Le livre du chevalier de La Tour Landry pour l'enseignement de ses filles
IV.
Traductions et éditions.
J’ai dit en commençant qu’il avoit été fait deux traductions angloises du livre des Enseignements. L’une, la plus ancienne, qui remonte au règne de Henri VI, est inédite et est conservée en manuscrit au British Museum, dans le fonds Harléien (no 1764. 67, C.[91]). C’est un manuscrit à 2 colonnes de 41 lignes, d’une excellente et très correcte écriture, malheureusement incomplet de la fin et qui a beaucoup souffert. Le premier feuillet a une lettre ornée et un entourage courant, et tous les chapitres ont une lettre peinte. Au deuxième feuillet, on lit les signatures de deux de ses anciens propriétaires, Paulus Durant et David Kellie, écrites à la fin du xvie siècle et au commencement du siècle suivant ; on trouve même au feuillet 37 cette mention, de la main de Kellie : « James by the grace of God King of England, France and Ireland and of Scotland and defender of the faith. » Dans son état actuel, le manuscrit a 54 feuillets et commence : « In the yere of the incarnacion of our lord m ccc lxxi as y was in a garden all hevi and full of thought… », et se termine dans l’histoire des deux sœurs (p. 238 de notre texte), par les mots : « withoute ani wisete y clothed myself in warme », suivi du mot clothes comme réclame. La traduction est exacte, la langue excellente et certainement bien moins traînante et embarrassée que celle de Caxton. Du reste, ceux qui voudroient avoir de plus complets détails sur cette traduction anonyme pourront en voir d’amples fragments transcrits dans un excellent article de la première Retrospective Review, publiée à Londres il y a une vingtaine d’années[92]. La sévérité angloise paroît avoir empêché l’auteur de citer les histoires les plus curieuses préférablement à celles dont l’honnêteté est la trop unique valeur ; mais ces extraits suffisent pleinement pour faire juger du mérite de la traduction, et c’est pour nous la plus utile partie de leur travail.
[91] Nares, Catalogue of the mss. of the Harleian library, 4 vol. in-fo, London, 1808-15 ; II, p. 208.
[92] Voici le titre exact de cette excellente collection, interrompue malheureusement peu de temps après le volume où se trouve l’article sur le livre des Counsels : The retrospective review, an historical and antiquarian magazine, edited by Henry Southern esq., M. A. of Trinity college, Cambridge, and Nicholas Harris esq., F. S. A., of the Inner Temple, barrister at law in-8o. New series, vol. I, 1827, part. II, p. 177-94. — L’article a été analysé dans notre Revue britannique, 2e série, t. V, 1831, p. 343-61.
La seconde traduction est de Caxton, le plus ancien imprimeur de l’Angleterre, et il est curieux de voir le livre de notre auteur être une des premières productions de la presse dans un pays étranger. On sait quel nombre Caxton a publié de traductions du françois, et il nous suffit de le rappeler, car une énumération nous mèneroit beaucoup trop loin. Le livre est un in-4o, dont les cahiers, de huit feuillets chacun, sont signés aii-niiij. Il commence par une préface du traducteur, qui dit avoir entrepris cet ouvrage sur la prière d’une grande dame qui avoit des filles ; aucun bibliographe anglois n’ayant fait même une supposition sur le nom de cette protectrice du travail de Caxton, nous ne pouvons qu’imiter leur silence ; nous aurions donné cette préface en appendice, si on ne pouvoit la voir reproduite dans l’édition des Typographical antiquities de Jos. Ames, donnée par Dibdin[93]. Les caractères employés par Caxton sont ceux dont on peut voir dans Ames le facsimile d’après les chroniques d’Angleterre[94]. C’est ce caractère irrégulier, plein de lettres liées entre elles et de mêmes lettres de formes différentes, qui apporte plutôt l’idée d’une écriture assez incorrecte que d’une impression ; elle est très analogue à un facsimile donné dans Ames (p. 88) d’une copie manuscrite d’Ovide qu’on attribue à Caxton. Après la préface, qui tient le premier feuillet, et la table qui en tient trois, vient le texte, qui commence : « Here begynneth the book whiche the knyght of the toure[95] made and speketh of many fayre ensamples and thenseygnements and techyng of his doughters. » Il se termine par la mention suivante : « Here fynysshed the booke which the knyght of the Toure made to the enseygnement and techyng of his doughters translated oute of frenssh in to our maternall Englysshe tongue by me William Caxton, which book was ended and fynysshed the first day of Juyn the yere of oure lord m.cccc lxxx iij And emprynted at Westmynstre the last day of Janyuer, the first yere of the regne of kynge Rychard the thyrd. » On a quelquefois mis à tort ce livre sous la date de 1484 ; l’année 1483 ayant été comprise entre le 30 mars et le 18 avril, et Edouard IV étant mort le 9 avril 1483, c’est bien cette année 1483 qui est la première année du règne de Richard III[96].
[93] London, 4 vol. in-4o, 1810, t. 1, no 27 des Caxton, p. 202-8.
[94] No 4 de la planche de Basire portant le no 8, et placée en face de la page 88.
[95] Caxton ne sait pas le nom de Landry.
[96] Dibdin, Bibliotheca Spenceriana, no 857, t. IV, 1815, p. 267-8, avoit fait remarquer qu’il falloit s’en tenir à la date de 1483 ; mais sa preuve en étoit que le commencement de l’année suivante n’arriva pas avant le 25 mars, ce qui ne s’accorde pas avec les tables chronologiques des Bénédictins.
Les exemplaires complets en sont, du reste, assez rares. Ames (1810) ne cite que trois exemplaires, celui de lord Spencer, du marquis de Blandford et de Sa Majesté ; ce dernier est sans doute l’exemplaire complet que nous avons vu au British Museum. Il y en auroit encore un dans la Bibliothèque publique de Cambridge et deux à la Bodléienne, mais imparfaits tous deux d’une feuille. Un exemplaire sur vélin, marqué 5 l. 5 sh., chez M. Edwards, cat. de 1794, no 1267, étoit en 1810 chez M. Douce ; mais ce fut un prix bien vite dépassé ; ainsi l’exemplaire de la vente de White Knights fut payé 85 livres 1 shilling, et celui de la vente de Brandt, en 1807, fut acheté 111 livres 6 shillings pour lord Spencer[97].
[97] Cf. Bibl. Spenceriana.
Quant à la traduction même, elle est d’une incroyable fidélité et d’une si naïve exactitude, que, par ses méprises, et il y en a, on pourroit reconnoître à coup sûr le manuscrit même suivi par Caxton, et, si on le rencontroit, il ne pourroit pas y avoir de doutes sur ce point, tant sa phrase est calquée sur son texte, avec un mot à mot si fidèle que la pureté de son anglois en souffre le plus souvent. Du reste, on en pourra bientôt juger, car M. Thomas Wright, aux publications de qui notre ancienne littérature doit autant que l’ancienne littérature de son pays, en va publier une réimpression exacte pour le Warton Club, dont il est un des fondateurs. Si la traduction inédite du British Museum étoit complète, il faudroit incontestablement la suivre, à cause de sa supériorité sur celle de Caxton. On pourroit prendre le parti de composer l’édition pour les trois quarts avec la traduction inédite et pour la fin avec Caxton. Cependant la langue des deux traducteurs est si différente, qu’en mettant une partie de l’œuvre de l’un à la suite de l’œuvre de l’autre, on auroit à craindre d’arriver à un effet trop disparate, et, comme le Caxton est introuvable, les bibliophiles préféreront peut-être en avoir la reproduction entière.
Enfin j’ajouterai, à propos de l’édition de Caxton, que, si rare qu’elle soit maintenant, c’étoit au xvie siècle, en Angleterre, un livre qui étoit tout à fait en circulation. J’en donnerai pour preuve ce curieux passage du Book of Husbandry, publié en 1534 par Sir Anthony Fitz-Herbert, qui avoit la charge importante de lord chief justice[98]. L’appréciation est trop curieuse pour que je ne la reproduise pas en entier ; parlant de la fidélité qu’une femme et un mari doivent avoir dans les achats qu’ils font au marché, il continue : « Je pourrois peut-être montrer aux maris diverses façons dont leurs femmes les trompent, et indiquer de même comment les maris trompent leurs femmes. Mais si je le faisois, j’indiquerois de plus subtiles façons de tromperies que l’un ou l’autre n’en savoit auparavant. A cause de cela, il me semble meilleur de me taire, de peur de faire comme le chevalier de La Tour, qui avoit plusieurs filles, et, par l’affection paternelle qu’il leur portoit, écrivit un livre dans une bonne intention, pour les mettre à même d’éviter et de fuir les vices et de suivre les vertus. Il leur enseigne dans ce livre comment, si elles étoient courtisées et tentées par un homme, elles devroient s’en défendre. Et, dans ce livre, il montre tant de façons si naturelles dont un homme peut arriver à son dessein d’amener une femme à mal, et ces façons pour en venir à leur but sont si subtiles, si compliquées, imaginées avec tant d’art, qu’il seroit difficile à aucune de résister et de s’opposer au desir des hommes. Par cedit livre, il a fait que les hommes et les femmes connoissent plus de vices, de subtilités, de tromperies, qu’ils n’en auroient jamais connu si le livre n’eût pas été fait, et dans ce livre il se nomme lui-même le chevalier de La Tour. Aussi, pour moi, je laisse les femmes faire leurs affaires avec leur jugement. »
[98] Je tire le passage, non du livre, nécessairement inconnu à un étranger, mais de l’article qui lui est consacré dans la nouvelle Retrospective Review, London, Russell-Smith, in-8o. No 3, May 1853, pages 264-73.
Le jugement de lord Fitz-Herbert suffiroit à prouver que Dibdin, pour avoir décrit le livre, ne l’avoit pas autrement lu ; car, renvoyant, dans les additions de Ames (I, 372), à la notice de Legrand d’Aussy, et faisant allusion aux passages purement naïfs dont celui-ci fait des obscénités, Dibdin ajoutoit qu’il falloit espérer que Caxton avoit sauté de pareils passages. Je n’ai pas eu le temps de vérifier le Caxton, nous n’en avons pas d’exemplaires en France ; mais je répondrois à l’avance de son honnêteté de traducteur, qui n’a pas dû se permettre le moindre retranchement. Seulement Dibdin, qui avoit le volume à sa disposition, auroit pu s’assurer du fait et ne pas en rester à cette singulière espérance.
Le livre eut la même fortune en Allemagne qu’en Angleterre : car il en parut en 1493 une traduction allemande faite par le chevalier Marquard vom Stein. Comme Caxton, il fut plus exact que ne le furent plus tard les éditeurs françois, et n’ajouta rien au livre des Enseignements ; mais, plus heureuse que celle de Caxton, sa traduction fut souvent réimprimée. La première édition, in-folio, parut à Bâle, chez Michel Furter, sous ce titre : « Der Ritter vom Turn, von den Exempeln der Gotsforcht vñ erberkeit », c’est-à-dire Le Chevalier de La Tour, des exemples de la piété et de l’honneur. En tête se trouve une préface du traducteur, mais qui ne contient que des généralités de morale ; nous ferons remarquer seulement que, peut-être par suite d’une faute d’impression ou d’une différence dans un manuscrit, la date de la composition du livre n’est plus 1371, mais 1370. Le volume, d’une superbe exécution, et dont le British Museum possède un très bel exemplaire, a 73 feuillets et est orné de 45 gravures sur bois, réellement faites pour l’ouvrage, bien dessinées et bien gravées. Le chevalier y est toujours représenté armé de pied en cap, même dans la gravure initiale, où il est, idée assez bizarre, représenté endormi au pied d’un arbre, pendant que ses deux filles sont debout à côté de lui ; mais, à part cette singularité, cette suite d’illustrations est tout à fait remarquable. Après cette édition, nous citerons les suivantes, d’après Ebert[99] : une à Augsbourg, chez Schönsperger, 1498, in-folio ; une à Bâle, chez Furter, en 1513 ; — Ebert disant aussi qu’elle a 73 feuillets et des gravures sur bois, il est possible que ce soit la première édition avec une nouvelle date changée, et, dans tous les cas, la nouvelle en est une réimpression, où l’on doit retrouver les mêmes bois ; une à Strasbourg, chez Knoblouch, en 1519, in-4o ; enfin une autre à Strasbourg, chez Cammerländer, en 1538, in-folio, avec des gravures sur bois. Il y en a sans doute eu d’autres éditions ; toujours est-il que tout récemment, en 1849, le professeur allemand O.-L.-B. Wolff en a fait le 8e volume[100] de sa collection de romans populaires qu’il a publiée à Leipzig chez Otto Wigand. Le prologue y est plus court, et l’on y voit, bien qu’en très petit nombre, quelques histoires nouvelles, celles de Pénélope et de Lucrèce, absentes de l’ouvrage original, mais qui prouvent que, dans ses éditions successives, la traduction de Marquard vom Stein a subi quelques remaniements. Le titre y est devenu : « Un miroir de la vertu et de l’honneur des femmes et demoiselles, écrit pour l’instruction de ses filles par le très renommé chevalier de La Tour, avec de belles et utiles histoires sacrées et profanes. »
[99] Allgemeines bibliographisches Lexikon von Friedrich Adolf Ebert. Leipzig, 1821, in-4o, t. I, col. 317, no 4078.
[100] In-12 de 171 pages.
Ce ne fut qu’en 1514 que parut la première édition françoise, à Paris, chez Guillaume Eustace[101]. C’est un in-folio gothique, à deux colonnes, de xcv feuillets chiffrés, précédés de 3 feuillets pour le titre et la table et suivis d’un feuillet séparé, au recto duquel une gravure en bois représentant le pape, l’empereur et le roi de France, et au verso la marque de Guillaume Eustace. Cette gravure se trouvoit déjà au verso et la marque sur le recto du titre, qui est celui-ci : « Le chevalier de la tour et le guidon des guerres, Nouvellement imprimé à Paris pour Guillaume Eustace, libraire du roy, Cum puillegio Regis », et au bas : « Ilz se vendent en la rue neufue nostre Dame, à lenseigne De agnus dei, ou au palais, au troisiesme pilier. Et en la rue saint-iacques, à l’enseigne du crescent. » A la fin se trouve cette mention : « Cy fine ce présent volume intitulé le chevalier de la tour et le guidon des guerres, Imprimé à Paris en mil cinq cens et quatorze, le neufiesme iour de novembre. Pour Guillaume Eustace, libraire du roy et juré de luniversité, demourant en la rue neufve nostre-dame, à lenseigne de agnus dei, ou au palais, en la grant salle du troisiesme pillier, près de la chappelle où len chante la messe de mes seigneurs les presidens. Et a le Roy, nostre sire, donné audit Guillaume lettres de privilege et terme de deux ans pour vendre et distribuer cedit livre affin destre remboursé de ses fraiz et mises. Et deffend ledit seigneur à tous libraires, imprimeurs et autres du royaulme de non limprimer sus painne de confiscation desditz livres et damende arbitraire jusques après deux ans passez et acomplis à compter du iour et date cy dessus mis que ledit livre a esté acheué d’imprimer. »
[101] La Croix du Maine (Bibliothèque françoise, édit. de 1772, I, 161 et 277) ne parle que de cette édition, sur la foi de laquelle il a dit que le Guidon des guerres étoit de notre auteur.
Le texte des Enseignements, dans cette édition de Guillaume Eustace, occupe les feuillets i à lxxii ; les feuillets lxxiii à lxxxv sont occupés par le livre de Melibée et de Prudence, que l’éditeur a trouvé, comme on le voit dans le manuscrit de Londres et celui de Paris (70731), à la suite de celui dont il s’est servi ; mais, avec peu de scrupule et pour bien donner au chevalier de La Tour le livre de Mélibée, sur lequel nous n’avons rien à dire ici, tant il est maintenant connu, il a écrit un raccordement par lequel il met Mélibée dans la bouche du chevalier. Enfin, les feuillets lxxxv à xcv offrent le Guidon des guerres « fait par le chevalier de La Tour », ouvrage de stratégie qu’un autre raccordement[102] de Guillaume Eustace met aussi dans la bouche du chevalier. Il formoit probablement la troisième partie du manuscrit suivi par Guillaume Eustace, et n’est nullement du chevalier de la Tour[103].
[102] Le raccordement est d’autant mieux fait qu’on le fait parler de ses fils : « Affin que tous nobles hommes et mesmement vos frères, quand ils se trouveront entre vous, en voyant cestuy livre y puissent aussi bien que vous prendre quelque doctrine… J’ay, touchant le fait des armes, cy en la fin mis ung petit traicté appellé le Guidon des guerres, lequel jadis je redigeai par l’ordonnance de mon souverain seigneur le très chrétien roy de France… »
[103] Comme le dit M. P. Paris (Man. françois, V, 85-6), il est étonnant que les bibliographes n’aient pas remarqué la fausseté d’attribution de ces deux ouvrages. Debure (Catal. La Vallière, I, 406), cataloguant l’imprimé à la suite d’un ms., avoit, sans nier l’attribution, fait remarquer que le Guidon ne se trouvoit pas dans celui-ci.
Le texte est orné de gravures sur bois, mais, moins soigneux que l’éditeur allemand, Eustace a employé bon nombre de bois tout faits, dont quelques uns se rapportent très peu au sujet qu’ils sont destinés à présenter aux yeux. Dans les exemplaires sur papier le format est très petit in-folio ; dans ceux sur vélin, la justification a été réimposée, et le volume est plus grand. La Bibliothèque en possède un superbe exemplaire, avec 27 miniatures, que M. Van Praët[104] dit avoir passé dans les ventes de Pajot, comte d’Onsembray (no 527, 240 l. 19 s.), de Girardot de Préfond (no 890, 193 l.), de Gaignat (no 2253, 200 l.), de La Vallière (no 1339, 300 l.), de Mac Carthy (no 1549, 615 l.). M. Brunet (I, 649) paroît traiter comme le même celui qu’il indique comme vendu chez Morel Vindé 631 fr., et chez Hibbert, 33 livres, 12 shilings.
[104] Van Praët, Livres sur vélin de la bibliothèque du roi, t. IV, no 388, p. 263-4. Ebert nous apprend qu’il y en avoit aussi un exemplaire sur vélin dans l’ancienne bibliothèque d’Augsbourg. Ce doit être celui que M. Van Praët indique comme vu par Gercken (Reisen, I, 262) et par Hirsching (Reisen, II, 180) chez les frères Veith, à Augsbourg. Un troisième exemplaire devroit s’en trouver dans la bibliothèque de Genève (Van Praët, 264).
Comme texte, il faut reconnoître, à la louange de Guillaume Eustace, que, pour un éditeur du seizième siècle, il pourroit avoir fait bien plus de modifications. Le prologue est beaucoup moins en vers, l’orthographe est modernisée ; mais le texte a certainement été plus respecté qu’il ne l’étoit d’ordinaire à cette époque. La seconde impression, qui doit cependant avoir été faite sur celle-ci, est au contraire pleine de fautes grossières, à ce que me dit un juge très compétent, qui l’a eue entre les mains. Elle est in-4o de 208 pages, y compris 6 pages de table. Elle a un frontispice représentant un chevalier armé, un genou en terre, et a pour titre : « S’ensuit le chevalier de La Tour et le Guidon des guerres, avec plusieurs autres belles exemples, imprimés nouvellement par la veuve Jehan Trepperel[105]. » M. Brunet, qui la dit gothique et nous apprend qu’elle a été vendue, chez Heber, 6 livres 15 shillings, ajoute « et Jehan Jehannot », après le nom de la veuve Trepperel. M. Bertin en possédoit un exemplaire qui, à sa vente (1853, no 123), a été adjugé au prix de 780 fr.
[105] Bulletin du Bibliophile, 1re série, no 14, février 1835, p. 11, no 1379.
Après avoir examiné successivement, comme je l’avois promis, la biographie et l’œuvre du chevalier, ainsi que les manuscrits et les éditions de son livre, je lui laisse enfin la parole, en m’excusant de la longueur à laquelle ces développements sont arrivés. Mais si, dans un travail d’ensemble sur notre ancienne littérature, l’ouvrage du chevalier de La Tour peut n’être cité qu’en passant, tous les renseignements qui s’y rapportent devoient être réunis dans un essai qui lui est spécialement consacré et qui se trouve en tête de son livre.