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Les amours de Faustine : $b Poésies latines traduites pour la première fois et publiées avec une introduction et des notes par Thierry Sandre

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V
FAUSTINAM PRIMAM FUISSE QUAM ROMÆ ADAMAVERIT

Ipse tuas nuper temnebam, Roma, puellas :
Nullaque erat tanto de grege bella mihi.
Et jam quarta Ceres capiti nova serta parabat,
Nec dederam sævo colla superba jugo.
Risit cæcus Amor. Tu verro hanc, inquit, amato.
Faustinam nobis indicat ille simul.
Indicat, et volucrem nervo stridente sagittam
Infixit nobis corda sub ima puer.
Nec satis hoc ; tradit formosam in vincla puellam,
Et sacræ cogit claustra subire domus.
Haud prius illa tamen nobis erepta fuit, quam
Venit in amplexus terque quaterque meos.
Scilicet hoc Cypris nos acrius urit, et ipse
Altius in nostro pectore regnat Amor.

V
QUE FAUSTINE EST LA PREMIÈRE FEMME DONT IL SE SOIT ÉPRIS A ROME

C’est bien moi, Rome, naguère, qui dédaignais tes jeunes femmes. Nulle dans une société si nombreuse n’était jolie à mes yeux.

Déjà, pour la quatrième fois, Cérès se préparait des couronnes de fleurs nouvelles, et je n’avais pas encore donné ma nuque insolente à l’impitoyable joug.

L’Amour, qu’on ne voit pas, se mit à rire. « Or çà ! dit-il, voici une femme : aime-la. » En même temps, il me montre Faustine.

Il me la montre. La corde de l’arc retentit, et l’Enfant me planta un trait rapide en plein cœur.

Ce n’était pas assez. Voici qu’il livre aux chaînes la belle fille, et il la soumet de force aux verrous d’un couvent.

Néanmoins, elle ne me fut pas si tôt enlevée qu’elle ne fût d’abord venue dans mes bras jusqu’à trois et quatre fois.

On comprend donc que Cypris plus âprement me brûle et que plus profondément ancré dans ma poitrine règne l’Amour.

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