arrivé depuis peu, fait toujours débiter l’eau catholique de Paracelse, remede universel contre toutes les maladies, chez le sieur d’Aiguillon de la Ferté, à 6 liv. l’once, et aux pauvres gratis : Et on y instruit de son usage ceux qui en prennent, dont il dit aussi que 6 goutes prises dans ce qu’on voudra, est un préservatif cordial pour maintenir la santé. Il donne avis de plus, qu’il vend de l’eau[364] des dames vénitiennes pour embellir et entretenir le visage[365], à un écu l’once ; et qu’il donne gratis aux pauvres une excellente emplastre pour les dents. Il loge au Marais rue de Limoges, près la fontaine du Calvaire[366], à la première porte cochère à main droite.

[364] Ce seroit, dit-on, l’eau de melisse, qui se vendoit déjà dans les premiers temps de Louis XIII et dont les Carmes de la rue de Vaugirard finirent par accaparer le monopole. V. Le Vieux-neuf, 2e édition, p. 626.

[365] On trouve les recettes des Dames vénitiennes pour se « blondir les cheveux » et se rajeunir le visage dans un manuscrit des archives de Venise, Recitario della contessa Nani, dont MM. A. Baschet et Feuillet de Conches ont publié une traduction : Les femmes blondes de l’école vénitienne, pet. in-8o.

[366] Appelée aussi alors fontaine de l’Échaudé, et des Comédiens du Marais (V. p. 330). Elle se trouve au carrefour des rues de Limoges, de Poitou et Vieille-du-Temple, vis-à-vis d’un cabaret de cette dernière rue, qui porte encore son enseigne sur sa grille avec cette inscription Av Soleil d’Or. C’est là que fut maintes fois mystifié le petit Poinsinet. (Poésies satyriques du XVIIIe siècle, 1788, in-12, t. I, p. 99.)

53. Vingt cinq pièces de pierres de ruyne[367] très bien assorties et disposées pour faire un grand cabinet ou un grand tabernacle. Adr. au Bureau.

[367] « On donne ce nom à certaines pierres figurées, sur lesquelles on voit des représentations de vieilles ruines aussi naturelles que si elles étoient l’ouvrage du pinceau. » L’abbé Prévost, Manuel lexique, 1755, in-12, t. II, p. 380.

90. Deux chevaux gris avec la chaise roulante à vendre pour 500 l. Adr. chez M. Menu, procureur au Chastelet, au coin de l’hostel de Bourgogne.

57. L’artisan chrestien, ou la Vie du Bon Henry, maistre cordonnier à Paris, instituteur et fondateur des Communautez des frères Cordonniers et Tailleurs[368], se vend à Paris, chez G. Desprez dans la r. S. Jacques à l’Image S. Prosper.

[368] Son vrai nom étoit Henri-Michel Bunch. Simple garçon cordonnier, il avoit, en 1645, établi la communauté des Frères de son métier, à l’imitation de laquelle fut, peu après, créée celle des frères Tailleurs. V. plus haut, sur l’une et sur l’autre, p. 61 et 67.

62. Une montre à boîte d’argent, ovale, sonnerie et réveil, et tous les mouvements excellents à vendre pour 10 pistoles. Adr. au Bur. où on la fera voir.

85. Le sieur Bridaut maistre diamantaire[369] continue à vendre quantité de diamant, excellent à couper le verre, qui luy sont venus depuis peu à prix raisonnable. Adr. aud. sieur Bridaut dans la Monnoye.

[369] On appeloit ainsi l’ouvrier qui taille le diamant.

63. La grande carte généalogique royale de France de M. Thuret[370] se débite au cadran S. Honoré[371], chez une lingère à la 4. chambre, chez M. Roger imager, sur le quay de l’Horloge, et chez M. Jaquinet graveur r. S. Anthoine, vis à vis l’hostel de Sully.

[370] Nous ne connaissons pas cette carte généalogique d’Antoine Thurel et non Thuret, qui prenoit le titre d’ancien prieur de Notre-Dame-de-Homblières. Le plus ancien ouvrage que Guigard, Biblioth. héraldique, p. 153, cite de lui est la Table chronologique et généalogique des rois de France, 1687, gr. in-fol.

[371] Ce cadran se trouvoit rue Saint-Honoré, au-dessus de la porte du cloître. V. Segrais, Œuvres, t. II, p. 152.

72. Un collier de fort belles perles de belle eau et assez grosses, entrenettes, d’environ 1,500 l. Adr. chez M. Bidaux aux Galleries du Louvre.

75. Les pensées de M. Paschal sur la Religion et sur d’autres sujets, trouvées dans son Cabinet après sa mort, sont imprimées, et se vendent à Paris chez G. Després, r. S. Jacques, à l’Image S. Prosper[372].

[372] C’est la première édition des Pensées. L’annonce précédait la mise en vente. L’achevé d’imprimer n’est, en effet, que du 2 janvier, et déjà notre Liste des avis, datée du 1er, dit qu’elles ont paru.

91. Un beau cheval de selle gris pommelé à vendre. Adr. chez M. le Président Tubeuf, rue Vivien[373], derrière le Palais Royal.

[373] Le président Tubeuf, après avoir vendu à Mazarin, pour qu’il agrandît son palais, l’hôtel situé à l’angle des rues de Richelieu et des Petits-Champs, étoit allé habiter, rue Vivienne, celui devant lequel fut percée la rue Colbert.

92. Un carrosse vitré à 2 fonds de moyenne grandeur de velours rouge cramoisi à ramages à 3 glaces[374], et le train neuf à vendre. Adr. chez messieurs Tubeuf[375], r. Montmartre, vis à vis S. Joseph.

[374] « L’usage des glaces aux carrosses nous vient d’Italie. Bassompierre est le premier qui l’ait apporté en France. » Longueruana, t. I, p. 109.

[375] Ce sont les fils du président nommé tout à l’heure. Tallemant, t. VII, p. 313-314, parle de l’un d’eux, Charles, conseiller au Parlement, maître des requêtes.

97. On continue jusqu’à la feste de la Purification[376] à vendre les plus belles curiositez du Cabinet de M. Gosseneau[377], depuis 2 heures après midy jusqu’à 6 heures du soir, r. et proche la Monnoye.

[376] 2 février.

[377] Nous croyons qu’il faut lire Gosseau, comme dans la liste des curieux donnée par Spon en 1673. Il habitoit alors près des Carmélites, et peut-être, lorsqu’il vendit, comme on le voit ici, une partie de ses curiosités rue de la Monnoie, étoit-ce pour s’épargner l’ennui de les déménager.

59. On a perdu dès le mois d’octobre dernier une Eolipile, ou soufflet de cuivre rouge en forme de teste qui souffle[378]. Adr. à M. Audry, r. de la Ferronnerie à la Lampe.

[378] Il a déjà, dans une de nos notes, été question de l’eolypile. Nous n’y reviendrons que pour dire comment elle servoit à Descartes pour expliquer l’origine du vent : « Vous demandez, écrit l’abbé de Fleury (Nouveaux opuscules, p. 370), comment se fait le vent, et vous avez recours aux trésors de Dieu. Descartes dit : je vais vous en faire. Il prend une Eolipyle, qu’il remplit d’eau à demi, et la met devant le feu ; l’eau échauffée et raréfiée chasse l’air avec violence, qui souffle le feu. Voilà le vent. » Mussenbrok en possédoit plusieurs d’une grande curiosité dans son cabinet à Leyde : « Une éolipile, par le moyen de laquelle on change l’eau en air… Une éolipile attachée sur un petit charriot, et courant sur le pavé d’une rapidité extraordinaire, par la vapeur qui en sort, etc. » (Catal. des Instrum. de physique, etc., que l’on trouve chez Jean Van Musschenbroek, 1725, in-8o, de 12 p., p. 7.)

62. Celuy qui a le secret infaillible de guérir le miserere, demeure toujours chez M. Le Maire, Peintre du Roy[379], r. S. Thomas du Louvre devant l’hostel de Longueville.

[379] François Lemaire, reçu de l’Académie de peinture en 1657. Il mourut en 1688.

73. Un moulin à bled portatif et aisé à placer où l’on veut, pour moudre à la main, à une et à 2 manivelles à vendre. Adr. au bureau, où on le fera voir s’il est besoin.

100. On continue à vendre d’excellent vin de Beaune et de Volnay en gros et en détail, r. S. Louis au Marais, au coin de la r. S. Anastase.

101. Une personne de condition va faire vendre d’excellent vin de Volnay et de S. Aubin en gros et en détail dans la r. de Richelieu, joignant le logis de M. Le Roy : La Cave sera ouverte après les Roys.

103. Un carrosse à 2 fonds, doublé de damas et velours cramoisi, avec 2 glaces de Venise, le tout fort bon, et le train neuf à vendre à prix raisonnable. Adr. au sieur de Turny à l’échelle du Temple[380], où il faut demander Dupré, et y aller depuis 8 heures du matin jusqu’à 10 pour le trouver.

[380] Échelle patibulaire de la Justice du Temple, placée au coin de la rue des Vieilles-Haudriettes, qui lui dut un de ses anciens noms, et de la rue du Temple. Il en est parlé dans les registres du Châtelet de 1391, et, jusqu’à l’époque de la Fronde, elle resta intacte. Elle fut brûlée alors par quelques gentilshommes frondeurs. Il ne resta qu’un des montants. V. dans le La Fontaine de la Collect. Elzevirienne, t. III, p. 259, une note communiquée par nous.

105. Le Recueil de tous les Vers mis en chant jusqu’en 1670, en 6 vol.[381] faisant près de 2,000 chansons : se vend ensemble ou séparément chez C. Barbin et G. de Luines au Palais, et chez un Chandelier devant la Croix des Petits Champs[382] ; avec les livres d’airs gravez de M. Lambert[383], in-4o et in-8o, et un traité curieux de la méthode de chanter, le tout en gros ou en détail.

[381] C’est le Recueil des plus beaux vers qui ont été mis en chant, publié d’abord en trois parties par Charles Sercy, 1661, in-12, et repris par Barbin et De Luynes, qui l’augmentèrent de trois parties nouvelles en le continuant de 1661 jusqu’à 1670. Je ne crois pas qu’ainsi complété il se trouve dans aucune bibliothèque. Brunet, du moins, dernière édition, t. IV, col. 1167, n’en signale pas d’exemplaire.

[382] Ou Croix de Bon-Puits. Elle se trouvoit au carrefour des rues du Bouloy et des Petits-Champs, qui, à cause d’elle, s’appela plus tard et s’appelle encore rue Croix-des-Petits-Champs.

[383] V. sur lui, t. I, p. 205.

106. Un grand Théorbe de Gaspar[384], d’autres petits et 3 Luths, portraitz de Nanteuil[385] et autres grandes Thèses à bordure[386] à vendre ou troquer, et toutes sortes de livres à vignettes, reliez en maroquin pour la musique et le luth, à un écu la pièce. Adr. chez M. Quichardet, vis à vis la Croix des Petits Champs.

[384] Antérieur aux Amati, il travailla de 1560 à 1610. Il marquait ses instruments de cette étiquette : Gaspar da Salo in Brescia.

[385] Robert Nanteuil, si célèbre comme graveur de portraits, et qui étoit alors dans toute sa gloire.

[386] Ce sont ses thèses à frontispice et à bordures gravés, « toujours bonnes à garder pour l’image », comme dit la Toinette du Malade imaginaire.

115. Ceux qui voudront faire rentraire des vieilles tapisseries, et les faire remettre en couleur, ou en raccommoder les relais, n’auront qu’à s’adresser à M. Lourdet Tapissier du Roy à la Savonerie qui est une des maisons de l’Hopital général[387].

[387] V. une des notes précédentes, p. 320. Trois ans après, la Savonnerie était redevenue un établissement royal. Nous lisons, en effet, dans le Récolement des Archives de l’assistance publique par M. Brièle, 1877, in-8o, p. 157 : « Arrêt du Conseil du 22 août 1673, par lequel le Roi reprend la maison de la Savonnerie, dont il avoit fait don à l’Hôpital général, pour lequel cette maison étoit une trop lourde charge. »

118. Biblia Heintenij cum figuris[388], Biblia Benedicti[389] en grand papier, et la bible des 70 en grec, avec les diverses leçons[390] à vendre, ensemble et séparément. Adr. au Bureau.

[388] C’est la Bible, préparée par Jean Henten et publiée à Francfort, en 1566, in-fol., sous ce titre : Biblia ad vetustissima exemplaria nunc recens castigata. Les figures sont au nombre de 127, gravées sur bois.

[389] Voici le titre de la première édition : Biblia sacra latina, juxta Vulgatam, cura Jo. Benedicti, Parisiis, 1549, in-fol.

[390] Ce doit être celle dont voici le titre : Divinæ Scripturæ, nempe Veteris et Novi Testamenti omnia, græce, a viro doctissimo recognita et emendata, variisque lectionibus… aucta et illustrata. Francfort, 1597, in-fol.

120. Deux jeunes chevaux entiers de carrosse, bay brun, à vendre chez M. le Président Tubeuf, r. Vivien, derrière le Palais Royal[391].

[391] V. une des notes précédentes, p. 323.

Demandes.

8. On demande une terre relevant du Roy[392], depuis 10 jusqu’à 30 lieues de Paris, et depuis 100 jusqu’à 150,000 l. ou plus. Adr. au bureau.

[392] C’est-à-dire n’ayant que lui pour seigneur.

12. On demande une maison depuis 4 jusqu’à 8 lieues de Paris, sur le bord des rivières de Marne ou de Seine, en remontant depuis 4 jusqu’à 800 l. de revenu, bien bastie, où il y ait un jardin raisonnable, des bois, prez et terres. Adr. chez M. Guerin prestre de S. Louis, dans l’Isle Nostre Dame, rue Poultière[393].

[393] C’est le nom féminisé de la rue de l’Ile Saint-Louis, dont Le Poulletier, associé de Marie pour les constructions de ce quartier, avoit été le parrain.

22. On demande une terre à 8, 10, 12, ou 15 lieues de Paris, de 30 jusqu’à 40,000 l., où il y ait de l’eau. Adr. au bureau.

23. On demande un carrosse à 2 fonds de velours et vitré, du prix de 4 à 500 l. Adr. à M. de Sêve de Plateau, dans l’Isle Nostre Dame sur le Quay de Bourbon.

30. Si quelqu’un a un cheval gris pommelé entier, à vendre, d’une médiocre taille, ou si on en veut acheter un semblable pour appareiller[394] : on pourra s’adresser chez le sieur Pecou mareschal, rue de la Harpe, proche la rue du Foin.

[394] Dans l’avis publié par le Mercure de septembre 1717, p. 181, le nouveau directeur du Bureau d’adresse rappelle avec une certaine satisfaction que Louis XIII avoit ainsi « appareillé » un de ses équipages : « Ce prince, dit-il, après plusieurs recherches inutiles pour découvrir un cheval de poil Isabelle, qui pût assortir à un de ceux qui traînoient son petit carrosse, eut recours au Bureau d’adresse qui luy en indiqua un. C’est ce qui engagea Louis XIII à lire les listes du Bureau, et cette lecture a souvent mis en place des personnes qui n’étoient redevables de leurs emplois qu’à cet établissement. »

30. On demande une chocolatière d’argent[395] qui n’ait guières servy. On la payera tout ce que vaut le marc, et quelque chose de façon si elle n’est pas mal conditionnée. Adr. au Bureau.

[395] C’étoit un ustensile alors assez nouveau, l’usage du chocolat n’ayant guère commencé à Paris que vers 1658 ou 1660. V. Mém. d’Audiger, limonadier à Paris, nouv. édit., 1869, in-12, p. 367, et Correspond. administ. de Louis XIV, t. III, Introduction, p. LIII.

31. Si quelqu’un a les livres suivants imparfaits, et les veut vendre ; sçavoir le 1 tome d’Horace de M. de Marolles, le 3 tome des leçons de Canisius[396], H. Rosvitæ opera de Sanctis Germaniæ in-fol. Norimbergæ, 1601[397], Metam. Ovidii cum indice Pompeii Pasqualini, 1614, in-8o. Il peut s’adresser au libraire du Grand Conseil dans le Cloistre S. Germain.

[396] Il s’agit des Antiquæ lectiones de H. Canisius, 1601-1608, 7 vol. in-4o.

[397] Nous n’avons vu indiqué nulle part cet ouvrage de Hrosvita.

46. On demande 6 ou 8 feuilles de paravent simples et assez honnestes. Adr. au bureau.

87. On demande un lit de 4 pieds ou environ de largeur, du Camelot de Hollande, doublé de quelque petit satin bien propre, avec des sièges revenans. Adr. chez un bourrelier, qui est au milieu de la rue des Juifs.

66. On demande un fauteuil renversé à cremillière[398], qui soit fort bon et bien garny sans housse. Adr. au bureau.

[398] Lisez cremaillère. Richelet, du reste, admet l’orthographe que nous voyons ici : « chaise à cremilière, dit-il, ou chaise de commodité. » Le Théâtre-François possède encore, parmi ses accessoires, de ces vieux et énormes fauteuils dont le dossier se renverse ou se remonte à l’aide d’une crémaillère. Molière en possédoit un de ce genre. (Eud. Soulié, Recherches, p. 267.)

119. On demande une terre en titre de comté ou de marquisat, ou fort seigneuriale, de 40 à 50 mil écus, à 20 ou 30 lieues de Paris, du costé de Chartres ou le Vexin françois, dans le ressort du Parlement de Paris. Adr. chez M. Rautier épicier, r. Montmartre près la rue Tiquetonne.

Nota, qu’il ne faut point avoir d’égard au num. 69 de la pag. 8[399] parce que, par le moyen de la communication du Registre, cet article a esté expédié comme les autres defaillans, avant qu’on eust achevé d’imprimer.

[399] Ici cet article est à la p. 315.

Lieux où se trouveront tous les quinze jours les livres d’avis à quinze deniers la pièce.

Il y aura un escriteau pour les remarquer.

Rue de la Verrerie au coin de la rue de la Poterie, M. Bullot, chandelier.

Vieille rue du Temple, près la fontaine des petits Comédiens[400], M. Cagnard, chandelier.

[400] V. sur cette fontaine, p. 321. On appeloit Comédiens du Marais ceux dont le théâtre, où Corneille fit jouer la plupart de ses pièces, se trouvoit à peu près à l’endroit occupé aujourd’hui par le no 90 de la rue Vieille-du-Temple, derrière l’École centrale, établie, comme on sait, rue de Thorigny, dans l’ancien hôtel d’Aubert, traitant de la gabelle du Sel, auquel il avoit dû son nom d’Hôtel-Salé. V. Tallemant, édit. P. Paris, 391, et IX, 451.

Rue Grenier saint Lazare, près la rue Beaubourg, M. Macé chandelier.

Rue Montmartre, proche la rue du Mail, M. Cazimir chandelier.

Rue saint Honoré aux bastons Royaux[401], au Bureau des carrosses.

[401] V. plus haut.

Rue Taranne au fauxbourg saint Germain, au coin du carrefour saint Benoist, M. Rossy chandelier.

Rue S. Jacques vis à vis S. Yves, à la Toison d’or, M. Le Petit et Michallet libraires.

Sous la porte S. Marcel, M. de S. Denis marchand.

Isle Nostre Dame, au carrefour de la rue des deux ponts, M. Bichebois chandelier.

Rue saint Antoine, près la Place Royale, au Bureau des carrosses.

A la descente du Pont Marie, proche la Barrière, M. Pierre Paul limonadier[402].

[402] Un café existe encore au même endroit. C’est un des plus anciens, sinon le plus ancien de Paris.

Rue de la Vieille draperie, au milieu, à la Vision de Jacob, M. Horait chandelier.

Grande Sale du Palais vis à vis la grand’Chambre, M. de Ligny.

Au bout du pont S. Michel, rue de la Boucherie, M. Moet libraire à S. Alexis.

Au Bureau d’adresse, rue Thibault aux dez.

Dans tous ces bureaux on ne débitera jamais de listes vieilles, mais seulement ceux de la Quinzaine suivante. S’il s’en trouve ailleurs, on n’y doit point avoir d’égard.

Avec privilège et permission.

Chargement de la publicité...