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L'ami : $b dialogues intérieurs

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CONFESSION MÉCANIQUE

L’Ami. — J’estime dangereuses pour la vie intérieure ces formules où l’on s’accuse en bloc de tous les péchés imaginables.

— Pourquoi ? n’y a-t-il pas un fruit à espérer de ce retour navré sur notre misère morale ?

L’Ami. — S’il était vrai, oui. Et encore ne faut-il rien exagérer. Accentuons dans le sens de l’encouragement ! Relevons l’homme en lui inspirant confiance en son moi supérieur ! Ne le replongeons pas perpétuellement dans sa souillure, sous prétexte de le sanctifier !

Prenons exemple sur Jésus ! Il connaissait nos tares ; et cependant il emploie des procédés plutôt optimistes. Quand il dit : « Va, ne pèche plus ! » on sent qu’il nous en croit capables.

— Mais ces déclarations, ces aveux en gros ne m’inspirent qu’une médiocre confiance. Avec un peu d’exercice, vous parvenez à les répéter, sans sortir de l’attitude confortable d’une âme de juste endurci.

A ces habitués de la confession globale, se proclamant en théorie des monstres devant Dieu, signalez une faute pratique, une tache fraîche, et voyez comme on vous recevra ! C’est un fait d’observation courante que les milieux où la corruption générale de l’humanité est le mieux admise et enseignée, sont extrêmement pointilleux quand il s’agit de reconnaître simplement une erreur, une faute, une simple vétille. L’humilité ne consiste pas à s’accuser des plus graves généralités, mais à convenir de ses manquements de détail. Or ici, je le crains, le gros nuit au détail.

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