L'ami : $b dialogues intérieurs
MIRACLES
Das Wunder ist des Glaubens liebstes Kind.
(Le miracle est l’enfant le plus cher de la Foi.)
(Gœthe.)
L’Ami. — Les miracles sont comme les fleurs de la prairie. Pour les bœufs, les fleurs, c’est du foin. Pour l’abeille, munie d’organes subtils, ce sont des calices pleins de miel. Un récit merveilleux contient un trésor d’âme, appréciable pour l’âme seule qui s’en nourrit. Broyé par la meule et jeté dans la cornue des constatations massives, il ne révèle pas son divin secret. Il reste un fait vulgaire, ou une fiction absurde.
Au fond, le miracle est l’affirmation de cette vérité : Aucune situation n’est sans issue. Malgré l’étreinte de la fatalité, et les impasses du désespoir, il reste toujours une porte de sortie. L’Esprit, ici, affirme sa victoire sur le monde.
— Est-ce arrivé ? Est-ce possible ?
L’Ami. — Questions à côté. Demande plutôt quel est le sens. Les faux miracles se reconnaissent à ceci : Ils n’ont point de sens.