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Œuvres de P. Corneille, Tome 07

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ACTE V.


SCÈNE PREMIÈRE.

PULCHÉRIE, JUSTINE.

PULCHÉRIE.

Justine, plus j'y pense, et plus je m'inquiète:

Je crains de n'avoir plus une amour si parfaite,

Et que si de Léon on me fait un époux,

Un bien si désiré ne me soit plus si doux. 1440

Je ne sais si le rang m'auroit fait changer d'âme;

Mais je tremble à penser que je serois sa femme,

Et qu'on n'épouse point l'amant le plus chéri,

Qu'on ne se fasse un maître aussitôt qu'un mari.

J'aimerois à régner avec l'indépendance 1445

Que des vrais souverains s'assure la prudence;

Je voudrois que le ciel inspirât au sénat

De me laisser moi seule à gouverner l'État,

De m'épargner ce maître, et vois d'un œil d'envie [412]

Toujours Sémiramis, et toujours Zénobie. 1450

On triompha de l'une; et pour Sémiramis,

Elle usurpa le nom et l'habit de son fils;

Et sous l'obscurité d'une longue tutelle,

Cet habit et ce nom régnoient tous deux plus qu'elle.

Mais mon cœur de leur sort n'en est pas moins jaloux: 1455

C'étoit régner enfin, et régner sans époux.

Le triomphe n'en fait qu'affermir la mémoire;

Et le déguisement n'en détruit point la gloire.

JUSTINE.

Que les choses bientôt prendroient un autre tour

Si le sénat prenoit le parti de l'amour! 1460

Que bientôt.... Mais je vois Aspar avec mon père.

PULCHÉRIE.

Sachons d'eux quel destin le ciel vient de me faire.

SCÈNE II.

MARTIAN, ASPAR, PULCHÉRIE, JUSTINE.

MARTIAN.

Madame, le sénat nous députe tous deux

Pour vous jurer encor qu'il suivra tous vos vœux.

Après qu'entre vos mains il a remis l'empire,1465

C'est faire un attentat que de vous rien prescrire;

Et son respect vous prie une seconde fois

De lui donner vous seule un maître à votre choix.

PULCHÉRIE.

Il pouvoit le choisir.

MARTIAN.

Il s'en défend l'audace,

Madame; et sur ce point il vous demande grâce.1470

PULCHÉRIE.

Pourquoi donc m'en fait-il une nécessité?

MARTIAN.

Pour donner plus de force à votre autorité.

PULCHÉRIE.

Son zèle est grand pour elle: il faut le satisfaire.

Et lui mieux obéir qu'il n'a daigné me plaire.

Sexe, ton sort en moi ne peut se démentir: 1475

Pour être souveraine il faut m'assujettir,

En [413] montant sur le trône entrer dans l'esclavage,

Et recevoir des lois de qui me rend hommage.

Allez, dans quelques jours je vous ferai savoir

Le choix que par son ordre aura fait mon devoir.1480

ASPAR.

Il tiendroit à faveur et bien haute et bien rare

De le savoir, Madame, avant qu'il se sépare.

PULCHÉRIE.

Quoi? pas un seul moment pour en délibérer.

Mais je ferois un crime à le plus différer;

Il vaut mieux, pour essai de ma toute-puissance,1485

Montrer un digne effet de pleine obéissance.

Retirez-vous, Aspar: vous aurez votre tour.

SCÈNE III.

PULCHÉRIE, MARTIAN, JUSTINE.

PULCHÉRIE.

On m'a dit que pour moi vous aviez de l'amour,

Seigneur; seroit-il vrai?

MARTIAN.

Qui vous l'a dit, Madame?

PULCHÉRIE.

Vos services, mes yeux, le trouble de votre âme,1490

L'exil que mon hymen vous devoit imposer:

Sont-ce là des témoins, Seigneur, à récuser?

MARTIAN.

C'est donc à moi, Madame, à confesser mon crime.

L'amour naît aisément du zèle et de l'estime;

Et l'assiduité près d'un charmant objet1495

N'attend point notre aveu pour faire son effet.

Il m'est honteux d'aimer; il vous l'est d'être aimée

D'un homme dont la vie est déjà consumée,

Qui ne vit qu'à regret depuis qu'il a pu voir

Jusqu'où ses yeux charmés ont trahi son devoir. 1500

Mon cœur, qu'un si long âge en mettoit hors d'alarmes,

S'est vu livré par eux à ces dangereux charmes.

En vain, Madame, en vain je m'en suis défendu;

En vain j'ai su me taire après m'être rendu:

On m'a forcé d'aimer, on me force à le dire. 1505

Depuis plus de dix ans je languis, je soupire,

Sans que de tout l'excès d'un si long déplaisir

Vous ayez pu surprendre une larme, un soupir;

Mais enfin la langueur qu'on voit sur mon visage

Est encor plus l'effet de l'amour que de l'âge. 1510

Il faut faire un heureux, le jour n'en est pas loin:

Pardonnez à l'horreur d'en être le témoin,

Si mes maux et ce feu digne de votre haine

Cherchent dans un exil leur remède, et sa peine.

Adieu: vivez heureuse; et si tant de jaloux.... 1515

PULCHÉRIE.

Ne partez pas, Seigneur, je les tromperai tous;

Et puisque de ce choix aucun ne me dispense,

Il est fait, et de tel à qui pas un ne pense.

MARTIAN.

Quel qu'il soit, il sera l'arrêt de mon trépas,

Madame.

PULCHÉRIE.

Encore un coup, ne vous éloignez pas.1520

Seigneur, jusques ici vous m'avez bien servie;

Vos lumières ont fait tout l'éclat de ma vie;

La vôtre s'est usée à me favoriser:

Il faut encor plus faire, il faut....

MARTIAN.

Quoi?

PULCHÉRIE.

M'épouser.

MARTIAN.

Moi, Madame?

PULCHÉRIE.

Oui, Seigneur; c'est le plus grand service

Que vos soins puissent rendre à votre impératrice.

Non qu'en m'offrant à vous je réponde à vos feux

Jusques à souhaiter des fils et des neveux:

Mon aïeul, dont partout les hauts faits retentissent,

Voudra bien qu'avec moi ses descendants finissent, 1530

Que j'en sois la dernière, et ferme dignement

D'un si grand empereur l'auguste monument.

Qu'on ne prétende plus que ma gloire s'expose

A laisser des Césars du sang de Théodose.

Qu'ai-je affaire de race à me déshonorer, 1535

Moi qui n'ai que trop vu ce sang dégénérer,

Et que s'il est fécond en illustres princesses,

Dans les princes qu'il forme il n'a que des foiblesses?

Ce n'est pas que Léon, choisi pour souverain,

Pour me rendre à mon rang n'eût obtenu ma main.

Mon amour, à ce prix, se fût rendu justice;

Mais puisqu'on m'a sans lui nommée impératrice,

Je dois à ce haut rang d'assez nobles projets

Pour n'admettre en mon lit aucun de mes sujets.

Je ne veux plus d'époux, mais il m'en faut une ombre,

Qui des Césars pour moi puisse grossir le nombre;

Un mari qui content d'être au-dessus des rois,

Me donne ses clartés, et dispense mes lois;

Qui n'étant en effet que mon premier ministre,

Pare ce que sous moi l'on craindroit de sinistre,1550

Et pour tenir en bride un peuple sans raison,

Paroisse mon époux, et n'en ait que le nom.

Vous m'entendez, Seigneur, et c'est assez vous dire.

Prêtez-moi votre main [414], je vous donne l'empire:

Éblouissons le peuple, et vivons entre nous 1555

Comme s'il n'étoit point d'épouses ni d'époux.

Si ce n'est posséder l'objet de votre [415] flamme,

C'est vous rendre du moins le maître de son âme,

L'ôter à vos rivaux, vous mettre au-dessus d'eux,

Et de tous mes amants vous voir le plus heureux.1560

MARTIAN.

Madame....

PULCHÉRIE.

A vos hauts faits je dois ce grand salaire;

Et j'acquitte envers vous et l'État et mon frère.

MARTIAN.

Auroit-on jamais cru, Madame...?

PULCHÉRIE.

Allez, Seigneur,

Allez en plein sénat faire voir l'Empereur.

Il demeure assemblé pour recevoir son maître:1565

Allez-y de ma part vous faire reconnoître;

Ou si votre souhait ne répond pas au mien,

Faites grâce à mon sexe, et ne m'en dites rien.

MARTIAN.

Souffrez qu'à vos genoux, Madame....

PULCHÉRIE.

Allez, vous dis-je:

Je m'oblige encor plus que je ne vous oblige; 1570

Et mon cœur qui vous vient d'ouvrir ses sentiments,

N'en veut ni de refus ni de remercîments.

SCÈNE IV.

PULCHÉRIE, ASPAR, JUSTINE.

PULCHÉRIE.

Faites rentrer Aspar [416]. Que faites-vous d'Irène?

Quand l'épouserez-vous? Ce mot vous fait-il peine?

Vous ne répondez point?

ASPAR.

Non, Madame, et je doi 1575

Ce respect aux bontés que vous avez pour moi.

Qui se tait obéit.

PULCHÉRIE.

J'aime assez qu'on s'explique.

Les silences de cour ont de la politique.

Sitôt que nous parlons, qui consent applaudit,

Et c'est en se taisant que l'on nous contredit [417]. 1580

Le temps m'éclaircira de ce que je soupçonne.

Cependant j'ai fait choix de l'époux qu'on m'ordonne.

Léon vous faisoit peine, et j'ai dompté l'amour,

Pour vous donner un maître admiré dans la cour,

Adoré dans l'armée, et que de cet empire 1585

Les plus fermes soutiens feroient gloire d'élire:

C'est Martian.

ASPAR.

Tout vieil et tout cassé qu'il est!

PULCHÉRIE.

Tout vieil et tout cassé, je l'épouse; il me plaît.

J'ai mes raisons. Au reste, il a besoin d'un gendre

Qui partage avec lui les soins qu'il lui faut prendre, 1590

Qui soutienne des ans penchés dans [418] le tombeau,

Et qui porte sous lui la moitié du fardeau.

Qui jugeriez-vous propre à remplir cette place?

Une seconde fois vous paroissez de glace!

ASPAR.

Madame, Aréobinde et Procope tous deux 1595

Ont engagé leur cœur et formé d'autres vœux:

Sans cela je dirois....

PULCHÉRIE.

Et sans cela moi-même

J'élèverois Aspar à cet honneur suprême;

Mais quand il seroit homme à pouvoir aisément

Renoncer aux douceurs de son attachement, 1600

Justine n'auroit pas une âme assez hardie

Pour accepter un cœur noirci de perfidie,

Et vous regarderoit comme un volage esprit

Toujours prêt à donner où la fortune rit.

N'en savez-vous aucun de qui l'ardeur fidèle....1605

ASPAR.

Madame, vos bontés choisiront mieux pour elle;

Comme pour Martian elles nous ont surpris,

Elles sauront encor surprendre nos esprits.

Je vous laisse en résoudre.

PULCHÉRIE.

Allez; et pour Irène,

Si vous ne sentez rien en l'âme qui vous gêne,1610

Ne faites plus douter de vos longues amours,

Ou je dispose d'elle avant qu'il soit deux jours.

SCÈNE V.

PULCHÉRIE, JUSTINE.

PULCHÉRIE.

Ce n'est pas encor tout, Justine: je veux faire

Le malheureux Léon successeur de ton père.

Y contribueras-tu? prêteras-tu la main 1615

Au glorieux succès d'un si noble dessein?

JUSTINE.

Et la main et le cœur sont en votre puissance,

Madame: doutez-vous de mon obéissance,

Après que par votre ordre il m'a déjà coûté

Un conseil contre vous qui doit l'avoir flatté? 1620

PULCHÉRIE.

Achevons: le voici. Je réponds de ton père;

Son cœur est trop à moi pour nous être contraire.

SCÈNE VI.

PULCHÉRIE, LÉON, JUSTINE.

LÉON.

Je me le disois bien, que vos nouveaux serments,

Madame, ne seroient que des amusements.

PULCHÉRIE.

Vous commencez d'un air....

LÉON.

J'achèverai de même, 1625

Ingrate! ce n'est plus ce Léon qui vous aime;

Non, ce n'est plus....

PULCHÉRIE.

Sachez....

LÉON.

Je ne veux rien savoir,

Et je n'apporte ici ni respect ni devoir.

L'impétueuse ardeur d'une rage inquiète

N'y vient que mériter la mort que je souhaite; 1630

Et les emportements de ma juste fureur

Ne m'y parlent de vous que pour m'en faire horreur.

Oui, comme Pulchérie et comme impératrice,

Vous n'avez eu pour moi que détour, qu'injustice:

Si vos fausses bontés ont su me décevoir, 1635

Vos serments m'ont réduit au dernier désespoir.

PULCHÉRIE.

Ah! Léon.

LÉON.

Par quel art, que je ne puis comprendre,

Forcez-vous d'un soupir ma fureur à se rendre?

Un coup d'œil en triomphe; et dès que je vous voi,

Il ne me souvient plus de vos manques de foi. 1640

Ma bouche se refuse à vous nommer parjure,

Ma douleur se défend jusqu'au moindre murmure;

Et l'affreux désespoir qui m'amène en ces lieux

Cède au plaisir secret d'y mourir à vos yeux.

J'y vais mourir, Madame, et d'amour, non de rage:

De mon dernier soupir recevez l'humble hommage [419];

Et si de votre rang la fierté le permet,

Recevez-le, de grâce, avec quelque regret.

Jamais fidèle ardeur n'approcha de ma flamme,

Jamais frivole espoir ne flatta mieux une âme. 1650

Je ne méritois pas qu'il eût aucun effet,

Ni qu'un amour si pur se vît mieux satisfait.

Mais quand vous m'avez dit: «Quelque ordre qu'on me donne,

Nul autre ne sera maître de ma personne,»

J'ai dû me le promettre; et toutefois, hélas!1655

Vous passez dès demain, Madame, en d'autres bras;

Et dès ce même jour, vous perdez la mémoire

De ce que vos bontés me commandoient de croire!

PULCHÉRIE.

Non, je ne la perds pas, et sais ce que je doi.

Prenez des sentiments qui soient dignes de moi,1660

Et ne m'accusez point de manquer de parole,

Quand pour vous la tenir moi-même je m'immole.

LÉON.

Quoi? vous n'épousez pas Martian dès demain?

PULCHÉRIE.

Savez-vous à quel prix je lui donne la main?

LÉON.

Que m'importe à quel prix un tel bonheur s'achète? 1665

PULCHÉRIE.

Sortez, sortez du trouble où votre erreur vous jette,

Et sachez qu'avec moi ce grand titre d'époux

N'a point de privilége à vous rendre jaloux;

Que sous l'illusion de ce faux hyménée,

Je fais vœu de mourir telle que je suis née;1670

Que Martian reçoit et ma main et ma foi

Pour me conserver toute, et tout l'empire à moi;

Et que tout le pouvoir que cette foi lui donne

Ne le fera jamais maître de ma personne.

Est-ce tenir parole? et reconnoissez-vous 1675

A quel point je vous sers quand j'en fais mon époux?

C'est pour vous qu'en ses mains je dépose l'empire;

C'est pour vous le garder qu'il me plaît de l'élire [420].

Rendez-vous, comme lui, digne de ce dépôt,

Que son âge penchant vous remettra bientôt; 1680

Suivez-le pas à pas; et marchant dans sa route,

Mettez ce premier rang après lui hors de doute.

Étudiez sous lui ce grand art de régner,

Que tout autre auroit peine à vous mieux enseigner;

Et pour vous assurer ce que j'en veux attendre, 1685

Attachez-vous au trône, et faites-vous son gendre:

Je vous donne Justine.

LÉON.

A moi, Madame!

PULCHÉRIE.

A vous,

Que je m'étois promis moi-même pour époux.

LÉON.

Ce n'est donc pas assez de vous avoir perdue,

De voir en d'autres mains la main qui m'étoit due, 1690

Il faut aimer ailleurs!

PULCHÉRIE.

Il faut être empereur,

Et le sceptre à la main, justifier mon cœur;

Montrer à l'univers, dans le héros que j'aime,

Tout ce qui rend un front digne du diadème;

Vous mettre, à mon exemple, au-dessus de l'amour,

Et par mon ordre enfin régner à votre tour.

Justine a du mérite, elle est jeune, elle est belle:

Tous vos rivaux pour moi le vont être pour elle;

Et l'empire pour dot est un trait si charmant,

Que je ne vous en puis répondre qu'un moment. 1700

LÉON.

Oui, Madame, après vous elle est incomparable:

Elle est de votre cœur la plus considérable;

Elle a des qualités à se faire adorer,

Mais, hélas! jusqu'à vous j'avois droit d'aspirer.

Voulez-vous qu'à vos yeux je trompe un tel mérite, 1705

Que sans amour pour elle à m'aimer je l'invite,

Qu'en vous laissant mon cœur je demande le sien,

Et lui promette tout pour ne lui donner rien?

PULCHÉRIE.

Et ne savez-vous pas qu'il est des hyménées

Que font sans nous au ciel les belles destinées? 1710

Quand il veut que l'effet en éclate ici-bas,

Lui-même il nous entraîne où nous ne pensions pas;

Et dès qu'il les résout, il sait trouver la voie

De nous faire accepter ses ordres avec joie.

LÉON.

Mais ne vous aimer plus! vous voler tous mes vœux!

PULCHÉRIE.

Aimez-moi, j'y consens; je dis plus, je le veux,

Mais comme impératrice, et non plus comme amante:

Que la passion cesse, et que le zèle augmente.

Justine, qui m'écoute, agréera bien, Seigneur,

Que je conserve ainsi ma part en votre cœur. 1720

Je connois tout le sien. Rendez-vous plus traitable,

Pour apprendre à l'aimer autant qu'elle est aimable;

Et laissez-vous conduire à qui sait mieux que vous

Les chemins de vous faire un sort illustre et doux.

Croyez-en votre amante et votre impératrice: 1725

L'une aime vos vertus, l'autre leur rend justice;

Et sur Justine et vous je dois pouvoir assez

Pour vous dire à tous deux: «Je parle, obéissez.»

LÉON [421].

J'obéis donc, Madame, à cet ordre suprême,

Pour vous offrir un cœur qui n'est pas à lui-même; 1730

Mais enfin je ne sais quand je pourrai donner

Ce que je ne puis même offrir sans le gêner;

Et cette offre d'un cœur entre les mains d'une autre [422]

Ne peut faire un amour qui mérite le vôtre.

JUSTINE.

Il est assez à moi, dans de si bonnes mains, 1735

Pour n'en point redouter de vrais et longs dédains;

Et je vous répondrois d'une amitié sincère,

Si j'en avois l'aveu de l'Empereur mon père.

Le temps fait tout, Seigneur.

SCÈNE VII.

PULCHÉRIE, MARTIAN, LÉON, JUSTINE.

MARTIAN.

D'une commune voix,

Madame, le sénat accepte votre choix. 1740

A vos bontés pour moi son allégresse unie

Soupire après le jour de la cérémonie;

Et le serment prêté, pour n'en retarder rien,

A votre auguste nom vient de mêler le mien.

PULCHÉRIE.

Cependant j'ai sans vous disposé de Justine, 1745

Seigneur, et c'est Léon à qui je la destine.

MARTIAN.

Pourrois-je lui choisir un plus illustre époux

Que celui que l'amour avoit choisi pour vous?

Il peut prendre après vous tout pouvoir dans l'empire,

S'y faire des emplois où l'univers l'admire, 1750

Afin que par votre ordre et les conseils d'Aspar

Nous l'installions au trône et le nommions César.

PULCHÉRIE.

Allons tout préparer pour ce double hyménée,

En ordonner la pompe, en choisir la journée.

D'Irène avec Aspar j'en voudrois faire autant; 1755

Mais j'ai donné deux jours à cet esprit flottant,

Et laisse jusque-là ma faveur incertaine,

Pour régler son destin sur le destin d'Irène.

FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE.

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