L'ami : $b dialogues intérieurs
CONFIANCE
La Foi est la Confiance en Dieu, et non la complaisance d’un esprit prêt à tout accepter, ni cette élasticité de l’aptitude à croire, permettant de l’étendre jusqu’à l’invraisemblable et même l’absurde.
L’homme de peu de foi est celui qui se méfie de la solidité de l’Univers et de son organisation. Il n’a qu’une médiocre confiance dans le résultat final. L’impression qu’il reçoit du spectacle universel, comme de la vie des hommes, est une impression de désordre et d’incohérence, à laquelle il ne peut opposer aucun contrepoids.
L’homme de foi, lui aussi, voit le chaos, l’injustice de la vie, l’impassible brutalité des lois naturelles. Mais il ne se résigne pas à la sentence de la Fatalité aveugle. Les vestiges de l’Esprit qu’il sent en lui, l’empêchent de s’abandonner et de se soumettre. S’il est plongé dans la nuit, assailli par la tourmente, la boussole l’empêche de se désorienter. Il n’admet pas que la cause soit jugée, et reste en appel. Sous le coup même qui l’assomme et semble péremptoire, il dit : Je maintiendrai ! Au fond, la foi c’est l’audace poussée jusqu’à l’infini : Notre Foi, c’est la victoire qui a vaincu le monde. (Jean, 5, 4.)
Celui qui meurt pour sa foi ne donne pas sa vie pour un article de catéchisme, lors même qu’il en aurait l’apparence. Au fond, il s’offre en sacrifice, afin d’affirmer ce qui, seul, fait le prix de l’existence, à savoir sa fin dernière et son but supérieur, sans lesquels la vie n’est elle-même que de la mort déguisée.
Ravir sa foi à son semblable est pire que de lui voler son argent ou sa maison, pire que de lui prendre la vie. C’est détruire le toit sur sa tête, le sol sous ses pieds. Vous tremblez à l’idée que vos enfants se trouvent un jour dans la vie, sans nourriture et sans abri. Comment pouvez-vous supporter l’idée qu’ils soient sans foi ? Celui-là seul qui ne croit pas à sa destinée, est véritablement sans feu ni lieu.
Ce qu’un homme a de plus précieux, c’est la Foi. Tout est contenu là. L’Amour n’est si grand que parce qu’il contient la Foi implicitement. Si vous ne croyez ni au monde, ni à l’homme, ni à l’avenir, si votre credo tient en ce cri : Tout est vanité ! vous aimez dans le néant, d’un cœur mal assuré. Tous ceux qui aiment pour de bon, définitivement, ont mis dans leur amour quelque chose de ce pain de vie que procure la Foi invincible.
Où est le bien, où est le mal, où est la norme des idées et des actes ? La voici : Tout ce qui augmente en nous la Foi, agrandit notre horizon, donne à l’homme une plus haute conception du prix de la vie, et un plus ferme courage pour travailler en espérant, est bon.
Tout ce qui diminue sa confiance, ralentit son entrain, raccourcit sa vue, l’abaisse à ses propres yeux et le décourage, est mauvais.