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Le songe d'une femme: roman familier

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PAUL PELASGE A CLAUDE DE LA TOUR

Paris, 17 novembre.

… Qui a pu vous annoncer cela? Je ne me marie pas, car je vous aime. C'est de vous seule que j'attends la joie qu'aucune femme ne peut me donner. O la précieuse lettre où j'ai l'aveu si discret, si doux et si fier de votre tendresse! Quel esclave attendez-vous? puisque je suis là devant vous, à genoux et la tête baissée…

… Tout le monde en effet se marie autour de moi, sauf moi. La moisson était mûre; l'amour est venu faucher, battre et engranger. Tout le monde: mes deux cousines, que vous avez aperçues aux Frênes, Anne et Annette: la première vient d'épouser Georges des Fresnes; la seconde a été conquise par mon ami Pierre Bazan. Conquise, oui, conquise sur moi, mais sans bataille, car, vous ayant vue, je n'aimais plus que vous. Tout le monde: le vieux conseiller Bourdon qui, ayant marié ses filles, s'est donné à lui-même votre amie Anna Desloges. Ne le saviez-vous pas? Est-ce là l'origine de la confusion? Elle serait singulière. Enfin j'ai appris encore le mariage de Maupertuis, que je connus quand j'allais chez Madame de Trévire. Qui aurait eu l'insolence de me confondre avec ce rêveur absurde?…

… Puis-je aller à Nice? Dites?…

P. P.
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