Les amours de Faustine : $b Poésies latines traduites pour la première fois et publiées avec une introduction et des notes par Thierry Sandre
VI
AD JANUAM FAUSTINÆ
VI
A LA PORTE DE FAUSTINE
La voici, la voici, cette affreuse maison qui enferme mes amours. Ah ! trop et trop cruelle porte !
C’est toi, insensible à mes plaisirs et à mes jeux et à mes amusements, c’est toi qui par tes chaînes m’empêches d’être heureux.
Quant à l’affreux vieillard, maintenant peut-être, ô délicates lèvres de rose, il vous suce, et dans ses bras, ô tendre corps, il te presse.
Et moi cependant, errant, hagard, sans âme et sans volonté, devant la porte que je connais j’use le sol, pendant la nuit, à force d’y passer.
Je cherche autour de moi, avec des yeux de Lyncée, si quelque fente ne va point par fortune s’ouvrir à mon regard.
Mais aucune ne s’ouvre ; ou, si quelqu’une s’ouvre, tout est silencieux : j’ai beau appeler, je ne vois point de passage où passer.
Malheur de moi ! puisque je ne trouve aucun moyen d’arriver jusqu’au sein chéri de ma maîtresse, même par la toiture.