Deux années en Ukraine (1917-1919): avec une carte de l'Ukraine.
Le terme «Ukraine»
Pour prouver que le territoire ukrainien fait partie intégrante du territoire russe et que le peuple qui l’habite n’a aucun droit à l’indépendance réclamée par ses dirigeants, des adversaires de la jeune République, à bout d’arguments sans doute et plus animés de haine que doués d’esprit critique, se rejettent sur l’étymologie du terme «Ukraine».
Cet argument n’a et ne peut avoir aucune valeur, car quel rapport peut exister entre l’origine d’un pays et le nom qu’il porte?
Le terme «Ukraine» vient de deux mots russes: ou et kraïna qui signifient, le premier chez, près de, le second limite, frontières et par extension, pays, patrie. Puisque le terme «Ukraine» disent-ils, signifie «près de la frontière», le territoire auquel il a été attribué appartient à la Russie sur la frontière de laquelle il se trouve. C’est d’une logique absolue!
Or, ce mot «Ukraine» a été employé pour la première fois, dans les Chroniques ukrainiennes, au XIe siècle, pour désigner le territoire qui porte actuellement ce nom. A cette époque, l’Ukraine n’avait encore été l’objet d’aucune convoitise, vivait libre et indépendante et par conséquent n’était «près de la frontière» d’aucun pays ou plutôt elle était près de la frontière de l’Europe civilisée qu’elle défendait contre les incursions des barbares.
D’autre part, l’Ukraine a fait partie de la Pologne aux XIVe, XVe et XVIe siècles, c’est-à-dire, avant d’être englobée dans l’Empire moscovite. Donc, si l’Ukraine avait été «près de la frontière d’un pays», ce serait de la Pologne et non de la Russie? L’adage français: «qui veut trop prouver ne prouve rien» trouve une fois de plus son application.