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Deux années en Ukraine (1917-1919): avec une carte de l'Ukraine.

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Emeute sanglante à Kiev

Le lendemain 8 novembre, Kiev entend le premier coup de canon.

Les Cosaques avaient jusque-là maintenu les Bolcheviks russes de Kiev dans un certain respect de l’ordre établi, mais ils se voient obligés de descendre vers le Don et les Ukrainiens restent incertains sur la conduite à tenir. Aussi les Bolcheviks en profitent pour s’emparer, dans la nuit, de l’arsenal d’où ils se mettent à mitrailler le quartier de Lipky. Maîtres de la forteresse dans l’après-midi, ils bombardent la maison du Gouverneur russe dans laquelle est installé l’hôpital français dont les blessés doivent être évacués sous la mitraille.

La révolte est dirigée contre les représentants du gouvernement de Kerensky qui se sont jusqu’à ce jour maintenus à Kiev; aussi les troupes qu’on lui oppose sont des Yunkers, jeunes élèves officiers de 16 à 18 ans, et quelques bataillons fidèles au Gouvernement provisoire.

Pendant trois jours, l’on se bat ferme et sauvagement; les balles retournées et les dum-dum sont couramment employées. Les petits Cadets faits prisonniers sont impitoyablement fusillés.

Cependant les troupes tchèques envoyées du front approchent et les Bolcheviks sentant la partie compromise, acceptent l’intervention des Ukrainiens qui sont jusque-là restés neutres et se sont contentés d’assurer la sécurité de la population paisible. Ceux-ci proposent aux combattants de cesser la lutte et d’évacuer la ville. Eux se chargent de l’ordre: la police russe est immédiatement remplacée par une milice ukrainienne. Le gouvernement de Kerensky est peu satisfait de cette intervention. Il donne l’ordre aux Yunkers d’attaquer les troupes ukrainiennes qui les repoussent, et s’emparent de l’arsenal et de toutes les administrations. Les Tchèques qui sont arrivés à Kiev reçoivent à leur tour l’ordre d’attaquer les Ukrainiens qu’on leur représente comme Bolcheviks. Une lutte s’engage mais comprenant bientôt qu’on les a trompés, ils refusent de se battre plus longtemps, déclarant que partisans du principe des nationalités, ils veulent rester neutres dans les affaires intérieures de la Russie. L’état-major de Kerensky qui n’avait pas d’autres troupes se rend aux Ukrainiens. Le 17, le calme renaît, la vie reprend son cours. Les cocardes jaunes et bleues triomphent à Kiev, l’écusson de Saint-Gabriel vient de remporter sa première victoire.

Cette victoire soulève au front sud-ouest un grand enthousiasme. Deux armées envoient leurs félicitations et leur appui à l’Ukraine.


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