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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 2/2

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PRÉCISIONS
CHRONOLOGIQUES ET HISTORIQUES DES TEMPS.

Ces précisions sont indifféremment et généralement nommées par les Astronomes Ères, Epoques ou points fixes des temps ; ce sont ou des dattes permanentes retenues par un consentement universel, pour déterminer le temps des grands évènements ou des nombres révolutaires[31] qui ne sont pas d’un moindre usage pour la Cronologie et pour l’Histoire.

[31] Ce mot n’est plus admis par la science.

A l’égard des dattes permanentes, on compte depuis le commencement du monde jusqu’à présent 5,641 années ; depuis le Déluge universel 3,185 ; depuis la naissance de Jésus-Christ 1692 ; depuis sa mort 1659 et depuis la réformation Grégorienne du Calendrier 110[32].

[32] La réformation grégorienne ou correction de l’intercalation julienne doit son nom au pape Grégoire XIII, qui la décréta en 1582, d’après les calculs de l’astronome italien Aloïsio Lilio.

Pour ce qui est des nombres révolutaires, ils méritent chacun une explication particulière ; le plus considérable est celuy qu’on appelle Nombre d’or, parce qu’il étoit autrefois marqué dans le Calendrier en lettre d’or. Sa première année, qui étoit en dernier lieu la précédente 1691, étoit marquée par 1. Celle-ci, qui fait sa deuxième, étoit marquée 2 et ses dattes seront ainsi continuées pendant dix-neuf années selon l’ordre naturel des nombres ; en sorte que 1710 aura 19 pour nombre d’or et que 1710 reviendra au premier nombre[33].

[33] L’explication de Lalande, p. 84, est plus claire : « Les Nombres d’or, dit-il, sont une suite de 19 nombres qui répondent à 19 ans, et indiquent successivement les années qui s’écoulent avant que la nouvelle lune revienne au 1er janvier. » Ce n’est qu’un retour au cycle de l’athénien Méton, que, sous Alexandre, Eudoxe avoit déjà réformé d’après les livres des prêtres d’Égypte. Champollion-Figeac, dans son Résumé complet de Chronologie, petit livre si curieux et aujourd’hui si peu commun, ne croit pas non plus à l’exactitude des calculs qui l’ont réglé, et par conséquent n’admet pas davantage la régularité du cycle chrétien qui en dérive : « Le nombre d’or se rapporte, dit-il p. 161, à une concordance supposée de l’année lunaire avec l’année solaire. Au moyen d’intercalations, on crut que 19 années de chaque espèce avoient également 6939 jours, et qu’ainsi les nouvelles lunes revenoient, pour chaque cycle de 19 ans, aux mêmes jours et aux mêmes heures. La réformation grégorienne corrigea les erreurs qui résultoient de cette fausse opinion. L’on y remédia autant qu’on le put, mais ce cycle est encore imparfait. »

Ce nombre révolutaire a été ainsi réglé pour déterminer précisément l’espace de temps qui se doit écouler avant que la Lune se trouve dans le point même où elle étoit à l’égard du Soleil lors de la première datte de ce nombre, ce qui ne se peut faire, suivant les plus exacts observateurs, qu’en dix-neuf années, à cause que l’année lunaire est plus courte que l’année solaire, je veux dire que le temps des douze lunes de l’année est moindre de onze jours que celuy du circuit annuel du Soleil.

Le cycle solaire est encore un nombre révolutaire qui est d’un grand usage dans le Calendrier ; il est nommé solaire parce qu’il règle la lettre Dominicale, c’est-à-dire celle qui désigne le Dimanche, que les Romains avaient consacré au Soleil.

La lettre dominicale est toujours une des sept premières lettres de l’alphabet, qu’on place dans le Calendrier suivant leur ordre naturel pour marquer les sept jours de la Semaine ; mais cet ordre, qui est observé à l’égard des jours, ne l’est pas au respect des années, dans la suite desquelles ces Lettres ne deviennent successivement dominicales que par un ordre contraire et rétrograde, si bien qu’il suffit de sçavoir qu’en 1691 la lettre G était Dominicale pour conclure que nous avions A en 1690 et que nous aurons F cette année 1692, en sorte même que la nécessité qu’il y a cette année bissextile de changer cette lettre à cause du jour ajouté, n’interrompra point cet ordre rétrograde, et par conséquent qu’après le 25 février la lettre Dominicale sera D[34].

[34] Pour réparer le trouble apporté dans l’ordre des Lettres dominicales par l’intercalation d’un jour à la fin de février, on a donné aux années de cette espèce deux lettres dominicales, l’une du 1er janvier à la fin de février, l’autre pour le reste de l’année.

Pour ne rien dire qui demande une espèce d’étude, je ne m’expliquerai pas sur les causes de cette rétrogradation, il suffit de dire ici que son ordre fait une si considérable variété dans la distribution de ses sept premières lettres, qu’elles ne se retrouvent dans le premier arrangement du sicle solaire qu’après 28 années, qui font le juste terme de sa révolution.

On marque l’Indiction romaine dans le Calendrier, parce qu’elle est de quelque utilité pour l’intelligence de l’histoire des derniers siècles. Elle ne sert que pour diviser la suite des années par quinze ; ainsi comme cette année est la quinzième de l’indiction, on recommencera à la compter l’année suivante par le premier ordre[35].

[35] L’Indiction, révolution de quinze années, dont la première, marquée I, est un des trois cycles de la période julienne. C’est une division par quinzaines de toute la série des années, depuis la première de l’ère chrétienne. Elle est encore en usage dans les bulles du Saint-Siège.

A l’égard de l’Épacte, il en sera parlé dans l’article suivant en expliquant les Lunaisons.

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