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Œuvres de P. Corneille, Tome 07

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ACTE IV.


SCÈNE PREMIÈRE.

ORMÈNE, EURYDICE.

ORMÈNE.

Oui, votre intelligence à demi découverte

Met votre Suréna sur le bord de sa perte.

Je l'ai su de Sillace; et j'ai lieu de douter

Qu'il n'ait, s'il faut tout dire, ordre de l'arrêter.1060

EURYDICE.

On n'oseroit, Ormène; on n'oseroit.

ORMÈNE.

Madame,

Croyez-en un peu moins votre fermeté d'âme.

Un héros arrêté n'a que deux bras à lui,

Et souvent trop de gloire est un débile appui.

EURYDICE.

Je sais que le mérite est sujet à l'envie, 1065

Que son chagrin s'attache à la plus belle vie.

Mais sur quelle apparence oses-tu présumer

Qu'on pourroit...?

ORMÈNE.

Il vous aime, et s'en est fait aimer.

EURYDICE.

Qui l'a dit?

ORMÈNE.

Vous et lui: c'est son crime et le vôtre.

Il refuse Mandane, et n'en veut aucune autre;1070

On sait que vous aimez; on ignore l'amant:

Madame, tout cela parle trop clairement.

EURYDICE.

Ce sont de vains soupçons qu'avec moi tu hasardes.

SCÈNE II.

EURYDICE, PALMIS, ORMÈNE.

PALMIS.

Madame, à chaque porte on a posé des gardes:

Rien n'entre, rien ne sort qu'avec ordre du Roi.1075

EURYDICE.

Qu'importe? et quel sujet en prenez-vous d'effroi?

PALMIS.

Ou quelque grand orage à nous troubler s'apprête,

Ou l'on en veut, Madame, à quelque grande tête:

Je tremble pour mon frère.

EURYDICE.

A quel propos trembler?

Un roi qui lui doit tout voudroit-il l'accabler?1080

PALMIS.

Vous le figurez-vous à tel point insensible,

Que de son alliance un refus si visible...?

EURYDICE.

Un si rare service a su le prévenir

Qu'il doit récompenser avant que de punir.

PALMIS.

Il le doit; mais après une pareille offense,1085

Il est rare qu'on songe à la reconnoissance,

Et par un tel mépris le service effacé

Ne tient plus d'yeux ouverts sur ce qui s'est passé.

EURYDICE.

Pour la sœur d'un héros, c'est être bien timide.

PALMIS.

L'amante a-t-elle droit d'être plus intrépide? 1090

EURYDICE.

L'amante d'un héros aime à lui ressembler,

Et voit ainsi que lui ses périls sans trembler.

PALMIS.

Vous vous flattez, Madame: elle a de la tendresse

Que leur idée étonne, et leur image blesse;

Et ce que dans sa perte elle prend d'intérêt 1095

Ne sauroit sans désordre en attendre l'arrêt.

Cette mâle vigueur de constance héroïque

N'est point une vertu dont le sexe se pique,

Ou s'il peut jusque-là porter sa fermeté,

Ce qu'il appelle amour n'est qu'une dureté. 1100

Si vous aimiez mon frère, on verroit quelque alarme:

Il vous échapperoit un soupir, une larme,

Qui marqueroit du moins un sentiment jaloux

Qu'une sœur se montrât plus sensible que vous.

Dieux! je donne l'exemple, et l'on s'en peut défendre!

Je le donne à des yeux qui ne daignent le prendre!

Auroit-on jamais cru qu'on pût voir quelque jour

Les nœuds du sang plus forts que les nœuds de l'amour?

Mais j'ai tort, et la perte est pour vous moins amère:

On recouvre un amant plus aisément qu'un frère [473]; 1110

Et si je perds celui que le ciel me donna,

Quand j'en recouvrerois, seroit-ce un Suréna?

EURYDICE.

Et si j'avois perdu cet amant qu'on menace,

Seroit-ce un Suréna qui rempliroit sa place?

Pensez-vous qu'exposée à de si rudes coups, 1115

J'en soupire au dedans, et tremble moins que vous?

Mon intrépidité n'est qu'un effort de gloire,

Que, tout fier qu'il paroît, mon cœur n'en veut pas croire.

Il est tendre, et ne rend ce tribut qu'à regret

Au juste et dur orgueil qu'il dément en secret. 1120

Oui, s'il en faut parler avec une âme ouverte,

Je pense voir déjà l'appareil de sa perte,

De ce héros si cher; et ce mortel ennui

N'ose plus aspirer qu'à mourir avec lui.

PALMIS.

Avec moins de chaleur, vous pourriez bien plus faire.

Acceptez mon amant pour conserver mon frère,

Madame; et puisqu'enfin il vous faut l'épouser,

Tâchez, par politique, à vous y disposer.

EURYDICE.

Mon amour est trop fort pour cette politique:

Tout entier on l'a vu, tout entier il s'explique;1130

Et le prince sait trop ce que j'ai dans le cœur,

Pour recevoir ma main comme un parfait bonheur.

J'aime ailleurs, et l'ai dit trop haut pour m'en dédire,

Avant qu'en sa faveur tout cet amour expire.

C'est avoir trop parlé; mais dût se perdre tout,1135

Je me tiendrai parole, et j'irai jusqu'au bout.

PALMIS.

Ainsi donc vous voulez que ce héros périsse?

EURYDICE.

Pourroit-on en venir jusqu'à cette injustice?

PALMIS.

Madame, il répondra de toutes vos rigueurs,

Et du trop d'union [474] où s'obstinent vos cœurs. 1140

Rendez heureux le prince, il n'est plus sa victime;

Qu'il se donne à Mandane, il n'aura plus de crime.

EURYDICE.

Qu'il s'y donne, Madame, et ne m'en dise rien,

Ou si son cœur encor peut dépendre du mien,

Qu'il attende à l'aimer que ma haine cessée 1145

Vers l'amour de son frère ait tourné ma pensée.

Résolvez-le vous-même à me désobéir;

Forcez-moi, s'il se peut, moi-même à le haïr:

A force de raisons faites-m'en un rebelle;

Accablez-le de pleurs pour le rendre infidèle; 1150

Par pitié, par tendresse, appliquez tous vos soins

A me mettre en état de l'aimer un peu moins:

J'achèverai le reste. A quelque point qu'on aime,

Quand le feu diminue, il s'éteint de lui-même.

PALMIS.

Le prince vient, Madame, et n'a pas grand besoin,1155

Dans son amour pour vous, d'un odieux témoin:

Vous pourrez mieux sans moi flatter son espérance,

Mieux en notre faveur tourner sa déférence;

Et ce que je prévois me fait assez souffrir,

Sans y joindre les vœux qu'il cherche à vous offrir.1160

SCÈNE III.

PACORUS, EURYDICE, ORMÈNE.

EURYDICE.

Est-ce pour moi, Seigneur, qu'on fait garde à vos portes?

Pour assurer ma fuite, ai-je ici des escortes?

Ou si ce grand hymen, pour ses derniers apprêts....

PACORUS.

Madame, ainsi que vous chacun a ses secrets.

Ceux que vous honorez de votre confidence 1165

Observent par votre ordre un généreux silence.

Le Roi suit votre exemple; et si c'est vous gêner,

Comme nous devinons, vous pouvez deviner.

EURYDICE.

Qui devine est souvent sujet à se méprendre.

PACORUS.

Si je devine mal, je sais à qui m'en prendre; 1170

Et comme votre amour n'est que trop évident,

Si je n'en sais l'objet, j'en sais le confident.

Il est le plus coupable: un amant peut se taire;

Mais d'un sujet au Roi, c'est crime qu'un mystère.

Qui connoît un obstacle au bonheur de l'État, 1175

Tant qu'il le tient caché commet un attentat.

Ainsi ce confident.... Vous m'entendez, Madame,

Et je vois dans les yeux ce qui se passe en l'âme.

EURYDICE.

S'il a ma confidence, il a mon amitié;

Et je lui dois, Seigneur, du moins quelque pitié.1180

PACORUS.

Ce sentiment est juste, et même je veux croire

Qu'un cœur comme le vôtre a droit d'en faire gloire;

Mais ce trouble, Madame, et cette émotion,

N'ont-ils rien de plus fort que la compassion?

Et quand de ses périls l'ombre vous intéresse, 1185

Qu'une pitié si prompte en sa faveur vous presse,

Un si cher confident ne fait-il point douter

De l'amant ou de lui qui les peut exciter?

EURYDICE.

Qu'importe? et quel besoin de les confondre ensemble,

Quand ce n'est que pour vous, après tout, que je tremble?

PACORUS.

Quoi? vous me menacez moi-même [475] à votre tour!

Et les emportements de votre aveugle amour....

EURYDICE.

Je m'emporte et m'aveugle un peu moins qu'on ne pense:

Pour l'avouer vous-même, entrons en confidence.

Seigneur, je vous regarde en qualité d'époux: 1195

Ma main ne sauroit être et ne sera qu'à vous;

Mes vœux y sont déjà, tout mon cœur y veut être:

Dès que je le pourrai, je vous en ferai maître;

Et si pour s'y réduire il me fait différer,

Cet amant si chéri n'en peut rien espérer. 1200

Je ne serai qu'à vous, qui que ce soit que j'aime,

A moins qu'à vous quitter vous m'obligiez vous-même;

Mais s'il faut que le temps m'apprenne à vous aimer,

Il ne me l'apprendra qu'à force d'estimer;

Et si vous me forcez à perdre cette estime, 1205

Si votre impatience ose aller jusqu'au crime....

Vous m'entendez, Seigneur, et c'est vous dire assez

D'où me viennent pour vous ces vœux intéressés.

J'ai part à votre gloire, et je tremble pour elle

Que vous ne la souilliez d'une tache éternelle, 1210

Que le barbare éclat d'un indigne soupçon

Ne fasse à l'univers détester votre nom,

Et que vous ne veuilliez [476] sortir d'inquiétude

Par une épouvantable et noire ingratitude.

Pourrois-je après cela vous conserver ma foi, 1215

Comme si vous étiez encor digne de moi;

Recevoir sans horreur l'offre d'une couronne,

Toute fumante encor du sang qui vous la donne,

Et m'exposer en proie aux fureurs des Romains,

Quand pour les repousser vous n'aurez plus [477] de mains?

Si Crassus est défait, Rome n'est pas détruite:

D'autres ont ramassé les débris de sa fuite,

De nouveaux escadrons leur vont enfler le cœur,

Et vous avez besoin encor de son vainqueur.

Voilà ce que pour vous craint une destinée 1225

Qui se doit bientôt voir à la vôtre enchaînée,

Et deviendroit infâme à se vouloir unir

Qu'à des rois dont on puisse aimer le souvenir.

PACORUS.

Tout ce que vous craignez est en votre puissance,

Madame; il ne vous faut qu'un peu d'obéissance, 1230

Qu'exécuter demain ce qu'un père a promis:

L'amant, le confident, n'auront plus d'ennemis.

C'est de quoi tout mon cœur de nouveau vous conjure [478],

Par les tendres respects d'une flamme si pure,

Ces assidus respects, qui sans cesse bravés, 1235

Ne peuvent obtenir ce que vous me devez,

Par tout ce qu'a de rude un orgueil inflexible,

Par tous les maux que souffre....

EURYDICE.

Et moi, suis-je insensible?

Livre-t-on à mon cœur de moins rudes combats?

Seigneur, je suis aimée, et vous ne l'êtes pas. 1240

Mon devoir vous prépare un assuré remède,

Quand il n'en peut souffrir au mal qui me possède;

Et pour finir le vôtre, il ne veut qu'un moment,

Quand il faut que le mien dure éternellement.

PACORUS.

Ce moment quelquefois est difficile à prendre, 1245

Madame; et si le Roi se lasse de l'attendre,

Pour venger le mépris de son autorité,

Songez à ce que peut un monarque irrité.

EURYDICE.

Ma vie est en ses mains, et de son grand courage

Il peut montrer sur elle un glorieux ouvrage. 1250

PACORUS.

Traitez-le mieux, de grâce, et ne vous alarmez

Que pour la sûreté de ce que vous aimez.

Le Roi sait votre foible et le trouble que porte

Le péril d'un amant dans l'âme la plus forte.

EURYDICE.

C'est mon foible, il est vrai; mais si j'ai de l'amour,

J'ai du cœur, et pourrois le mettre en son plein jour.

Ce grand roi cependant prend une aimable voie

Pour me faire accepter ses ordres avec joie!

Pensez-y mieux, de grâce; et songez qu'au besoin

Un pas hors du devoir nous peut mener bien loin.1260

Après ce premier pas, ce pas qui seul nous gêne,

L'amour rompt aisément le reste de sa chaîne;

Et tyran à son tour du devoir méprisé,

Il s'applaudit longtemps du joug qu'il a brisé.

PACORUS.

Madame....

EURYDICE.

Après cela, Seigneur, je me retire, 1265

Et s'il vous reste encor quelque chose à me dire,

Pour éviter l'éclat d'un orgueil imprudent,

Je vous laisse achever avec mon confident.

SCÈNE IV.

PACORUS, SURÉNA.

PACORUS.

Suréna, je me plains, et j'ai lieu de me plaindre.

SURÉNA.

De moi, Seigneur?

PACORUS.

De vous. Il n'est plus temps de feindre:

Malgré tous vos détours on sait la vérité;

Et j'attendois de vous plus de sincérité,

Moi qui mettois en vous ma confiance entière,

Et ne voulois souffrir aucune autre lumière.

L'amour dans sa prudence est toujours indiscret;1275

A force de se taire il trahit son secret:

Le soin de le cacher découvre ce qu'il cache,

Et son silence dit tout ce qu'il craint qu'on sache.

Ne cachez plus le vôtre, il est connu de tous,

Et toute votre adresse a parlé contre vous. 1280

SURÉNA.

Puisque vous vous plaignez, la plainte est légitime,

Seigneur; mais après tout j'ignore encor mon crime.

PACORUS.

Vous refusez Mandane avec tant de respect,

Qu'il est trop raisonné pour n'être point suspect.

Avant qu'on vous l'offrît vos raisons étoient prêtes,1285

Et jamais on n'a vu de refus plus honnêtes;

Mais ces honnêtetés ne font pas moins rougir:

Il falloit tout promettre, et la laisser agir;

Il falloit espérer de son orgueil sévère

Un juste désaveu des volontés d'un père, 1290

Et l'aigrir par des vœux si froids, si mal conçus,

Qu'elle usurpât sur vous la gloire du refus.

Vous avez mieux aimé tenter un artifice

Qui pût mettre Palmis où doit être Eurydice,

En me donnant le change attirer mon courroux, 1295

Et montrer quel objet vous réservez pour vous.

Mais vous auriez mieux fait d'appliquer tant d'adresse

A remettre au devoir l'esprit de la princesse:

Vous en avez eu l'ordre, et j'en suis plus haï

C'est pour un bon sujet avoir bien obéi.1300

SURÉNA.

Je le vois bien, Seigneur: qu'on m'aime, qu'on vous aime,

Qu'on ne vous aime pas, que je n'aime pas même,

Tout m'est compté pour crime; et je dois seul au Roi

Répondre de Palmis, d'Eurydice et de moi:

Comme si je pouvois sur une âme enflammée 1305

Ce qu'on me voit pouvoir sur tout un corps d'armée,

Et qu'un cœur ne fût pas plus pénible à tourner

Que les Romains à vaincre, ou qu'un sceptre à donner.

Sans faire un nouveau crime, oserai-je vous dire

Que l'empire des cœurs n'est pas de votre empire,1310

Et que l'amour, jaloux de son autorité,

Ne reconnoît ni roi ni souveraineté?

Il hait tous les emplois où la force l'appelle:

Dès qu'on le violente, on en fait un rebelle;

Et je suis criminel de ne pas triompher [479], 1315

Quand vous-même, Seigneur, ne pouvez l'étouffer!

Changez-en par votre ordre à tel point le caprice,

Qu'Eurydice vous aime, et Palmis vous haïsse;

Ou rendez votre cœur à vos lois si soumis,

Qu'il dédaigne Eurydice, et retourne [480] à Palmis.1320

Tout ce que vous pourrez ou sur vous ou sur elles

Rendra mes actions d'autant plus criminelles;

Mais sur elles, sur vous si vous ne pouvez rien,

Des crimes de l'amour ne faites plus le mien.

PACORUS.

Je pardonne à l'amour les crimes qu'il fait faire; 1325

Mais je n'excuse point ceux qu'il s'obstine à taire,

Qui cachés avec soin se commettent longtemps,

Et tiennent près des rois de secrets mécontents.

Un sujet qui se voit le rival de son maître,

Quelque étude qu'il perde à ne le point paroître,1330

Ne pousse aucun soupir sans faire un attentat;

Et d'un crime d'amour il en fait un d'État.

Il a besoin de grâce, et surtout quand on l'aime

Jusqu'à se révolter contre le diadème,

Jusqu'à servir d'obstacle au bonheur général. 1335

SURÉNA.

Oui; mais quand de son maître on lui fait un rival;

Qu'il aimoit [481] le premier; qu'en dépit de sa flamme,

Il cède, aimé qu'il est, ce qu'adore son âme;

Qu'il renonce à l'espoir, dédit sa passion:

Est-il digne de grâce, ou de compassion? 1340

PACORUS.

Qui cède ce qu'il aime est digne qu'on le loue;

Mais il ne cède rien, quand on l'en désavoue;

Et les illusions d'un si faux compliment

Ne méritent qu'un long et vrai ressentiment.

SURÉNA.

Tout à l'heure, Seigneur, vous me parliez de grâce,1345

Et déjà vous passez jusques à la menace!

La grâce est aux grands cœurs honteuse à recevoir;

La menace n'a rien qui les puisse émouvoir.

Tandis que hors des murs ma suite est dispersée,

Que la garde au dedans par Sillace est placée,1350

Que le peuple s'attend à me voir arrêter,

Si quelqu'un en a l'ordre, il peut l'exécuter.

Qu'on veuille mon épée, ou qu'on veuille ma tête,

Dites un mot, Seigneur, et l'une et l'autre est prête:

Je n'ai goutte de sang qui ne soit à mon roi; 1355

Et si l'on m'ose perdre, il perdra plus que moi.

J'ai vécu pour ma gloire autant qu'il falloit vivre,

Et laisse un grand exemple à qui pourra me suivre;

Mais si vous me livrez à vos chagrins jaloux,

Je n'aurai pas peut-être assez vécu pour vous. 1360

PACORUS.

Suréna, mes pareils n'aiment point ces manières:

Ce sont fausses vertus que des vertus si fières.

Après tant de hauts faits et d'exploits signalés,

Le Roi ne peut douter de ce que vous valez;

Il ne veut point vous perdre: épargnez-vous la peine

D'attirer sa colère et mériter ma haine;

Donnez à vos égaux l'exemple d'obéir,

Plutôt que d'un amour qui cherche à vous trahir.

Il sied bien aux grands cœurs de paroître intrépides,

De donner à l'orgueil plus qu'aux vertus solides;1370

Mais souvent ces grands cœurs n'en font que mieux leur cour [482]

A paroître au besoin maîtres de leur amour.

Recevez cet avis d'une amitié fidèle.

Ce soir la Reine arrive, et Mandane avec elle.

Je ne demande point le secret de vos feux;1375

Mais songez bien qu'un roi, quand il dit: «Je le veux....»

Adieu: ce mot suffit, et vous devez m'entendre.

SURÉNA.

Je fais plus, je prévois ce que j'en dois attendre:

Je l'attends sans frayeur; et quel qu'en soit le cours,

J'aurai soin de ma gloire; ordonnez de mes jours. 1380

FIN DU QUATRIÈME ACTE.

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