Le livre du chevalier de La Tour Landry pour l'enseignement de ses filles
PRÉFACE.
Le livre du chevalier de La Tour a joui d’une grande vogue au moyen âge. Souvent transcrit par les copistes, il obtint de bonne heure les honneurs de l’impression. Publié d’abord par le père de la typographie angloise, le célèbre Caxton, qui l’avoit traduit lui-même, il fut, neuf ans après, traduit et imprimé en Allemagne, où il est resté au nombre des livres populaires. Moins heureux en France, le livre du chevalier de La Tour n’y eut que deux éditions, de la première moitié du seizième siècle, connues seulement des rares amateurs assez heureux pour en rencontrer un exemplaire, assez riches pour le payer un prix exorbitant.
En publiant une nouvelle édition de ce livre, nous n’avons pas en vue son utilité pratique. Nous voulons seulement mettre dans les mains des hommes curieux des choses du passé un monument littéraire remarquable, un document précieux pour l’histoire des mœurs. Il est piquant et instructif, en se rappelant comme contraste les lettres de Fénelon sur ce sujet, de voir ce qu’étoit au xive siècle un livre sur l’éducation des filles.
I.
La famille du chevalier de La Tour Landry.
Mais, avant de parler de l’œuvre, il convient de parler de l’auteur, et de rassembler les dates et les faits, si petits et si épars qu’ils soient, qui se rapportent à sa biographie, à celle de ses ancêtres et de ses fils : car, si son nom existe encore, l’on verra que sa descendance directe s’est bientôt éteinte, circonstance qui, en nous fixant une limite rapprochée de lui, nous obligeoit par là même d’aller jusqu’à elle, pour ne rien laisser en dehors de notre sujet. Cette partie généalogique sera la première de cette préface ; nous aurons à parler ensuite de l’ouvrage lui-même, des manuscrits que l’on en connoît, et enfin des éditions et des traductions qui en ont été faites : ce seront les objets tout naturels et aussi nécessaires de trois autres divisions.
Pour la première, deux généalogies manuscrites, conservées aux Manuscrits de la Bibliothèque impériale[1], et qui nous ont été communiquées par M. Lacabane ; le frère Augustin du Paz, dans son Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, Paris, Nic. Buon, 1621, in-fo ; Jean le Laboureur, dans son Histoire généalogique de la maison des Budes, Paris, 1656, in-fo, à la suite de l’histoire du maréchal de Guébriant ; le Père Anselme ; Dom Lobineau et Dom Morice, dans les preuves de leurs deux Histoires de Bretagne, contiennent des renseignements précieux ; mais il ne suffiroit pas d’y renvoyer, il est nécessaire de les classer et de les rapprocher.
[1] Toutes deux portent en tête une mention de forme un peu différente, mais de laquelle il résulte qu’elles ont été copiées sur la notice manuscrite, dressée par feu messire René de Quatrebarbes, seigneur de la Rongère, et communiquée au mois de may 1692 par M. le marquis de la Rongère, son fils. Dans l’une, cette mention est de la main de d’Hozier, qui l’a signée, et qui a fait d’évidentes améliorations ; elle est paginée 129 à 156. Comme chacune de ces copies contient des renseignements particuliers, nous désignerons la copie du cabinet d’Hozier, comme étant la plus complète, par Généal. ms. 1 ; et l’autre, qui n’est pas copiée jusqu’au bout, par Généal. ms. 2. Quand nous citerons sans numéros, c’est que le fait se trouve dans les deux.
Et d’abord, le lieu de Latour-Landry, — siége de la famille, et qui, après avoir dû recevoir son nom de son château seigneurial et du nom d’un de ses membres, en est devenu à son tour l’appellation patronymique, — existe encore sous ce nom dans la partie de l’ancien Anjou, limitrophe du Poitou et de la Bretagne, qui forme maintenant le département de Maine-et-Loire. Il se trouve dans le canton de Chemillé, à 27 kil. de Beaupréau, entre Chollet, qui est à 20 kil. de Beaupréau, et Vezins, éloigné de 26 kil. du même endroit. Autrefois, le fief de Latour-Landry étoit « sis et s’étendant sur la paroisse de Saint-Julien de Concelles[2] », qui est à 15 kil. de Nantes, canton de Loroux, dans la partie bretonne du département de la Loire-Inférieure. Les restes du donjon des seigneurs subsistent encore maintenant, me dit-on, à Latour-Landry, notamment une grosse tour très ancienne, dont on fait, dans le pays, remonter la construction au xiie siècle, et je regrette de ne pouvoir en donner de description[3].
[2] Du Paz, 660.
[3] On voit encore aussi à Vezins les restes d’un hôpital fondé par un Latour Landry, et aujourd’hui en ruines.
Les généalogies manuscrites commencent par le Latour-Landry du roman du roi Ponthus, roman sur lequel nous aurons à revenir plus tard, et comme, se fondant sur Bourdigné, elles mettent en 495 la descente fabuleuse en Bretagne des Sarrazins, contre lesquels ce Latour imaginaire se distingua à côté du non moins imaginaire Ponthus, le généalogiste continue fort naïvement en disant que « la chronologie, qui souvent sert de preuve pour connoître le degré de filiation, fait juger que ce Landry peut avoir été le père de Landry de Latour ! vivant en 577, et maire du palais sous Chilpéric Ier. » La copie de d’Hozier ne va pas si loin ; elle se contente de le croire son grand père. Il n’est pas difficile maintenant de dire quelque chose de plus historique.
Ainsi, je croirois membre de la famille de Latour l’Etienne de La Tour, Stefanus de Turre, qui figure comme témoin dans une pièce de 1166[4], et dans une pièce de 1182[5], dans ce dernier cas avec le titre, concluant pour notre supposition, de sénéchal d’Anjou. En 1200, un Landry de La Tour, sire dudit lieu, de l’Isle de Bouin, de Bourmont, de la Cornouaille, etc., eut procès à raison du tiersage de Mortaigne, à cause de l’Isle de Bouin[6]. Vingt ans après, on trouve un personnage de ce nom, et déjà avec le prénom de Geoffroy ; au mois de mai 1220, le jour de la Trinité, un Geoffroy de La Tour est entendu à Nantes à propos du ban du sel, que se disputoient le duc de Bretagne et l’évêque de Nantes[7]. Trente ans après, un autre Landry de Latour échangea cette terre, déjà nommée, de l’Isle de Bouin, avec le sieur de Machecou, contre celle de Loroux-Bottereau[8] ; et, vers la fin de ce même siècle, nous retrouvons un autre Latour, encore avec le prénom de Geoffroy ; car « Geuffrey de la Tor, escuier », figure avec Olivier de Rogé, Bernabes, seigneur de Derval, Guillaume de Derval et autres, dans une convention passée entre le duc de Bretagne Jean II et les nobles, par laquelle il consent à changer le bail et garde-noble en rachat ; la pièce est datée de Nantes « le jour du samedi avant la feste Saint-Ylaire, en l’an de l’incarnation mil deus cent sessante et quinze (1276), o meis de janvier[9]. »
[4] Dom Lobineau, Preuves, in-fo, 1707, col. 271 ; et Dom Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire de Bretagne, in-fol., 1742, col. 657.
[5] Dom Lobineau, Preuves, col. 316 ; et Dom Morice, Preuves, I, col. 689.
[6] Généal. ms. 1.
[7] Dom Lobineau, Histoire, I, 215 ; Preuves, col. 377 ; et Dom Morice, Histoire, I. 1750, p. 150 ; et Preuves, I, col. 847.
[8] Généal. ms. 1.
[9] Dom Lobineau, Histoire, I, 272 ; Preuves, col. 426 ; — et Dom Morice, Histoire, I, p. 206 ; et Preuves, I, col. 1039.
C’est ici seulement que nous arrivons à une filiation reconnue ; les deux généalogies manuscrites donnant pour père à notre auteur un Geoffroy, il faut croire que c’est lui dont il s’agit dans une reconnoissance du nombre des chevaliers, écuyers et archers que les seigneurs de Bretagne doivent à l’ost du duc, faite par eux à Ploermel le jeudi après la mi-août 1294, où l’on trouve cet article parmi ceux compris sous le chef de la Baillie de Nantes : « Monseur Geuffroy de La Tour e Guillaume Botereau e Mathé de la Celle recongneurent qu’ils devoient un chevalier d’ost, c’est assavoir le tiers d’un chevalier, par la raison de leur fiez dou Lorous Botereau.[10] » Ce Geoffroy est donné comme seigneur de La Tour Landry, de Bourmont, de la Galonière, du Loroux-Bottereau, de la Cornouaille, et comme ayant été présent en 1302, « le jeudy après la Saint-Nicolas d’esté », au mariage de Jean de Savonnières. C’est à lui aussi que se doit rapporter ce fait, consigné dans Bourdigné[11], qu’en 1336, un Geoffroy de La Tour Landry étoit au nombre de ceux qui suivirent le comte d’Anjou dans sa guerre avec les Anglois et s’y conduisirent avec le plus de courage. Notre auteur parle deux fois de son père[12], mais malheureusement sans autrement le dénommer, et par conséquent sans apporter à l’assertion, très acceptable d’ailleurs, des généalogies, l’autorité irrécusable de son témoignage de fils. On a vu que je n’ai pas osé attribuer à ce Geoffroy la mention d’un Geoffroy en 1276. C’est par la considération que de 1276 à 1336 il y a soixante ans, et qu’en ajoutant les années nécessaires pour être partie dans un acte aussi important que celui de la première date, on auroit un âge de bien plus de 80 ans, acceptable en soi, mais dans lequel il est peu ordinaire de se distinguer par des exploits guerriers. Il faudroit, de plus, qu’il eût eu tout à fait dans sa vieillesse notre auteur, qui, comme on le verra, n’étoit pas le dernier de ses enfants, et n’est pas mort avant la fin du quatorzième siècle.
[10] Dom Lobineau. Hist., I, p. 282 ; Preuves, col. 438 ; — et Dom Morice, Preuves, col. 1112.
[11] Hystoire agrégative des annales et croniques d’Anjou, par Jehan de Bourdigné, 1529, in-fol., goth., f. cviij ro.
[12] Pages 27 et 227 de cette édition.
Je ne puis donner le nom de la femme du père de notre auteur ; mais je dois au moins faire ici un rapprochement. Dans son livre, il parle, à un endroit[13], de sa tante, Mme de Languillier, « dont le seigneur avoit bien mil vc livres de rente » ; puisqu’elle étoit sa tante, elle pouvoit être la sœur de sa mère, ce qui ne nous paroît pas donner son nom. Il faudroit pour cela que M. de Languillier fût son frère ; mais, à voir la façon dont notre chevalier loue la douceur de la femme et parle du mari comme étant « à merveille luxurieux », j’avoue avoir peine à croire qu’il eût cité cet exemple, si celui qu’il blâme eût été, non pas le beau-frère, c’est-à-dire un étranger, mais le propre frère de sa mère ; si, au contraire, celle-ci est la sœur de la femme si digne d’être un modèle d’affection et de bon sens, le choix est très naturel[14]. Mais, je le répète, cette conclusion, que je crois la plus probable, ne nous donne pas le nom de la mère de notre Geoffroy.
[14] J’ajouterai que ce nom de Languillier est encore un nom de ces provinces : car je trouve dans le Père Anselme, II, 453 A, au commencement du xvie siècle, il est vrai, mais je ne prends le nom qu’au point de vue topographique, un Guy de Sainte-Flaive, seigneur de Sainte-Flaive en Poitou et des baronies de Cigournay, Chatonay, le Puy-Billiard et Languillier.
En tout cas, celui-ci ne fut pas le seul enfant : car la généalogie manuscrite place comme second fils un Arquade de Rougé, en nous apprenant, de plus, qu’il épousa Anne de la Haye Passavant[15], fille de Briand de la Haye et de Mahaud de Rougé, sœur aînée de Jeanne de Rougé, et toutes deux filles de Bonnabes de Rougé. Ceci est pour nous très curieux ; car, — comme on verra que notre Geoffroy épousa cette Jeanne de Rougé, sœur cadette de Mahaud, — Anne de la Haye, fille de Mahaud de Rougé, sœur aînée de Jeanne, se trouvoit, en épousant Arquade, avoir sa tante pour belle-sœur. On pourroit en inférer aussi que, les deux belles-sœurs étant sans doute à la distance d’une génération, Arquade étoit beaucoup plus jeune que Geoffroy, son frère aîné.
[15] Elle portoit d’or, à deux fasces de gueules, à l’orle de merlettes, posées 4 en chef, 2 en fasce et 3 en pointe. — Généal. mss.
La mention la plus ancienne que nous trouvions de notre auteur nous est donnée par lui-même. Il raconte dans son livre la conduite des seigneurs qui se trouvoient avec le duc de Normandie, depuis le roi Jean, au siége d’Aguillon, petite ville d’Agenois, située au confluent du Lot et de la Garonne. Comme Froissart[16] a parlé longuement de ce siége, qui, commencé après Pâques de l’année 1346, cette année le 16 avril, fut levé au plus tard le 22 août[17], il en faut conclure que notre Geoffroy, qui en parle comme un témoin, étoit déjà en état de porter les armes. Nous sommes après cela long-temps sans le rencontrer. Au premier abord, on seroit disposé à le retrouver en 1356 dans le sire de La Tour que Froissart[18], et que le prince Noir dans sa lettre à l’évêque de Worcester sur la bataille de Poitiers[19], mettent au nombre des prisonniers faits par les Anglois ; mais comme Froissart, dans son énumération des seigneurs présents à la bataille, qu’il donne un peu avant[20], met un sire de La Tour parmi les nobles d’Auvergne, il est probable que c’est de celui-là qu’il s’agit[21], et non pas du nôtre, qu’il auroit certainement mis parmi les nobles de Poitou. Mais c’est bien lui qui figure le 13 juin 1363 dans « la monstre de M. Mauvinet, chevalier, et des gens de sa compagnie, sous le gouvernement Monsieur Amaury, comte de Craon, lieutenant du roy ès pays de Touraine, Anjou et Poitou. » On y trouve le nom : « Monsieur Gieffroy de La Tour », suivi de la mention relative à l’objet de la montre : « cheval brun ; ix escus[22] ».
[16] Ed. Buchon, t. I, liv. i, part. Ire, p. 212-63.
[17] Histoire du Languedoc de Dom Vic et de Dom Vaissette, livre xxxj, § 18 à 22 ; éd. in-fol., t. IV, p. 259-62 ; éd. in-8o, t. VII, p. 161-3.
[18] Froissart, éd. Buchon, liv. i, part. ij, chap. xlij, tome I, p. 351.
[19] Archæologia Britannica, in-4o, I, p. 213 ; et Buchon, I, 355, à la note. — Le prince de Galles le met parmi les bannerets ; et c’étoit aussi le titre du nôtre, ce qui rendroit l’erreur encore plus facile.
[20] Froissart, Ibid., ch. xl, p. 350.
[21] C’est de lui encore qu’il est question dans le grand poème de Bertrand Du Guesclin, par Cuveliers, comme étant l’un de ceux qui se joignent au duc de Berry (1372) pour aller faire le siége de Sainte-Sevère,
Plus loin on l’appelle
(Collect. des docum. inédits, Chronique de Du Guesclin, publiée par M. Charrière, II, p. 214 et 221, vers 19,604 et 19,788.) Il est encore nommé page 224, dans la variante mise en note.
[22] Dom Morice, Preuves, I, col. 1558.
C’est, comme on le verra, en 1371 et 1372 qu’il a composé son livre ; à cette époque, il étoit déjà marié depuis assez long-temps pour avoir des fils et des filles dont l’âge demandoit qu’il eût à écrire pour eux des livres d’éducation. L’époque de son mariage est inconnue ; mais on sait très bien le nom de sa femme. C’étoit[23] Jeanne de Rougé[24], dame de Cornouaille, fille puinée de Bonabes de Rougé, seigneur d’Erval[25], vicomte de la Guerche, conseiller et chambellan du roi[26], et de Jeanne de Maillé, dame de Clervaux, fille elle-même de Jean de Maillé, seigneur de Clervaux, et de Thomasse de Doué ; la sœur aînée de Jeanne, c’est-à-dire Mahaut de Rougé, eut, comme on l’a vu, une fille, nièce de Jeanne, qui épousa Arquade de La Tour Landry, beau-frère de celle-ci. Nous aurons encore quelques mentions à faire de Jeanne de Rougé, mais nous préférons les laisser à leur ordre chronologique.
[23] Son père avoit déjà voulu le marier, mais le mariage avoit manqué. Voy. les Enseignements, chap. 13, p. 28-9 de cette édition.
[24] Genéal. mss. ; Du Paz, p. 85 ; Le Laboureur, p. 80.
[25] Voy., sur la terre de Derval, Du Paz, p. 166.
[26] Le Laboureur, p. 80.
En 1378, Geoffroy envoya des hommes au siége de Cherbourg ; mais il n’y fut pas lui-même, car, dans l’acte du « prêt fait à des hommes d’armes de la compagnie du connétable, par deux lettres du roi du 8 et 13 octobre 1378, pour le fait du siége de Chierbour », on lit à la suite de l’article M. Raoul de Montfort : « Pour M. de La Tour, banneret, un autre chevalier bachelier et onze escuiers, receus en croissance dudit Montfort, à Valoignes, le 18 nov. ; à lui, dccxiv liv.[27] »
[27] Dom Morice, Preuves, II, col. 391.
Il est probable qu’en 1379, Jeanne de Rougé, femme de Geoffroy, a été gravement malade, car, le 20 octobre de cette année[28], elle fit son testament, institua ses deux exécutrices testamentaires Jeanne de Maillé, sa mère, et dame Huette de Rougé, sa sœur, dame de Roaille, et choisit sa sépulture dans l’église Notre-Dame-de-Meleray, au diocèse de Nantes, auprès de la sépulture de son père[29].
[28] Du Paz, 167, qui appelle Jeanne de l’Isle la mère de Jeanne de Rougé.
[29] Mort deux ans après, en 1377 (Du Paz, p. 656). Un autre Messire Bonnabet de Rougé est indiqué par Bouchet (Annales d’Aquitaine, quarte partie, folio xiv) comme tué à la bataille de Poitiers le 19 novembre 1356, et enterré chez les frères mineurs de Poitiers. Les armes de Rougé sont de gueules, à une croix pattée d’argent ; elles se trouvent dans l’armorial de Jean de Bonnier, dit Berry, héraut d’armes de Charles vij. (Fonds Colbert, no 9653.5.5.)
En 1380, il résulte de la pièce suivante que Geoffroy prit part à la guerre de Bretagne : « Nous, Jean de Bueil, certifions à tous par nostre serment que les personnes ci-dessous nommez ont servy le roy nostre dit seigneur en ses guerres du pays de Bretagne, en nostre compaignie et soubs le gouvernement de M. le connétable de France, par tout le mois de février passé… M. Geuffroy, sire de La Tour, banneret… Donné à Paris, le 30 avril, aprez Pasques 1380[30]. » Trois ans après, nous trouvons aussi le nom de Geoffroy dans « la monstre de Monsieur l’evesque d’Angiers, banneret, d’un autre chevalier banneret, huyt autres chevaliers bacheliers et de trente et cinq escuiers de sa compagnie, reçeus ou val de Carsell le ije jour de septembre, l’an 1383. » Elle commence : « Ledit Monsr l’evesque, banneret. Mess. Geuffroy de La Tour, banneret, etc.[31] »
[30] Dom Morice, Preuves, t. I, col. 244.
[31] Collection Decamps ; Mss. B. I. Cette mention nous a été donnée par M. Jérôme Pichon, qui, dans une note de son excellent Ménagier de Paris, avoit annoncé l’intention de publier une édition des Enseignements ; c’est à lui aussi que nous devons l’indication d’Augustin Du Paz, à qui nous aurions pu ne pas songer.
En 1383, la femme de Geoffroy de La Tour Landry vivoit encore : car, dans cette année même, son mari acquit avec elle le droit que Huet de Coesme, écuyer, avoit au moulin de Brifont ou de Brefoul, assis à Saint-Denis de Candé[32] ; mais elle mourut avant lui, car il épousa en secondes noces Marguerite des Roches[33], dame de la Mothe de Pendu, qui avoit épousé en premières noces, le 28 mars 1370, Jean de Clerembaut, chevalier[34] ; comme on verra que les enfants des premiers mariages de Geoffroy et de Marguerite des Roches se marièrent entre eux, il n’est pas sans probabilité de penser que ce mariage tardif eut pour raison le désir de mêler complétement les biens des deux familles, et qu’il précéda les mariages de leurs enfants, ce qui le reporteroit avant l’année 1389.
[32] Généal. ms.
[33] Généal. ms.
[34] Anselme, VII, 583 D. — Clerembaut portoit burelé d’argent et de sable, de dix pièces. Généal. mss.
En prenant cette date comme la dernière où nous trouvions Geoffroy, — et il est probable que les mariages de ses enfants avec ceux de sa seconde femme, qui sont postérieurs, se firent de son vivant, — il seroit toujours certain qu’il a vécu sous les règnes de Philippe vi de Valois, de Jean ij, de Charles v et de Charles vi ; mais je ne puis dire en quelle année il est mort, car je ne crois pas qu’il faille lui rapporter la mention du « Geoffroy de La Tour, esc., avec dix-neuf autres », cité[35] parmi les capitaines ayant assisté au siége de Parthenay, qui fut fini au mois d’août 1419. Outre la qualité d’écuyer, tandis que depuis longtemps Geoffroy est toujours qualifié de chevalier banneret, les dates seroient à elles seules une assez forte raison d’en douter ; en effet, les années comprises entre 1416 et 1346, première année où il soit question de Geoffroy, forment un total de 73 ans, et, comme au siége d’Aiguillon, en 1346, on ne peut pas lui supposer moins de vingt ans, il faudroit admettre qu’il se battoit encore à 93 ans, ce qui est à peu près inadmissible. Il faut croire que c’est un de ses fils. On n’en indique partout qu’un seul ; mais il est certain qu’il en a eu au moins deux, puisque, dans son livre, nous le verrons mentionner plusieurs fois ses fils. Pour terminer ce qui le concerne, j’ajouterai que la généalogie manuscrite le qualifie de seigneur de Bourmont, de Bremont et de Clervaux en Bas-Poitou, et que Le Laboureur[36] le qualifie de baron de La Tour Landry, de seigneur de Bourmont, Clermont et Frigné, et de fondateur de Notre-Dame-de-Saint-Sauveur, près de Candé, ordre de Saint-Augustin. La Croix du Maine, I, 277, le qualifie de sieur de Notre-Dame de Beaulieu, ce qui est vrai, tirant sans doute ce titre du propre livre de notre auteur[37]. Nous ne doutons pas qu’il ne se trouve plus tard d’autres mentions relatives à Geoffroy. Dans d’autres histoires généalogiques, mais surtout dans des pièces conservées aux Archives de l’Empire et aussi dans celles d’Angers, il est impossible qu’il ne s’en trouve pas incidemment de nouvelles mentions ; mais il auroit fallu trop attendre pour avoir tout ce qui peut exister, et ce premier essai pourra même servir à faire retrouver le reste.
[35] Dom Morice, Preuves, II, col. 991.
[36] Il l’appelle Georges ; mais il ne s’agit pas d’un autre, puisqu’il lui donne Jeanne de Rougé pour femme et Charles pour fils.
Nous pourrions arrêter ici ces détails généalogiques ; mais il est difficile de ne pas dire quelques mots de ceux-là mêmes pour lesquels Geoffroy avoit écrit, et, comme sa descendance mâle s’est éteinte au bout d’un siècle, de l’indiquer jusqu’au moment où le nom, encore existant, de La Tour Landry, a été transporté dans une autre famille par un mariage. Sur toute cette descendance, M. Pichon a trouvé dans des pièces manuscrites les plus curieux et les plus abondants détails, notamment toute la procédure de l’enlèvement d’une La Tour Landry ; il a tous les éléments d’une étude de mœurs historiques très intéressante et qu’il seroit malheureux de ne pas lui voir exécuter. Pour notre sujet, qui se rapporte plus particulièrement à Geoffroy et à son œuvre, quelques indications suffiront.
Charles de La Tour Landry se maria deux fois, d’abord à Jeanne de Soudé[38], ensuite, le 24 janvier 1389[39], à Jeanne Clerembault, fille de Marguerite des Roches, seconde femme de Geoffroy, cette fois avec la clause que, si Jeanne Clerembault demeuroit héritière de sa maison, Charles et ses hoirs, issus de ce mariage, porteroient écartelé de La Tour et de Clerembault, ce qui n’arriva pas, parceque Gilles Clerembault, frère de Jeanne, devenu beau-frère de Charles de La Tour, continua la postérité. La généalogie manuscrite fait mourir Charles de La Tour au mois d’octobre 1415, à la bataille d’Azincourt, et, en effet, nous trouvons « Le seigneur de La Tour » dans « les noms des princes, grans maîtres, seigneurs et chevaliers franchois qui moururent à la bataille d’Azincourt », donnés par Jean Lefebvre de Saint-Remy à la suite de son récit[40]. Nous avons déjà parlé[41] d’un Geoffroy de La Tour, figurant au siége de Parthenay en 1419, et probablement fils de l’auteur des Enseignements. Peut-être faut-il encore regarder comme un autre de ses fils un Hervé de La Tour, qui servoit comme gendarme en novembre 1415 dans la compagnie d’Olivier Duchâtel, en décembre de la même année dans celle de Jehan du Buch ; en juin 1416 dans celle de Jehan Papot[42]. Cependant nous trouvons à la fin de la traduction de Caxton, dont nous dirons plus tard la scrupuleuse exactitude, cette phrase : as hit is reherced in the booke of my two sonnes, absente de nos manuscrits, mais qui devoit se trouver dans celui suivi par Caxton, et établiroit qu’en 1371 notre auteur n’avoit que deux fils.
[38] Généal. ms. 2.
[39] Généal. ms. 2. La Gén. 1. ne parle pas du nom de sa première femme. — Anselme, VII, 583 D.
[40] Ed. Buchon, dans le Panthéon, ch. lxiv, p. 402. — Monstrelet le cite aussi ; Paris, 1603, in-fol. I, 230 vo.
[42] Dom Morice, Preuves, II, col. 911, 913, 923.
Quant aux filles, elles doivent avoir été au nombre de trois ; en effet, si aucun des manuscrits que nous avons vus ne paroît avoir appartenu à Geoffroy, — et il seroit difficile d’en être sûr, à moins d’y trouver ses armes et celles de Jeanne de Rougé, ou même de Marguerite Desroches, — toutes les fois qu’il y a une miniature initiale, on y voit toujours trois filles, et il n’est pas à croire que cette ressemblance ne soit pas originairement produite par une première source authentique. Malheureusement je n’en puis nommer qu’une, Marie de La Tour Landry, qui épousa en 1391[43], le 1er novembre[44], Gilles Clerembault, fils de la seconde femme de Geoffroy et frère de la femme de Charles, fils de Geoffroy. Gilles Clerembault étoit chevalier, seigneur de la Plesse, et n’eut pas d’enfants[45] de Marie de La Tour, morte évidemment avant 1400, puisque, le 15 octobre 1400, il épousa Jeanne Sauvage, qui lui survécut[46].
[43] Généal. mss.
[44] Anselme, ut supra.
[45] Généal. mss.
[46] Anselme, ut supra.
Charles de La Tour Landry eut pour fils, N…, que les généalogies manuscrites font figurer, comme son père, à la bataille d’Azincourt, en disant qu’il mourut peu après de ses blessures, sans laisser d’enfants ; Ponthus, qui resta le chef de la famille ; et trois autres fils[47], Thibaud, Raoulet et Louis, morts tous trois sans laisser d’enfants. Charles eut aussi au moins une fille, nommée Jeanne, peut-être l’aînée de tous, puisqu’on la cite la première[48]. Il se peut qu’elle ait été mariée deux fois, car c’est peut-être elle qu’il faut reconnoître dans la Jeanne de La Tour Landry, dame de Clervaux, qui fut femme de Jean ou Louis de Rochechouart[49]. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’elle fut la première femme de Bertrand de Beauvau[50], seigneur de Précigny, Silli-le-Guillaume et Briançon, qui devint conseiller et chambellan du roi, président en sa chambre des comptes à Paris, grand-maître de Sicile et sénéchal d’Anjou. Il sortit de ce mariage trois fils et trois filles[51], et Jeanne étoit morte vers 1436, puisque ce fut par contrat du 2 février 1437[52] que Bertrand se remaria à Françoise de Brezé ; non seulement il survécut encore à celle-ci, mais, après avoir épousé en troisièmes noces Ide du Châtelet, il épousa en quatrièmes noces Blanche d’Anjou, fille naturelle du roi René, et « les armes de toutes ces alliances sont remarquées dans les églises des Augustins, Cordelières, Carmes et Jacobins d’Angers, où le corps de ladite Jeanne receut sepulture, ce qui est justifié par son tombeau[53]. »
[47] Généal. ms. 2.
[48] Généal. mss. — Le Laboureur, p. 80.
[49] Anselme, IV, 564 B et 653 B, C. — Leur fille Isabeau épousa Renaud Chabot, qui eut un grand procès contre le seigneur de La Tour Landry au sujet de la justice de Clervaux, obtint, le 20 juin 1464, pour lui et son fils aîné, rémission d’un meurtre commis à cette occasion, et mourut vers 1476. — Anselme, ibid.
[50] D’argent, à quatre lions de gueules, cantonnez, armez et lampassez d’or, à une étoile d’azur en cœur. — Sur un beau manuscrit des Ethiques en françois, qui lui a appartenu, cf. M. Paulin Paris, Manuscrits françois, t. IV, 330-2.
[51] Voir le détail dans la Chesnaye des Bois, in-4o, II, 318.
[52] Anselme, VIII, 270 E.
[53] Généal. ms. 1.
Pour Ponthus, nous savons qu’il fut chevalier, seigneur de La Tour Landry, de Bourmont, du Loroux-Bottereau et baron de Bouloir en Vendomois[54] ; il donna en 1424 aux prieur et couvent de Saint-Jean l’Evangéliste d’Angers la dixme des grains de sa terre de Cornoailles[55], par acte signé de Jean de Lahève « ainsi qu’il est remarqué au trésor des tiltres de Chasteaubriant[56] », et il possédoit aussi une terre que le duc de Bretagne lui confisqua, parcequ’il tenoit le parti d’Olivier de Chatillon[57]. Ce doit être lui qui se rendit otage à Nantes pour répondre de l’exécution du mariage (21 mars 1431) entre le comte de Montfort et Yoland, fille de la reine de Sicile[58], et qui reçut ensuite une coupe dorée, en même temps que sa femme et sa fille recevoient d’autres présents[59]. C’est aussi probablement lui que cite l’auteur de l’histoire d’Artus, duc de Bretaigne, dans l’énumération de ceux qui se sont trouvés à la bataille de Formigny[60], le 15 avril 1450.
[54] Généal. ms. 1, 2.
[55] Généal. ms. 2.
[56] Généal. ms. 1.
[57] Généal. ms. 2.
[58] Histoire de Bretagne, par Dom Lobineau, Paris, in fol., I, 1706, p. 588.
[59] Dom Lobineau, Preuves, col. 1018 ; Dom Morice, Preuves, II, col. 1232-3.
[60] Collection Michaud et Poujoulat, 1re série, III, 226.
Il est aussi bien à croire que c’est lui qui a fait écrire par quelque clerc le roman de chevalerie de Ponthus, fils du roi de Galice, et de la belle Sidoine, fille du roy de Bretaigne, souvent réimprimé ; c’étoit un moyen de populariser l’illustration de la famille et d’en faire reculer très loin l’ancienneté, — Bourdigné, comme on l’a vu, s’y est laissé prendre, — que de la mettre au milieu d’une action à la fois romanesque et à demi historique. Les La Tour Landry ont voulu avoir aussi leur roman, comme les Lusignan avoient Mélusine. Nous n’avons pas à entrer dans le détail de ce très pauvre roman, qui se passe en Galice, en Bretagne et en Angleterre, ni à suivre les péripéties des amours de Ponthus et de Sidoine, traversées par les fourberies du traître Guennelet et enfin couronnées par un mariage. Ce qu’il nous importe de signaler c’est la certitude de l’origine de ce roman. Le héros de l’histoire porte le nom fort particulier d’un des membres de la famille, et, parmi ses compagnons, se voit toujours au premier rang Landry de La Tour. Tous les noms propres sont de ce côté de la France ; ce sont : Geoffroy de Lusignan, le sire de Laval, d’Oucelles et de Sillié, Guillaume et Benard de la Roche, le sire de Doé, Girard de Chasteau-Gaultier, Jean Molevrier. Les quelques noms de localités françoises concourent aussi à la même preuve : c’est à Vannes que se fait le grand tournois, et, quand l’armée se réunit, c’est à la tour d’Orbondelle, près de Tallemont ; or Talmont est un bourg de Vendée (Poitou) situé à 13 kil. des Sables. Un passage donneroit peut-être la date exacte de la composition du roman, c’est lorsque, pour réunir une armée contre les Sarrasins, on écrit à la comtesse d’Anjou : car, dit le romancier, le comte étoit mort et son fils n’avoit que dix ans. Mais c’est trop long-temps m’arrêter à ce livre, qu’il étoit pourtant nécessaire de signaler[61].
[61] Pour les nombreuses éditions, et les traductions en anglois et en allemand du roman de Ponthus, voyez l’excellent article de M. Brunet, III, 812-4.
L’on ne connoît que deux enfants de Ponthus, Blanche et Louis Ier du nom. Blanche épousa Guillaume d’Avaugour, seigneur de La Roche Mabile, de Grefneuville et de Mesnil Raoulet, bailly de Touraine, veuf de Marie de Coullietes, femme en premières noces de Gilles Quatrebarbes[62]. On donne ordinairement cette Blanche comme fille de Louis 2e du nom[63] ; mais la remarque de d’Hozier[64] est formelle sur ce point : « Bien que les mémoires de la maison de La Tour Landry remarquent icelle Blanche de La Tour estre issue de Louis et de Jeanne Quatrebarbes ; néanmoins tous les tiltres que j’ay me persuadent le contraire, et particulièrement l’arrest, sur requeste, du Parlement de Paris, que ladite Jeanne Quatrebarbes, demeurée veufve, obtint, le dernier jour de décembre 1453, contre Blanche de La Tour, aussy veufve, où il est porté en termes exprès qu’elle estoit sœur de feu Louis de La Tour, mary de Jeanne Quatrebarbes. » Quant à Louis de La Tour, chevalier, baron dudit lieu et du Boulloir, seigneur de Bourmont, la Gallonnère, de la Cornouaille, de Clervaux, Rue d’Indre et Dreux le Pallateau, il épousa en 1430 Jeanne Quatrebarbes, dame de La Touche Quatrebarbes, etc., fille de Gilles Quatrebarbes et de Marie de Coullietes[65]. Louis étoit mort avant 1453, et, le 22 juin 1455, sa veuve, en présence de son fils Christophe, ratifie un acte fait le 6 juin précédent par son procureur et le procureur de Blanche de la Tour, veuve de Guillaume d’Avaugour[66]. En 1458 elle fit son testament, et nomma pour ses exécuteurs testamentaires René, Christophe et Louis, ses enfants[67].
[62] Généal. ms. 1. — Avaugour, d’argent au chef de gueules.
[63] Généal. ms. 2. — Le Laboureur, p. 80.
[64] Généal. ms. 1.
[65] Généal. ms. 1, qui donne tous les titres de Jeanne Quatrebarbes.
[66] Généal. ms. 1.
[67] Des extraits de ce testament et de quelques autres pièces postérieures sont joints à la Généal. ms. 1.
On vient de voir les noms des trois fils de Louis ; un quatrième, Geoffroy[68], paroît être mort de bonne heure, puisqu’il n’a pas laissé de traces. Pour René, il se démit en 1438 de ses biens, sauf les seigneuries de la Gallonnère et de Cornouaille, en faveur de Christophe, son frère puîné, ainsi qu’il est verifié dans le trésor des titres de Châteaubriant[69], se fit prêtre et mourut le 4 mai 1498[70]. Pour Christophe, Bourdigné[71] nous apprend qu’en 1449 il se trouva au siége de Rouen avec le duc de Calabre, fils du roi René, qui étoit allé secourir son père. En 1460, il transigea pour des terres avec Pierre d’Avaugour, fils de Guillaume et de Blanche de la Tour ; en 1463, il donna procuration audit Pierre de recevoir les foi et hommage dus à ses terres ; en 1469, il rend adveu de la terre du Genest au comte de Monfort, et, la même année, fonde dans l’église du Genest des prières à dire le jour de la Toussaint, avant la grand’messe, pour les âmes de ses prédécesseurs[72]. Il mourut sans enfants, puisque ce fut Louis, 2e du nom, qui resta chef de la famille. Il avoit épousé Catherine Gaudin, fille d’Anceau, sieur de Pasée ou Basée, et de Marguerite D’Espinay Lauderoude, maison alliée à celle de Laval[73].
[68] Le Laboureur (page 80), qui le cite avant ses frères.
[69] Généal. ms. 1.
[70] Généal. ms. ; Le Laboureur, p. 80.
[71] Hystoire agrégative d’Anjou, f. cxlix. vo.
[72] Généal. ms. 1.
[73] Généal. ms. 1.
C’est en lui que s’éteignit la descendance mâle de notre Geoffroy, car Louis n’eut que des filles. On a vu que Blanche, dont on le faisoit le père, n’étoit pas sa fille, mais sa tante ; ses filles furent Françoise et Marguerite, « femme de René Bourré[74], seigneur de Jarzé, dont la postérité est tombée dans la maison Du Plessis des Roches Pichemel, de laquelle est M. le marquis de Jarzé[75]. » Quant à Françoise, fille aînée et principale héritière de son père Louis, elle épousa, le 30 juillet 1494, Hardouin de Maillé, 10e du nom, né en 1462. Il s’obligea de prendre le nom et les armes de La Tour, sous peine de 50,000 écus ; mais, après la mort de ses frères sans hoirs mâles, il se déclara aîné de sa maison, et François Ier releva ses descendants de cette obligation, leur permettant de reprendre le nom et les armes de Maillé, en y ajoutant le nom de La Tour Landry[76]. » Les armes de Maillé sont bien connues, d’or à trois fasces ondées de gueules ; mais celles de La Tour Landry le sont bien moins, précisément à cause de l’abandon qui en fut fait. Le Laboureur (p. 80) dit qu’elles sont d’or à une fasce crenelée de 3 pièces et massonnée de sable ; Gaignières, qui les a dessinées et blasonnées de sa main sur un feuillet de papier, passé, comme toute la partie héraldique de sa collection, dans les dossiers du Cabinet des titres, nous donne de plus l’émail de la fasce, qui étoit de gueules. La description qui s’en trouve en tête des généalogies manuscrites a un détail différent : elle indique la fasce comme bretessée, c’est-à-dire crénelée, de trois pièces et demie. Il n’est pas rare de trouver une fasce crénelée de deux pièces et deux demi-pièces ; dans le cas de trois pièces et demie, il faudroit, sa place n’étant pas indiquée, mettre la demi-pièce à dextre ; mais nous préférons nous tenir à la première armoirie, qui est la plus probable, puisqu’elle ne sort pas des conditions ordinaires.
[74] D’argent à la bande fuselée de gueules. — Généal. ms. 1.
[75] Le Laboureur, p. 80.
[76] Anselme, VII, 502 ; et La Chesnaye des Bois, IX, 314.