Les amours de Faustine : $b Poésies latines traduites pour la première fois et publiées avec une introduction et des notes par Thierry Sandre
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DE POETARUM AMORIBUS AD GORDIUM
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AMOURS DE POÈTES
(A GORDES)
Gordes, que j’aime plus que mes yeux, tout ce que fut Lesbie, Délie et Corinne, tout ce que fut Cynthie et tout ce que fut Lycoris, tout ce que fut Stella, Nina, et récemment Néère, Laure et Candide, ou Gélonis (car il faut que je cite aussi nos maîtresses), et Cassandre, rivale de Laure, autre maîtresse, tout ce que fut Pasithée, et naguère la jolie Melline, et Olive que mes vers ont chantée, (s’il y a place au milieu d’elles pour Olive), voilà ce qu’est ma Faustine, voilà ce qu’est ma Colombe, voilà ce qu’est ta Faustine, voilà ce qu’est ta Colombe.[19]
C’est pour cette raison qu’à présent Je voudrais qu’on trouvât ici, Gordes, et tout ce qu’a chanté le tendre Catulle, et tout ce qu’a chanté le tendre Tibulle, tout ce que chante Ovide, et Properce, et Gallus, et Jovian, et Actius, tout ce que chante Marulle, et Pétrarque, tout ce que chante Bèze et que chante Macrin, (car il faut que je cite aussi nos poëtes), et Ronsard, qui est majestueux, et le majestueux Thyard, et le délicat Baïf ; et pour moi, (s’il y a ma place au milieu de ces poëtes qui ont fait leurs preuves), je souhaiterais recouvrer mes ardeurs de jadis, Gordes, afin de pouvoir mieux célébrer et ma Faustine et ma Colombe, et ta Faustine et ta Colombe.