Deux années en Ukraine (1917-1919): avec une carte de l'Ukraine.
L’offensive de Galicie
Tout à coup, les premiers échos d’une vaste offensive entreprise en Galicie arrivent, en même temps que les premiers blessés. Tout le monde en suit avec le plus vif intérêt les diverses phases, car on espère, cette fois, que la victoire amènera la paix des alliés. D’ailleurs, elle se présente sous les plus brillants auspices: Halitch est prise, les prisonniers arrivent en nombre imposant; les armées austro-allemandes semblent démoralisées par la brusquerie de l’attaque. L’espoir renaît dans tous les cœurs.
Hélas! ce ne devait pas être pour longtemps. L’ennemi se ressaisit, et attaque à son tour. Halitch est reprise, la débandade se met dans les troupes russes. C’est bientôt la panique sur tout le front: fantassins, artilleurs, soldats de toutes armes se sauvent en un affreux désordre, abandonnant tout le matériel à l’ennemi qui avance avec une rapidité vertigineuse, l’arme à la bretelle, à travers toute la Galicie.
A Kiev, il y eut un moment d’angoisse: les Allemands viendraient-ils jusque-là? La Galicie reconquise, un immense butin de guerre, la ruine de l’armée russe assuraient à l’ennemi un triomphe suffisant. Il se stabilise à la frontière orientale de la Galicie et y creuse ses tranchées.
On comprit alors le mal irréparable causé au pays par la Révolution, des ministres incapables, la dictature de la parole exercée par Kerensky. Une première vague maximaliste faillit tout emporter; Kornilov, dans sa tentative de mouvement militaire, échoue et se trouve à peu près seul.