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L'ami : $b dialogues intérieurs

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LE SOUTIEN DE L’ESPRIT

L’Ami. — N’attends pas de moi que je diminue en rien la valeur des espérances d’outre-tombe ! Elles sont parmi les biens les plus précieux de l’humanité. Il fait bon, des noirs sillons sur lesquels nous peinons pour l’avenir, lever le front vers cet accomplissement définitif où toute blessure sera guérie, tout abîme comblé. Malheur à celui qui prétend fermer à l’homme la trouée bleue sur la vie infinie ! J’aimerais mieux être une pauvre brute et mourir ce soir, qu’un homme sans espérance éternelle, avec des siècles d’existence terrestre assurée devant moi, des siècles où se creuserait, sans cesse plus irrémédiable au fond de moi, l’insupportable sentiment de mon néant.

Et cependant ce n’est pas dans cette attente ferme des accomplissements dans l’au-delà que consiste le soutien de l’Esprit. Celui-là vaut par lui-même et se suffit. Il y a une certaine manière de concevoir les choses, qui leur confère l’équilibre à tous les degrés de l’être, et qui nous fait participer à la plénitude divine.

Si l’apôtre Paul a pu dire : « Je voudrais être anathème pour mon peuple », il était sous l’empire d’une vertu spirituelle qui plane au-dessus même du bonheur éternel, considéré comme un bien lointain et attendu de l’avenir. Pour parler ainsi, il faut le posséder en soi.


La paix de l’âme, c’est la clef du monde. Toutes choses, par elle, sont coordonnées et mises à leur place. Le douloureux problème de la vie s’y résout en harmonie.

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