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Le chat de misère: Idées et images

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Il fut un temps où l'Académie française pouvait conférer sinon la gloire, du moins une notoriété soudaine, en couronnant (vieux style) une œuvre littéraire. Il semble bien que ce ne soit plus en son pouvoir. Elle distribue trop de récompenses, le public s'y perd, ne sait plus discerner, entre tant d'œuvres élues, la véritable. Puis l'Académie est vraiment devenue trop académique et trop amie de la vertu et des convenances.

On ne sait jamais si ce sont des valeurs morales ou des valeurs littéraires qui ont fixé son choix; mais ce que l'on sait bien, c'est que les premières n'ont souvent pour effet que de gâter les secondes. Bref, un prix de l'Académie ne signifie plus rien et le public a tourné son attention vers ceux que décernent une académie à côté et diverses associations littéraires. Qui aura le prix Goncourt? C'est un petit événement. On en parle, au moins, entre écrivains, les éditeurs de romans s'émeuvent, les amis de ces académiciens ultra-libres sont interrogés, parfois sollicités en raison de l'influence qu'on leur suppose. Certes, le montant du prix est pour beaucoup dans l'intérêt que ce prix excite, mais je crois tout de même qu'il possède encore une valeur littéraire. Hélas! on s'en lassera. Un jour viendra probablement où le jugement de l'Académie Goncourt n'aura plus qu'une valeur pécuniaire, et peut-être est-ce déjà celle-là que lui attribuent les lauréats. L'argent finit toujours par être le maître. Le vieux Goncourt a bien vu qu'il renforce singulièrement le poids d'un jugement esthétique.


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