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Les amours de Faustine : $b Poésies latines traduites pour la première fois et publiées avec une introduction et des notes par Thierry Sandre

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XXVI
DE POETARUM AMORIBUS AD GORDIUM

Gordi, plus oculis amate nobis,
Quicquid Lesbia, Delia, et Corinna,
Quicquid Cynthia, quicquid et Lycoris,
Quicquid Stella, Nina, et recens Neæra,
Laura, et Candida, vel fuit Gelonis,
(Ut nostras quoque nominem puellas)
Cassandra æmula Laureæ puellæ,
Quicquid Pasithea, et venusta nuper
Mellina, et numenis Oliva nostris
Dicta (si locus inter has Olivæ)
Hoc Faustina mea, hoc mea est Columba.
Hoc Faustina tua, hoc tua est Columba :
Ob id nunc cupiam hîc adesse, Gordi,
Et quicquid cecinit tener Catullus,
Et quicquid cecinit tener Tibullus,
Quicquid Naso canit, Propertiusque,
Gallus, et Jovianus, Actiusque,
Quicquid ipse Marullus, et Petrarca,
Quicquid Beza canit, canit Macrinus,
(Ut nostros quoque nominem poëtas)
Ronsardus gravis, et gravis Thyardus,
Mollis Baifius, mihique (si quis
Probatos locus inter est poëtas)
Optarim veteres meos calores,
Gordi, ut sic melius queam referre,
Faustinamque meam, et meam Columbam,
Faustinamque tuam, et tuam Columbam.

XXVI
AMOURS DE POÈTES
(A GORDES)

Gordes, que j’aime plus que mes yeux, tout ce que fut Lesbie, Délie et Corinne, tout ce que fut Cynthie et tout ce que fut Lycoris, tout ce que fut Stella, Nina, et récemment Néère, Laure et Candide, ou Gélonis (car il faut que je cite aussi nos maîtresses), et Cassandre, rivale de Laure, autre maîtresse, tout ce que fut Pasithée, et naguère la jolie Melline, et Olive que mes vers ont chantée, (s’il y a place au milieu d’elles pour Olive), voilà ce qu’est ma Faustine, voilà ce qu’est ma Colombe, voilà ce qu’est ta Faustine, voilà ce qu’est ta Colombe.[19]

C’est pour cette raison qu’à présent Je voudrais qu’on trouvât ici, Gordes, et tout ce qu’a chanté le tendre Catulle, et tout ce qu’a chanté le tendre Tibulle, tout ce que chante Ovide, et Properce, et Gallus, et Jovian, et Actius, tout ce que chante Marulle, et Pétrarque, tout ce que chante Bèze et que chante Macrin, (car il faut que je cite aussi nos poëtes), et Ronsard, qui est majestueux, et le majestueux Thyard, et le délicat Baïf ; et pour moi, (s’il y a ma place au milieu de ces poëtes qui ont fait leurs preuves), je souhaiterais recouvrer mes ardeurs de jadis, Gordes, afin de pouvoir mieux célébrer et ma Faustine et ma Colombe, et ta Faustine et ta Colombe.

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