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Le songe d'une femme: roman familier

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PIERRE BAZAN A PAUL PELASGE

Paris, 10 septembre.

… Me voilà bien guéri, cher Pelasge, car c'était ce que je croyais, quoique la fugue ait été fort atténuée par l'attitude dont se vante, avec une certaine drôlerie, la petite Patraque. Elle m'est arrivée, ce matin, comme j'allais partir, et je l'ai assez mal reçue, pour la punir de la journée qu'elle me fait perdre. Patraque prétend avoir résisté à la séductrice. Elle a eu un mot superbe: «Cela, c'est de la passion, ça ne se paie pas!» Cette noblesse de tenue dans la débauche me réjouit beaucoup; cependant je ne crois pas à l'histoire. Patraque est très jalouse et j'imagine quelque scène prodigieuse avec une femme de chambre, une amie, je ne sais… Enfin, je pars. Je ne peindrai même pas de Bretonnes; je peindrai la mer. Mais la mer est une femme et j'ai peur de ne pouvoir la contempler sans dégoût.

Bazan
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