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Le livre du chevalier de La Tour Landry pour l'enseignement de ses filles

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Cy parle de Alia, la première femme Jacob.

Chapitre IIIIXXIIIIe.

Je vous diray un autre exemple de Alia, la femme de Jacob. La Bible la loue moult comme elle amoit chierement son seigneur et la grant honneur que elle lui pourtoit, et comment elle se humiliet, et quant elle avoit eu enffant elle en rendoit à Dieu graces et mercis moult humblement et devotement. Et pour ce Dieu lui donna les xij. princes qui furent les douze patriarches dont les douze lingnées yssirent, qui tant furent preudommes, et aymèrent Dieu et le craingnirent sur tous autres, et leur père et mère prioient chascun jour Dieu pour eulx dès ce que ilz estoient petis, et que Dieu les voulsist pourveoir de s’amour et de sa grace ; et il ouy bien leurs prières, car ilz furent saintes gens et honnourez sur tous. Et pour ce est bon exemple que tout père et mère doit chascun jour prier Dieu pour ses enfans, comme firent Jacob et Alia. Et si vous dy que jamaiz, pour nulle faulte ne riote que ilz feissent, ilz ne maudissoient nullement leurs enffans, ainçois les blasmoient par autre manière ou les batoient ; car il vauldroit mieulx cent foiz batre ses enffans que les mauldire une seule foiz, tant y a grant peril.

Dont je vous en diray une exemple d’une femme de ville. Elle estoit male et se courrouçoit de legier, et aussy faisoit son mary, et par leur grant yre ilz s’entrerechignoient et arguoient souvent et menu. Sy avoient ung filz d’enfant qui leur avoit faite aucune faulte ; sy le commencièrent touz deux à mauldire, et l’enffant, qui en fut yré, leur respondit follement, et le père et la mère, qui en furent yrés, le vont donner à l’ennemy par leur courroux, et lors l’ennemy vient qui le saisy et le prist par les bras et le haussa tout de terre, et par là où il mist la main le feu se prinst, et perdit la main et le bras, par quoy il fut pery toute sa vie. Et pour ce est grant peril de maudire ses enffans ne de leur destiner mal, et pis encore de les donner à l’ennemy, par courroux ne par yre que l’en ait avecques eulx. Et pour ce prenez cy bonne exemple, et vous en souviengne, comme vous devez destiner tout bien à vos enffans, et prier Dieu pour eulx, comme faisoit Jacob et sa femme à leurs enffans, que Dieu monta et exaulça sur toutes les lingnées et generacions, et non pas faire comme le fol homme et la fole femme, qui par leur grant yre maudissoient leur enffant, et depuis le donnèrent à l’ennemy, de quoy l’enffant fut pery toute sa vie.

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