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Le livre du chevalier de La Tour Landry pour l'enseignement de ses filles

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Cy parle de la royne de Chippre.

Chappitre IIIIXXVIe.

Dont je vouldroye que vous sceussiez l’exemple d’une royne de Chippre. Elle ne povoit avoir enffant et estoit de dur aage, et toutesfois, par la bonté de son seigneur et d’elle, à leur prière Dieu leur donna un beau filz, dont la joye fut moult grant ou royaume. Et de la grant joie que ilz en eurent ilz firent crier festes et joustes, et envoyèrent querre touz les grans seigneurs et dames que ils purent avoir. La feste fut moult grant et les paremens de draps d’or et de soie ; tout retentissoit de joye et de soulas et de sons de menestriers. Les joustes furent grans et la feste bien renvoysée. Sy despleut à Dieu de faire telz boubans et telle mise pour telle chose. Sy advint que, quant ilz furent au disner, l’enfant morut, et disoit l’en que il avoit esté trop couvert et abrié de grans chaleurs. Toutes voies, quant l’en sceut la mort de l’enffant, la court, qui estoit en grant joye et en grant liesse, fust tantost tournée en douleur et en tristece, et se departirent chascuns mornes et pensiz. Et pour ce a cy bon exemple comment l’on ne se doit mie trop esjouir d’enffant que Dieu donne, ne en faire telle feste ne telx boubans ; car aucunefois il en desplaist à Dieu, qui aussitost le tolt comme il le donne.

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