Les amours du temps passé
XXIV
L'ODALISQUE
Ouvrage traduit du turc par Voltaire. A Constantinople, chez Ibrahim Bectas, imprimeur du grand visir, auprès de la mosquée de Sainte-Sophie. Avec privilége de sa Hautesse et du Muphti. 1796. In-32 de soixante-quinze pages, sur papier fort, quatre gravures avec renvois aux pages correspondantes.
Le nom de Voltaire couvre impudemment une spéculation scandaleuse et des épisodes sans esprit. On lit dans un Avis de l'éditeur placé au début:
«Voltaire a composé cet ouvrage à quatre-vingt-deux ans. Le manuscrit nous a été remis par son secrétaire intime, ce qui nous autorise à assurer l'authenticité de ce que nous annonçons. On verra qu'il nous aurait été facile de faire disparaître quelques expressions énergiques, mais une froide périphrase n'aurait pas aussi bien rendu l'expression du personnage. Au surplus, nous pensons qu'il faut respecter un grand homme jusque dans les écarts de son imagination.»
Il est impossible de se laisser prendre à ce piége vulgaire; l'Odalisque est un récit absolument dépourvu d'intérêt. Zéni est une petite fille que l'on élève pour la couche du Sultan; un eunuque, nommé Zulphicara, devient amoureux d'elle; de là, des descriptions de sérail, des scènes de jalousie. Ce n'est pas autre chose que cela.
Sur la page du titre, au milieu d'un cadre de fleurs et d'oiseaux, un J, un F et un M majuscules sont entrelacés. Ce chiffre nous fait supposer que l'éditeur de l'Odalisque pourrait bien être Jean-François Mayeur, assez coutumier de ces indignes supercheries.