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Le livre des lotus entr'ouverts

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LA CHARITÉ DE PADMANI

J’ai trouvé la robe déchirée d’un pauvre sur la barrière de mon jardin. Le pauvre lui-même appuyé sur son bâton s’éloignait sur le chemin avec une singulière légèreté, revêtu d’un manteau à broderies et à franges qui ressemblait à mon plus beau manteau.

« J’ai fait manger le pauvre et je l’ai fait boire, me dit Padmani avec un visage serein. Je l’ai conduit dans la piscine et il a fumé ton houka. Et comme son manteau était déchiré je lui ai donné un manteau à broderies et à franges, car il convient d’être charitable. » « Tout ce que tu fais est bien fait », ai-je répondu.

« Quand je lui ai eu donné cela, reprit Padmani, j’ai vu que le pauvre était aussi pauvre qu’avant. Il me faisait tant de peine que j’ai voulu qu’il emportât une richesse inusitée, la richesse d’un beau souvenir et je me suis donnée à lui. » Ainsi parla Padmani, avec simplicité et elle allait, s’occupant de petites choses, dans la maison.

Alors j’ai médité sur la charité et sur la connaissance du bien et du mal qu’il n’est pas donné aux femmes d’avoir. « Quel âge pouvait avoir ce pauvre ? » ai-je demandé tristement. Padmani a éclaté de rire : « Comment pourrai-je me souvenir de cela ? Je n’ai vu que ses yeux qui pleuraient. » J’ai médité encore sur la charité.

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