Les amours de Faustine : $b Poésies latines traduites pour la première fois et publiées avec une introduction et des notes par Thierry Sandre
IV
RAPTUS FAUSTINÆ
IV
L’ENLÈVEMENT DE FAUSTINE
Telle qu’autrefois Proserpine sur un char infernal, pendant qu’à l’aventure elle errait, ô Enna[7], par tes ravins boisés,
ainsi, de nuit, tout récemment, on a enlevé Faustine en voiture, pendant qu’elle laissait ouverte — ah ! folie ! — la porte de sa maison.
On l’a enlevée, malheureux que je suis ! Dans un cachot impénétrable on l’a enfermée, et maintenant elle gémit dans le lit odieux d’un époux.
Et maintenant, lui, ce rustre, comme s’il avait enlevé une vierge il triomphe, hélas, et il se réjouit de ma peine,
tandis qu’une pauvre mère affolée court par la ville et passe la nuit devant des portes inconnues
en n’appelant que toi, Faustine, en cherchant ta retraite, comme chercha sa fille, à ce qu’on dit, la bienfaisante Cérès.
Quant à moi, que le cruel Désir brûle d’un feu constant, je suis hors de moi, comme une bacchante qu’excite son dieu familier.
Et je n’hésiterais pas, non ! Dût-on même briser des portes de bronze et faire sauter à coups de poing, dans la nuit, de solides verrous,
j’entrerais chez toi avec des armes. Ou bien, s’il fallait qu’à ce point la Fortune poussât ma peine, je subirais jusqu’au bout les chaînes de l’audacieux Pirithoüs[8].