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Les amours de Faustine : $b Poésies latines traduites pour la première fois et publiées avec une introduction et des notes par Thierry Sandre

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XIX
QUOMODO RAPTA FUERIT FAUSTINA

Cum te crudelis nuper nil tale merentem
Materno conjux velleret e gremio,
Tendentemque manus traheret, passisque capillis,
Quid tibi tunc sensus, quid tibi mentis erat ?
Fama est flebilibus mæstam te ululasse querelis,
Sæpius et nomen congeminasse meum,
Et nunc crudelem demissa voce maritum,
Nunc matrem lacrymis sollicitasse piis.
Stat ferus ille tamen, spernitque precantia verba,
Verba vel immanes apta movere feras.
Hei mihi, cur mæstis cum impleres questibus urbem,
Non potui infœlix obvius esse tibi !
Haud secus atque olim furiata mente Corœbus,
Cassandram cum Ajax impius extraheret,
Tunc me injecissem medium moriturus in agmen,
Nullaque mors toto notior orbe foret.

XIX
COMMENT FAUSTINE A ÉTÉ ENLEVÉE

Quand naguère, — et avec quelle cruauté, bien que tu ne méritasses point un pareil traitement ! — ton époux t’arracha des bras de ta mère,

quand il t’entraîna, les mains tendues et les cheveux épars, qu’as-tu senti alors ? et qu’as-tu pensé ?

On dit que, dans ta détresse, tu poussais des plaintes à faire pleurer, et souvent mon nom revenait au milieu de tes gémissements,

et tantôt tu t’adressais d’une voix brisée à ce mari cruel, et tantôt tu suppliais ta mère avec des larmes légitimes.

Mais lui, le brutal, de tenir bon, et de repousser tes prières, et c’étaient des prières capables d’émouvoir même des bêtes sauvages.

Hélas ! lorsque tu emplissais la ville de tes cris de détresse, pourquoi n’ai-je pas pu, infortuné, me trouver sur ta route ?

J’aurais fait ce que fit Corèbe jadis, dans un coup de folie, comme l’impie Ajax emmenait Cassandre[12].

Oui ! je me serais jeté au milieu de ton escorte, au risque d’y mourir, et il n’y aurait pas eu de mort plus illustre dans le monde entier.

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