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L'ami : $b dialogues intérieurs

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CONFUSIONS

L’Ami. — Les incertitudes de la foi ne proviennent pas seulement de l’obscurité de la vie, du nombre et de l’étendue des problèmes dressés devant nous. Une de leurs sources les plus fécondes est la confusion d’idées.

Il y a dans les esprits d’étranges préventions et de bizarres malentendus au sujet de la Foi.

Ce seul vocable : « je crois », par la diversité des sens qu’il comporte, peut donner lieu à toutes sortes de méprises. Je crois peut signifier : je suppose. La foi, dans ce cas, serait l’hypothèse. Et plusieurs l’entendent bien ainsi. Mais l’hypothèse n’offre qu’une sécurité relative, et beaucoup préfèrent n’en point faire.

Nous avons ensuite la Foi du charbonnier, qui accepte sur parole et sans contrôle. Tout le monde ne peut s’y résigner.

On confond encore la foi et la croyance : erreur parfois dangereuse. La croyance est l’enveloppe intellectuelle de la Foi.

Par un procédé légitime et conforme à nos besoins, la foi, d’âge en âge, enfante la croyance. Secrète en elle-même, incommunicable en son essence, la foi se manifeste et se répand dans le monde par le symbole. Toute croyance est un symbole. Sa valeur dépend de la vigueur avec laquelle elle exprime, nourrit, provoque la foi.

Mais si elle est indispensable, la croyance est modifiable. Les croyances passent, la Foi demeure.

C’est un grand malheur, quand la croyance, cristallisée, perd la souplesse qui lui permet de traduire la foi, conformément à la mentalité changeante des époques successives. Son office est de parler la langue de chacun, se faisant tout à tous, afin de faire vibrer à travers les voix éphémères des générations « un son d’éternité ». Mais le plus grand malheur arrive là où la croyance demeure quand la foi s’est enfuie. Alors c’est le mensonge déconcertant installé en plein sanctuaire. La croyance morte tue la foi et l’empêche de renaître.

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