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Les amours de Faustine : $b Poésies latines traduites pour la première fois et publiées avec une introduction et des notes par Thierry Sandre

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XXV
BASIA FAUSTINÆ

Cum tu ad basia nostra sic reflectis
Cervicem niveam, Columba, pœti
Molle ut nescio quid natent ocelli,
Præ desiderio mihi liquescit
Ipsa pene anima, in tuumque sensim
Prorsus exanimis sinum relabor.
Admotis sed ubi hinc et hinc labellis,
Udo tramite mutuum recursant
Linguæ, et ambrosios anhelo ab ore
Flores carpere mi licet beato,
Tunc mi, tunc videor Jovis tonantis
Assidere epulis, sacrumque nectar
Haurire intrepide, Deum sodalis.
Si summis bona proxima, o Columba,
Præbes tam facilis beato amanti,
Cur tu summa negas misello, et una
Misellum facis, et facis beatum ?
Num forsan metuis Deus fruendo
Ipse ne efficiar, velimque solus
Te sine Elysios videre campos ?
Hunc, hunc pone metum, venusta, bella,
Vitæ dimidium meæ, Columba :
Nam quæcunque oculos tuos tenebit
Sedes, illa mihi domos Deorum,
Et campos referet beatiores.

XXV
LES BAISERS DE FAUSTINE[17]

Lorsque vers mes baisers tu tends et plies ton cou de neige, ô Colombe, avec ces yeux mi-clos qui ont je ne sais quel air noyé de tendresse, sous le désir mon âme se fond totalement, et, peu à peu, sur ta poitrine, je perds conscience et je retombe. Mais lorsque nos lèvres, tantôt jointes et tantôt retirées, font un sentier humide où s’animent à tour de rôle nos langues, et que, sur ta bouche pâmée, je peux dans mon bonheur cueillir des fleurs d’armoise, alors, oui ! alors il me semble, ô Jupiter tonnant, que je suis à ta table et, ô nectar sacré, que je te bois à longs traits en compagnie des dieux.

Ce sont là les joies les plus proches des plus grandes, ô Colombe ! Et, puisque tu les offres avec tant de complaisance à ton bienheureux amant, pourquoi lui refuser les plus grandes, pauvret, et du même temps faire un pauvret de lui, et faire un bienheureux ? Crains-tu par hasard qu’une telle jouissance me transforme en dieu ? et que je veuille m’en aller seul pour voir sans toi les champs élysées ? Allons, allons ! quitte cette crainte, ô gracieuse, jolie, moitié de ma vie, ô Colombe. Tu le sais : qu’un endroit charme seulement tes yeux, il devient pour moi le palais des dieux et les champs du plus grand bonheur[18].

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