L'ami : $b dialogues intérieurs
SCHISME
Mes frères se mordent et se déchirent entre eux. S’ils correspondent ensemble de loin, c’est par anathèmes et flèches empoisonnées… Et moi je les aime tous. Quel supplice ! Il me semble qu’ils s’entredévorent dans mon cœur.
Oh ! le schisme des esprits, l’horrible déchirure qui traverse jusqu’en ses fibres le tissu de l’humanité ! Elle m’a scindé comme une étoffe. Les lambeaux vivants aspirent à se rejoindre. Du sein des divisions, je tends les bras vers des amis inconnus. Je voudrais briser les obstacles, franchir les abîmes, et je souffre, je souffre !
L’Ami. — Sort douloureux ! Un autre le partage. C’est Celui qui, sur eux tous, fait lever son soleil et descendre sa rosée. En cette compagnie, console-toi. Mais que ta peine ne soit point stérile ! Dans toute douleur vaillante, un monde nouveau s’élabore et lentement mûrit pour l’avenir.
Bâtis-la dans ton âme, la haute cité de paix, en pleine rumeur des batailles, au milieu des cris de discorde ! Unis en secret ce que sépare le monde ! Élargis ta pensée ; transforme dans ton for intérieur, les rivalités en collaboration ! Ramène, associe, fusionne, garde la Foi et prépare l’Unité !