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Le chat de misère: Idées et images

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C'était hier l'Assemblée générale de la Société des Amis du Muséum, qui ne se termine pas platement, comme les ordinaires assemblées, par des compliments votés aux membres du bureau, mais bien par une séance de cinématographe des plus curieuses. C'était la vie des petits mammifères au fond de leurs tannières, des reptiles, des insectes, des larves, des bêtes qui commencent leur évolution dans l'eau pour la terminer dans les airs, comme la libellule. Cet étang vert, calme, d'où de temps en temps, une bulle monte à la surface, n'en scrutez pas la profondeur, on s'y bat, on s'y dévore, on y exerce toutes les cruautés. Les animaux sont vraiment encore plus féroces que les hommes. Rien n'arrête une bête qui a faim. Il faut qu'elle mange et pour manger il faut qu'elle tue. Dans nos sociétés, on appelle criminels ceux qui en sont réduits là. Dans les sociétés animales, carnivores, c'est l'être normal qui doit agir ainsi. Presque toujours, il est à la fois chasseur et proie. Il poursuit et on le poursuit. On le mange au moment qu'il va manger. Dans le ventre gonflé d'un brochet, on trouve des poissons qui ont eux-mêmes d'autres poissons dans le ventre. La nature est un massacre universel et mutuel. Vue de près et avec des yeux exacts, c'est un véritable spectacle d'horreur. Elle finirait par faire aimer l'homme, et ce n'est pas peu dire. Après toutes ces scènes de cannibalisme, il fut agréable de voir, grossis selon leurs mouvements et non selon leur forme, s'opérer la croissance des végétaux. Nous observions en quelques minutes ce qui s'espace dans la réalité sur plusieurs semaines, d'où une rapidité extraordinaire. C'est très difficile à expliquer et fort fantastique. D'autres films nous firent voir le torrent de la circulation du sang, qui n'est pas un vain mot, et d'autres choses mystérieuses dont ce sera la gloire du cinématographe, de nous les avoir dévoilées.


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