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L'ami : $b dialogues intérieurs

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ASSIEDS-TOI DANS LE SILENCE

— L’avenir est loin ; la marche en avant, pénible, la tâche, immense, et nos moyens, misérables. Il y a des heures où la lassitude nous gagne.

L’Ami. — En ces heures, arrête-toi pour reprendre des forces ! Ne t’obstine pas, même au labeur sacré ! Tu fournirais un travail médiocre dont la fragilité nuirait à la cause et à ton courage. Pense au réconfort ! Fais une halte !

Constituons une solitude aimée où notre idéal soit compris, afin de nous y consoler des rudes contacts, des mépris et des anathèmes. Reprenons barre au foyer qui réchauffe notre âme ! Exposons-la au rayon bienfaisant, à la rosée rafraîchissante ! Quittons la foule dévorante, afin de refaire des provisions ; laissons là les contradicteurs, pour la retraite accueillante et l’accord !

O Béthanie ! O Thabor ! ô nuits sur la montagne ! ô douces intimités ! agapes où tous sont un même cœur ! Nous avons besoin de vous comme l’enfant, du sein maternel ; le pèlerin, de l’auberge ; l’exilé, de la patrie !

O selige Oed’ auf sonniger Höh ![1]

[1] O bienheureux désert, sur la hauteur ensoleillée !

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