Les amours de Faustine : $b Poésies latines traduites pour la première fois et publiées avec une introduction et des notes par Thierry Sandre
XVII
FAUSTINÆ VELUT QUODDAM INESSE AMORIS
NUMEN
XVII
QU’EN FAUSTINE IL Y A UNE ESPÈCE DE FORCE
D’AMOUR TOUTE DIVINE
C’est à cause de toi, à cause de tes yeux, que naguère, ô ma déesse, l’Amour aveuglé s’en allait au hasard, sans son arc, et le carquois vide[11].
Avec ses traits dont tu t’es armée, dieux, hommes et bêtes, tu courbais tout sous les ordres de ton rigoureux empire.
Les vieillards, non ! ils ne tirèrent aucun profit de leur pondération et de leur expérience, et rien ne leur servit d’avoir dans un corps fatigué un sang affaibli.
Non, l’étude de la sagesse ne fut pas une garantie pour les savants, ni leur pourpre pour les cardinaux, ni leur bouclier pour le cœur, solide cependant, des capitaines.
Tout se soumit. Soumis aussi les hommes d’état et leurs tourments ! Et la vertu déposa son visage chagrin.
Mais à présent, ah ! grands dieux ! la divine puissance d’amour est en prison. Et il n’y a plus que le farouche Mars et les guerres sauvages qui nous séduisent.