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Deux années en Ukraine (1917-1919): avec une carte de l'Ukraine.

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Histoire

L’Histoire fait son apparition dans la littérature ukrainienne sous la forme de Chroniques dont les principales sont celles de Nestor au XIIe siècle et celles de Kiev et de Galicie-Volhynie qui les continuent jusqu’en 1292.

Merveilleux assemblage de légendes et de faits historiques racontés avec une naïveté, une vivacité charmantes et un grand soin d’exactitude, elles expriment le caractère national ukrainien qui, dit l’historien Soloviov «est d’une toute autre nature que le caractère grand-russien».

La dynastie lithuanienne eut aussi des historiens pour raconter l’époque de luttes et de mouvements populaires qu’eût à traverser l’Ukraine, depuis l’invasion tartare jusqu’à la perte de ses droits politiques, sous la domination russe. Les événements de cette époque sont contenus dans les Chroniques de Lemberg, de Kiev, de la Ruthène-Lithuanie, au XVe siècle; dans les Mémoires de Samuel Zokie, secrétaire de Khmielnitski, de Jevlaszewsky, de Khanenko et de Markovyck et dans les Chroniques cosaques dont la plus intéressante et la plus littéraire est celle de Velytchko (1690 à 1728).

Mais c’est au XIXe siècle que la littérature ukrainienne devait trouver ses véritables historiens dans Michel Dragomanov, V. Antonovitch et surtout dans Michel Grouchevsky.

Michel Dragomanov (1841-1895), extrêmement cultivé, resta profondément attaché à sa patrie bien qu’il ait surtout séjourné à l’étranger, à Paris et à Sofia. Il a fait connaître l’Ukraine à la France par des brochures riches de faits et de conclusions: «La Politique orientale de l’Allemagne et la russification», «l’Ukraine et les Empires centraux», «La Pologne historique et la démocratie grand-russienne», «Pensées étranges sur la question nationale de l’Ukraine», «Lettres à l’Ukraine du Dnièpre».

Dragomanov a puissamment contribué au maintien du sentiment national dans l’âme du peuple ukrainien.

V. Antonovitch, profondément érudit, a écrit sur l’histoire de l’Ukraine plusieurs ouvrages dont les principaux sont: «Monographies historiques», «Dernières années de l’organisation cosaque dans l’Ukraine occidentale». Il a travaillé sur la fin de sa vie à un rapprochement ukraino-polonais, sans arriver à un résultat sérieux.

Michel Grouchevsky est assurément le plus grand historien de l’Ukraine. Son «Histoire de l’Ukraine» compte déjà sept volumes et s’arrête à la révolte des Cosaques (1625), mais on peut déjà la considérer comme un chef-d’œuvre par la grande quantité de documents compulsés et sa force de dialectique.

Parmi les autres historiens ukrainiens contemporains, il faut citer Oreste Levytsky, auteur de Monographies remarquables, le Père Kripviakievitch et Bogdan Buchinsky, auteurs de travaux très documentés sur l’Eglise en Ukraine, Lypinsky qui s’adonne spécialement à l’histoire des relations polono-ruthènes et qui a déjà fait paraître quelques volumes du plus grand intérêt et enfin, pour y prendre une place particulière, M. Stephane Tomachevsky dont l’Insurrection des Haïdamaks et les Etudes historiques sur les Ukrainiens de Hongrie se recommandent par leur documentation et leur impartialité.

Cet aperçu de la littérature ukrainienne est nécessairement très court et laisse dans l’ombre un trop grand nombre d’écrivains qui mériteraient chacun une mention spéciale, mais il est cependant suffisant pour montrer que, malgré les obstacles suscités par ses maîtres, malgré les décrets de proscription et de prohibition, le peuple ukrainien a gardé le culte de sa langue et des belles-lettres et qu’à l’avenir il saura user de la liberté qu’il a conquise pour se développer intellectuellement et moralement.

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