L'ami : $b dialogues intérieurs
L’ÉPÉE DE DAMOCLÈS
L’Ami. — Un doute — et combien en est-il de justes, de légitimes, que la raison et la conscience nous inspirent et qu’il n’est pas bon d’écarter ? — un doute sur un point de doctrine suffirait-il pour couper un homme de sa base d’approvisionnement spirituel ? Une découverte physique, une question d’authenticité de textes, résolue contre notre croyance, auraient-elles le pouvoir de faire écrouler dans une âme ce qui fait sa force, son soutien, sa vie ?
Est-il admissible que d’une cornue de laboratoire sorte cette déclaration qu’il n’y a pas d’avenir ni d’espérance pour l’humanité ? Que, par impossible, un parchemin inconnu surgisse d’un couvent d’Asie, un papyrus d’un tombeau d’Égypte, et détruise par la base nos idées sur les Évangiles et ses miracles principaux, y compris des faits, jusqu’ici tenus pour certains, de la vie de Jésus ! Quels que soient l’ordre et la portée d’un semblable événement, est-il tolérable de penser que l’humanité en soit atteinte dans ses œuvres vives ? Non, un tel état de choses ne saurait s’admettre.
L’épée de Damoclès peut être suspendue sur nos têtes, s’il s’agit du succès d’une entreprise déterminée.
Mais l’Univers et la Destinée humaine ne dépendent pas d’un fil qui se rompt ou résiste.
Or, nous vivons sous l’épée de Damoclès, tant que la chute d’une croyance peut entraîner celle de notre base même ; tant que le coucher d’un astre, si brillant qu’il fût, si longue qu’ait été sa carrière, peut amener pour nous la nuit éternelle.
Où est le Salut ? Dans la Foi seule.