Deux années en Ukraine (1917-1919): avec une carte de l'Ukraine.
Ultimatum du gouvernement des Soviets russes
Pour commencer ses opérations contre la nouvelle République, le Gouvernement des Soviets n’attendait qu’une occasion. Il la trouve dans une dépêche chiffrée du Gouvernement français qu’il intercepte et publie dans les journaux de Petrograd.
Sous prétexte que le Gouvernement ukrainien a entamé des pourparlers secrets avec les Alliés et notamment avec la mission française dans l’intention de «saboter la cause de la paix» et d’empêcher celle-ci d’aboutir immédiatement, il lui envoie un ultimatum et commence aussitôt l’attaque contre l’Ukraine en faisant «donner» les Bolcheviks russes qui se trouvaient à Kiev, en attendant que les troupes régulières franchissent la frontière.
Prise entre deux feux, celui des Austro-Allemands à l’ouest, et celui des Maximalistes à l’est, la Rada centrale, qui a cependant déclaré qu’elle restera fidèle à l’Entente, nomme des délégués qu’elle envoie à Brest-Litovsk, refuser à la délégation maximaliste de Petrograd le droit de parler au nom de l’Ukraine et ouvrir des pourparlers en vue de la paix.
Mécontent de cette décision, Petlioura donne sa démission de secrétaire de la Guerre et se rend en province pour y organiser des corps de francs-cosaques afin de lutter contre les ennemis de son pays.
Le bruit s’étant répandu à Kiev que le Cabinet Vinnitchenko est sur le point de conclure la paix avec les Puissances centrales, le parti Jeune-Ukrainien décide de faire un coup d’Etat pour le renverser et empêcher la signature du traité. Les automobiles blindées font dans les rues de Kiev une démonstration. Vinnitchenko démissionne.
Skoropadsky, général dans l’ancienne armée russe, avait songé à prendre la dictature avec le titre de Hetman, mais le moment venu, il se défile sous prétexte que les Alliés ne lui donnent pas la promesse de faire défendre Kiev contre les Bolcheviks par les deux divisions tchéco-slovaques qui se trouvent dans la ville.
La Colonie française, que les événements n’ont nullement émue et qui continue à garder toute sa sympathie et aussi toute sa confiance au mouvement ukrainien, décide d’offrir aux poilus des différentes missions françaises et aux officiers français et alliés une soirée artistique dans la salle du Conservatoire. Les professeurs français de Kiev interprètent au milieu de l’hilarité générale le Client sérieux du gai Courteline. Ne fallait-il pas rire un peu avant le nouvel assaut que Kiev allait subir?