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Le livre des lotus entr'ouverts

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UNE SILHOUETTE BLANCHE QUI S’ENFUIT

C’était un pas léger que j’avais entendu sur les feuilles mortes. C’était une silhouette blanche que j’avais vue s’enfuir au bout de l’allée. J’ai été seule toute la journée, me dit-elle, et les heures m’ont paru longues. Et elle souriait en montrant ses dents comme si elle avait envie de mordre à un invisible fruit.

Je désirais tellement qu’elle expliquât d’une façon naturelle cette silhouette blanche au fond de l’allée que je lui dis : Est-ce que Taswir, la joueuse de vina, n’est pas venue tout à l’heure jouer avec toi. Mais elle me répondit étourdiment : « Non, il y a bien des jours que je n’ai pas vu Taswir, la joueuse de vina. »

Elle me regardait avec des prunelles pleines d’amour et au milieu des coussins j’aperçus un de ces foulards bigarrés en mousseline légère comme ont coutume de mettre autour de leur cou, les jeunes hommes du Népal. Mais déjà elle m’avait fait asseoir sur ces coussins et elle passait ses bras autour de mon cou. O mystère du cœur de la femme !

N’as-tu pas soif, mon bien-aimé ? dit-elle encore. Et elle prit la jarre de vin et je vis que sur le plateau il y avait deux verres et qu’on avait bu dans tous les deux. Ses yeux étaient tranquilles, sa main ne tremblait pas quand elle m’a tendu le verre, et moi j’ai bu longuement, j’ai bu avec ivresse. O mystère du cœur de l’homme !

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