Le livre des lotus entr'ouverts
SOUS LE VOILE DU SOMMEIL SIMULÉ
Elle s’était dévêtue et elle s’était endormie auprès de moi. Son corps me paraissait plus long qu’à l’ordinaire. J’avais perdu la raison en voyant ma bien-aimée dévêtue et endormie auprès de moi.
Je n’osais pas bouger de peur de l’éveiller. La lampe avait perdu la raison comme moi, car elle jetait de grandes flammes qui dansaient sur les étoffes de soie et sur le corps nu de ma bien-aimée.
Comme moi-même et comme la lampe, ma bien-aimée était enivrée par le sommeil car soudain, d’un geste machinal et négligent, elle parcourut mon corps avec la main.
Et les étoffes, le lit d’acajou et les étoiles à la fenêtre devinrent ivres à leur tour et tourbillonnèrent autour de moi quand je vis que ma bien-aimée ne dormait pas et que ses prunelles luisaient entre ses paupières demi fermées.