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Les amours du temps passé

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III
GRIGRI

Histoire véritable traduite du japonais en portugais, par Didaque-Hadeczuca, compagnon d'un missionnaire à Yendo, et du portugais en français par l'abbé ***, aumônier d'un vaisseau hollandais, dernière édition, moins correcte que les premières. Épigraphe: «Ridiculum acri fortius et melius magnas plerumque secat res. Hor. lib. 1, sat. 10.» Deux parties; à Nangazaki, de l'imprimerie de Klnporzenkru, seul imprimeur du très-auguste Cubo, l'an du monde 59749.

Je ne sais pas si je suis conformé autrement que mes lecteurs, mais il me semble que toute l'énorme fantaisie déployée dans ce titre est chose bien répugnante, bien indigeste. Telles furent pourtant les formules adoptées après la vogue des romans turcs et chinois de Crébillon le fils, qui lui-même avait donné, mais plus sobrement, dans ce système de plaisanterie. Grigri est un adolescent timide qui brigue la main de la reine Amétiste. Pour le faciliter dans ses prétentions, une fée, sa marraine, lui a fait cadeau d'une montre merveilleuse qui sonne toutes les fois qu'il s'apprête à dire quelques sottises, et d'un anneau qui lui serre le doigt toutes les fois qu'il est sur le point d'en faire. On voit d'ici les scènes embarrassées et comiques qui découlent de ce point de départ. Grigri serait d'une lecture supportable, si la chasse à l'ingénieux n'y était pas poursuivie avec une persistance qui n'aboutit souvent qu'au forcé et à l'inintelligible. Ce défaut enlève toute portée aux situations un peu libres que l'auteur a prétendu y représenter.

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