Psychologie des temps nouveaux
CHAPITRE II
La dictature du prolétariat et ses illusions.
La conception de la dictature du prolétariat, ou en d’autres termes, de la dictature des masses, est une conséquence assez naturelle de l’illusion qui fait attribuer la supériorité intellectuelle au nombre. D’après cette théorie, beaucoup d’hommes réunis acquerraient des facultés spéciales que ne posséderait aucun d’eux à l’état isolé. Théorie d’ailleurs exactement contraire à ce que révèle l’étude de la psychologie collective.
Certains idéologues reconnaissent au nombre, non pas seulement la puissance matérielle et intellectuelle mais encore des facultés véritablement transcendantes.
Pareille conception n’était guère soutenue jadis que par des politiciens dont les croyances limitaient fort l’horizon mental. Il est donc un peu surprenant de voir le président Wilson supposer aux peuples des facultés très hautes dont seraient dépourvus les individus isolés.
Après avoir constaté dans un de ses discours l’imprévoyance de beaucoup de chefs d’État, l’honorable président ajoutait :
« La vision de ce qui est nécessaire pour entreprendre les grandes réformes a rarement été accordée à ceux qui dominent les nations… L’Europe est secouée dans ses entrailles à l’heure actuelle, car elle s’aperçoit que les hommes d’État n’ont pas de vision et que seuls les peuples ont eu la vision. »
L’assertion relative au défaut fréquent de perspicacité des diplomates et des chefs d’État n’est pas contestable. Celle concernant les facultés de prévision des peuples constitue une erreur psychologique choquante. Qu’une collectivité voie plus juste que l’individu est une conception absolument contraire aux lois, bien connues aujourd’hui, de la psychologie des foules.
A ne considérer même que les événements actuels, où sont les peuples ayant manifesté une vision juste de leurs intérêts ? La nation allemande tout entière poussait à la guerre et l’accepta avec enthousiasme. C’est avec le même enthousiasme que le peuple russe accueillit la révolution bolcheviste qui devait plonger dans une profonde misère les classes ouvrières au profit desquelles cette révolution prétendait se faire.
En réalité, si les peuples sentent facilement leurs besoins immédiats, ils ne perçoivent rien au delà de l’heure présente et gardent toujours le simplisme d’Esaü, dédaignant un intérêt futur très grand pour un avantage immédiat très petit.
Seuls, les conducteurs d’hommes peuvent montrer la route à suivre aux multitudes incapables de l’apercevoir.
Ce fut justement l’œuvre des dirigeants, aux États-Unis. Ils comprirent, que ce grand pays sans armée et sans marine, menacé par le Mexique et le Japon, gagnerait beaucoup à la guerre. Finalement, le peuple fut amené à entreprendre une lutte qui devait faire de l’Amérique l’arbitre du monde.
Est-il supposable que la nation américaine eût songé, sans direction, à se lancer dans cette formidable aventure ? N’eût-elle pas préféré les avantages immédiats d’un commerce fructueux avec les belligérants à ses intérêts lointains ?
Ce que le peuple américain ne distinguait pas alors, il le perçoit très bien, maintenant.
On en peut juger par la citation suivante d’un grand journal des États-Unis (Sun, 25 février 1919)
« Il est certain que les Américains ne se sont pas plongés dans la bataille uniquement par amour de l’humanité. Nous avons franchi l’Atlantique pour aider à sauver la France et l’Angleterre, car si elles avaient été vaincues, c’eût été notre tour d’être attaqués et il y a de grandes chances que nous aurions été perdus, nous aussi. En conséquence, c’est donc pour nous sauver nous-mêmes que nous avons traversé l’Atlantique. »
La dictature du prolétariat, aspiration principale du socialisme, implique naturellement que le prolétariat posséderait des aptitudes spéciales. L’expérience russe, réalisée sur une grande échelle, a démontré au contraire sa totale incapacité. Les tentatives faites en Allemagne l’ont également prouvé.
Une autre évidence que les mouvements révolutionnaires mirent en lumière, est le degré de férocité sauvage auquel conduisent les doctrines basées sur la haine des supériorités, supériorité de la fortune comme de l’intelligence.
Pour établir son rêve d’égalité universelle, le socialisme bolcheviste a systématiquement procédé au massacre de toutes les élites. Il le fit avec des raffinements de cruautés qui remplirent le monde d’horreur.
Une relation officielle, publiée par le gouvernement anglais, d’après les témoignages de ses représentants en Russie, donne, sur la sauvagerie bolchéviste, des détails montrant à quelles extrémités l’envie et la haine peuvent pousser les hommes.
Certaines victimes étaient enterrées vivantes, d’autres coupées en morceaux, d’autres pendues de façon que l’asphyxie se produisît lentement. Des officiers étaient sciés vivants entre deux planches, etc.
Les exécuteurs ne tenaient compte ni de l’âge ni du sexe des victimes. De nombreux lycéens furent massacrés simplement en raison de leur qualité de futurs bourgeois.
Les principes directeurs de la domination des prolétaires ont été formulés par le chef du bolchevisme dans les termes suivants :
« Ne reconnaissant pas la violence de la part des individus, nous sommes pour la violence d’une classe contre les autres et les gémissements de ceux qui se sentent déconcertés par cette violence ne nous dérangent nullement. Ils doivent se faire à l’idée que les paysans ou les soldats les commanderont et qu’ils seront forcés d’accepter un nouvel ordre des choses. »
Tous les intellectuels savants, professeurs, médecins même furent, de la part des révolutionnaires, l’objet de la même haine que les bourgeois capitalistes.
Le Journal de Genève a donné les extraits suivants d’une publication russe :
« Les intellectuels, il faut les passer à la baïonnette ! » crient les matelots. « Il faut les faire mourir de faim ! » glapissent les soldats. « A mort les savants ! » hurle la plèbe. »
Les écrivains bolchevistes ne cessaient de prêcher le « pogrom » des intellectuels.
« Le résultat d’ailleurs ne se fit pas attendre, écrit le même journal. Durant le mois de novembre, plus de 120 intellectuels furent massacrés : maîtres d’école, sages-femmes, ingénieurs, médecins, avocats. »
Un des rares journaux que les léninistes laissèrent quelque temps paraître fit timidement observer que pour obtenir une voie ferrée, construire un bateau à vapeur, poser une canalisation d’eau, il fallait des intellectuels. Vérité élémentaire sans doute.
« Mais, ajoute tristement ce journal, c’est justement en cela que consistent l’horreur et la honte de notre temps. Nous commençons à oublier l’alphabet et nous devons « prouver » d’un air sérieux que la science est utile, que les intellectuels ont le droit de vivre et que, si on les passait à la baïonnette, personne n’en retirerait aucun avantage. »
Les bolchevistes ne furent d’abord nullement influencés par ces considérations et, pour bien prouver combien les intellectuels leur semblaient inutiles, ils nommèrent membres de leur gouvernement des ouvriers, des paysans et des matelots complètement illettrés.
Mais l’expérience fut plus forte que la théorie. Lorsque la gestion du prolétariat eut créé la ruine, le dictateur Lénine en fut réduit à offrir aux bourgeois encore vivants d’énormes traitements pour reprendre la direction des industries et des administrations.
A ceux qui n’acceptent que le témoignage des hommes de leur parti, on peut recommander la lecture de l’interview d’un socialiste, le général Pildzuski, publié par Le Journal de Genève :
« De loin, dit-il, le bolchevisme représente pour le pauvre et l’opprimé une espérance de vie meilleure et un sentiment de vengeance sociale.
Je ne comprends pas, après avoir vu les ruines accumulées par le régime communiste, comment il peut y avoir en Europe des socialistes lui étant favorables.
En deux mois, à Vilna, les communistes ont amené une ruine complète. Ce ne sont pas des hommes civilisés, mais des sauvages assoiffés de sang et de pillage. Lors de leur arrivée au pouvoir, ils ont, en cinq jours, édicté plus d’un millier de décrets.
On ne peut changer toute la vie économique et sociale d’un peuple en quelques jours. On n’obéit donc pas à ces innombrables ordonnances. La terreur entra alors en action pour soviétiser de force. La production s’arrêta partout.
Lénine, qui voulait rénover la société, n’a réussi qu’à instaurer partout un état de choses voisin de la mort. »
Les chefs du bolchevisme russe professent un mépris intense pour les socialistes français malgré les humbles avances de ces derniers. Les journaux ont reproduit le passage suivant d’un article de l’Internationale communiste :
« Il est temps d’en finir avec ce malentendu déjà trop prolongé. L’heure est trop grave pour que le prolétariat français souffre plus longtemps l’alliance du misérable longuettisme avec la grande réalité de la lutte prolétarienne pour le pouvoir… Longuet et Vandervelde doivent être sans pitié rejetés dans le tas malpropre des bourgeois dont ils essaient en vain de sortir pour atteindre la route socialiste. Nous n’avons plus besoin du décor vieilli du parlementarisme, ni de son illusion d’optique… En finir avec le longuettisme est une exigence nécessaire de la gangrène politique. »
Les jugements les plus exacts que l’on puisse formuler sur le bolchevisme sont dus à des socialistes et à des bolchevistes.
Voici d’abord comment s’exprime un ancien député à la Douma, socialiste très avancé, M. Alexinski sur les résultats du régime bolcheviste : 1o Suppression de la liberté de pensée. Tous les journaux n’appartenant pas au parti bolcheviste sont supprimés. 2o Arrêt de la vie industrielle ; la plupart des usines fournissant à peine 10 % de leur ancienne production et la majorité d’entre elles d’ailleurs restent fermées. Elles le seraient toutes sans les spécialistes allemands que les chefs bolchevistes se procurent à grands frais. Ce sont également des officiers allemands qui dirigent l’armée rouge. Les organisations ouvrières ont perdu toute indépendance.
Le Temps du 9 mars 1920 reproduisit, d’après les journaux russes, le compte rendu de la 7e conférence de tous les soviets économiques de la Russie tenue à Moscou. La faillite du régime communiste y fut mise en évidence.
On reconnut que l’antagonisme entre les paysans et les citadins était si fort que les premiers ne veulent plus ravitailler les villes et préfèrent laisser le blé pourrir dans les campagnes.
« La situation de l’industrie est plus grave encore : la production du travail a diminué de 70 p. 100. Les rares usines qui travaillent le font avec des pertes telles que leur production ne couvre même pas le salaire des ouvriers.
Krassine a déclaré :
Je suis obligé de dire que la vie se montre plus forte que la doctrine communiste, et que tant que l’on ne reconnaîtra pas comme absolument impossible de rétablir la vie économique avec le régime soviétiste tel qu’il est actuellement, moi, Krassine, et tous les autres comités ou Soviets ne pourrons rien faire. Ces derniers ne seront même qu’une entrave.
Lénine prit la parole et prononça un discours qui peut se résumer ainsi :
Il faut que nous agissions pour l’économie populaire et l’industrie exactement comme nous avons agi pour l’armée. Le principe du collectivisme doit céder au régime du gouvernement des particuliers : le développement économique populaire, chez nous, nous y a amenés. La direction collective de l’industrie par toutes sortes de Soviets ne donne pas le travail rapide, qui est maintenant nécessaire. Aussi faut-il travailler énergiquement, réduire les pouvoirs, les fonctions des comités de fabriques, et en donner la direction à des chefs particuliers, qui seront naturellement bolchevistes. »
Pour remédier à la ruine industrielle de la Russie, Trotzki n’a trouvé d’autres moyens que de militariser l’industrie, ce qui signifie pour lui remplacer la journée de huit heures par une journée de douze heures. Comme le dit l’auteur de ce compte rendu, l’expérience communiste russe peut se résumer en trois mots ; terrorisme, ruine et servitude.
Ainsi, après deux ans d’expériences, le bolchevisme a dû constater que la force des choses était supérieure aux doctrines.
Devant la faillite évidente de leur système, les révolutionnaires en sont simplement revenus au vieux système capitaliste. L’initiative privée est stimulée en laissant les chefs d’usines réaliser de gros bénéfices. Même dans les exploitations de l’État, l’égalité des salaires n’a pas été maintenue. Les directeurs et ingénieurs touchent de forts émoluments, les tarifs des divers ouvriers sont tous variables. « On a rétabli partout le travail aux pièces et institué un système de primes avec minimum obligatoire de production quotidienne » sous peine de fusillade. Toutes les grèves ont été interdites. En réalité le communisme bolcheviste n’est plus qu’une forme exagérée de l’ancien tzarisme autocratique.
Une révolution s’accomplit d’abord dans les esprits, avant de se traduire par des actes. L’idée de la dictature du prolétariat n’a pas encore provoqué de révolution chez tous les peuples, mais elle les a conduits à la conception que les prolétaires, étant des autocrates, ont le droit de manifester les plus invraisemblables exigences.
Ces exigences grandissent et menacent l’existence économique du monde moderne. Les classes ouvrières perdent de plus en plus le sens des possibilités.
Un typique exemple de leurs aberrations mentales est fourni par la grève des cheminots autrichiens, au moment précis où l’Entente consentait à ravitailler l’Autriche.
« Les trains de vivres sont arrêtés sur tout le réseau du Sud et les grévistes, qui se plaignent de mourir de faim, refusent absolument de les laisser passer. Encore quelques jours d’interruption et ce serait la famine. Il n’y a plus rien les stocks sont complètement épuisés. »
Et pourquoi ce refus si préjudiciable à l’intérêt général ? Simplement parce que les cheminots voulaient recevoir, à l’avenir, soixante-dix francs par jour et être gratuitement nourris.
Pour ne pas se montrer aussi extravagantes, les exigences des ouvriers français sont également excessives. D’innombrables exemples le prouvent. Tel celui des balayeurs et des ouvriers municipaux de Paris réclamant, comme salaire de début, un traitement de colonel avec un congé annuel de trente jours.
Employés des postes et des chemins de fer, instituteurs, fonctionnaires, etc., ont manifesté des prétentions analogues.
L’incapacité totale de ces réclamants à comprendre les répercussions qu’engendrerait la réalisation de leurs exigences est frappante. Ce serait d’abord la destruction de la richesse publique, puis la misère des travailleurs.
On a calculé que si nos chemins de fer cédaient aux demandes actuelles de leur personnel, le déficit des Compagnies, déjà fort élevé, dépasserait trois milliards. Résultat final : ou élever les prix de transport des marchandises au point d’en rendre impossible la vente à l’étranger, ou, si ces prix de transport n’étaient pas augmentés, faire tomber à zéro le revenu des actions. Ce ne seraient nullement les capitalistes qui s’en trouveraient victimes, car les statistiques montrent que ces actions sont dans les mains d’une foule de petits prolétaires y ayant mis leurs économies au lieu de les garder improductives dans un tiroir. Grâce à ce système d’actions, la grande propriété industrielle a pu devenir collective, tout en restant individuelle et transmissible.
Mais l’immense armée des réclamants ne saurait entrevoir ces répercussions. Elle exige l’impossible et ne recule pas devant les plus violentes menaces pour l’obtenir. Quand les instituteurs et les fonctionnaires seront définitivement réunis à la Confédération du Travail, ce sera la destruction non seulement de toutes les libertés, mais de la vie industrielle de la nation et, par conséquent, sa ruine.
Les penseurs de tous les pays signalent, dans des termes analogues, les dangers que fait courir au monde l’esprit révolutionnaire nouveau. Jamais, écrit un journal suisse, on n’a assisté à un si effroyable déchaînement de convoitises rivales et d’égoïsmes intraitables : égoïsme national, égoïsme de classe, égoïsme individuel. Le monde ressemble à une immense ménagerie dont toutes les cages auraient les portes ouvertes.
L’avenir dira comment les sociétés résisteront à tant d’assauts lancés contre elles. Les politiciens ont des vues trop courtes et un égoïsme trop développé pour songer à l’avenir.
Les classes menacées devront donc se défendre elles-mêmes. En Allemagne, les bourgeois attaqués formèrent des milices défensives. En Bavière et dans plusieurs régions, les paysans refusèrent d’approvisionner les villes qui se déclaraient favorables aux Soviets.
La classe des paysans constituera peut-être le dernier élément de stabilité des civilisations. Leur mentalité, aussi bien en Allemagne qu’en France, diffère fort de celle des ouvriers. Le travail du paysan aux champs le rend, en effet, individualiste et peu accessible à l’influence des meneurs, alors que le travail collectif à l’usine donne à l’ouvrier une mentalité grégaire que les agitateurs dirigent facilement.
Quels que soient les rêves des sectaires, la grandissante complication des sociétés modernes rendra de plus en plus indispensable le rôle des élites et de moins en moins possible une dictature du prolétariat. Les élites synthétisent la puissance d’un peuple. Son niveau sur l’échelle de la civilisation se mesurera toujours au chiffre de ses élites. A elles sont dus tous les progrès dont profitent ensuite les multitudes.
La Russie vient d’en faire l’expérience. Le tort matériel qui lui a été causé par les communistes est immense, mais la destruction des usines et de toute la vie économique ne semble rien auprès des dommages causés par le massacre de son élite. Jamais pays n’eut autant besoin d’élites que la Russie. Cet empire demi-barbare n’avait été un peu civilisé que grâce à une petite élite. Il ne la possède plus aujourd’hui et l’impossibilité de progresser par ses propres forces lui étant expérimentalement démontrée, c’est à l’étranger que la Russie est obligée de demander une aristocratie intellectuelle capable de la guider. L’histoire n’avait jamais donné un aussi frappant exemple de la grandeur du rôle exercé par les élites sur la destinée des peuples.
Détruire l’élite d’une nation, c’est abaisser la valeur de cette nation au niveau de ses éléments les plus médiocres et la rayer ainsi de la civilisation.
Dans les luttes industrielles aussi bien que dans les batailles militaires, les armées valent ce que valent leurs chefs. On pourrait appliquer aux grandes entreprises modernes ces réflexions de Napoléon rappelées par le maréchal Foch : « Ce ne sont pas les légions romaines qui ont conquis la Gaule, mais César ; ce ne sont pas les soldats carthaginois qui ont fait trembler Rome, mais Annibal. Ce n’est pas la phalange macédonienne qui pénétra jusque dans l’Inde, mais Alexandre. »
Le développement, en Russie, des idées révolutionnaires réclamant la dictature du prolétariat, est dû surtout à la propagande entreprise par l’Allemagne. Elle fit ainsi surgir du domaine mystérieux des forces psychologiques certaines puissances destructives dont elle devint ensuite victime, dès que sa résistance militaire fut affaiblie. Ces forces nouvelles balayèrent comme des feuilles légères les dieux, les dynasties, les institutions, la philosophie même du plus puissant empire que le monde ait connu.
Les forces destructives n’ont pas disparu après avoir brisé le peuple allemand qui les avait fait naître. Répandues dans l’univers, elles menacent les plus brillantes civilisations.
Il serait illusoire de prétendre deviner les limites de leur action. Les contemporains des croyances qui transformèrent plusieurs fois l’orientation des peuples en ont rarement compris la puissance. Constatant aisément leur faible valeur rationnelle, ils n’en pressentirent pas le succès et négligèrent de se défendre, alors que la défense était facile. Les enseignements du passé auraient dû leur montrer, pourtant, que les dogmes les plus absurdes sont souvent les plus dangereux. C’est seulement dans les livres des professeurs que la raison guide l’histoire.