Deux années en Ukraine (1917-1919): avec une carte de l'Ukraine.
Le mouvement nationaliste ukrainien
A Kiev et dans toute l’Ukraine, un mouvement nationaliste s’éveille. Un peu factice et hésitant, à l’originel il acquiert bientôt une puissance irrésistible que ses adversaires les plus acharnés ne sauraient ni arrêter ni empêcher d’aboutir.
Des organisations sociales se mettent en devoir de formuler leurs programmes et leurs désirs politiques qu’elles adressent au Gouvernement provisoire. Des délégués des organisations déjà existantes, dans le but de coordonner leur travail en faveur des intérêts nationaux, forment dans les villes des conseils nationaux ukrainiens. Un Conseil suprême, constitué d’après l’ancien Concilium generale du temps de l’hetmanat, est organisé à Kiev, sous le nom de Rada centrale. Ce Parlement comprenait 800 membres, représentants de tous les partis politiques du pays sans distinction de nationalités: Social-démocrates, socialistes révolutionnaires, socialistes fédéralistes, indépendantistes, Bund juif, socialistes russes et polonais. Son programme est la défense des conquêtes de la Révolution (libertés nationales, terre aux paysans) contre les ennemis du dedans (bolcheviks et tsaristes) et du dehors (Allemands). Elle a contre elle tous les partis bourgeois et aristocrates (propriétaires fonciers, fabricants de sucre, fonctionnaires, Grands-Russes, Polonais et Juifs).
Enfin, un grand Congrès national s’assemble à Kiev et, dans ses résolutions, donne la formule fondamentale des principes politiques des Ukrainiens.
Ces principes, admis par la plupart des partis politiques, peuvent se résumer ainsi:
Garantie des droits nationaux des minorités habitant l’Ukraine.
Droit pour l’Assemblée Constituante russe de sanctionner la Constitution autonome de l’Ukraine.
Droit pour les organes du gouvernement autonome de résoudre les problèmes économiques, sociaux et surtout agraires du peuple ukrainien.
En attendant la réalisation de leur autonomie, les Ukrainiens exigeaient:
La reconnaissance des droits de la langue ukrainienne à un usage libre dans les institutions sociales et administratives du pays;
La nomination aux emplois administratifs de personnes connaissant les mœurs et les coutumes du pays et familières avec la langue du peuple ukrainien;
L’introduction de la langue ukrainienne dans l’enseignement primaire et une ukrainisation progressive des écoles secondaires et supérieures dans les gouvernements ukrainiens.