Deux années en Ukraine (1917-1919): avec une carte de l'Ukraine.
Prise de Kiev par Petlioura
Toutes ces proclamations et tous ces placards n’empêchent pas Petlioura et son armée de faire leur entrée à Kiev quelques jours plus tard, le 14 novembre, au milieu des acclamations d’une foule enthousiaste. Au même moment, d’un autre côté de la ville, une troupe de volontaires, 300 environ, sortait pour s’en aller rejoindre vers le sud l’armée de Denikine. Les autres officiers de l’armée des Volontaires rentrent chez eux, ou s’enferment à l’hôtel François, pour y attendre les événements. Les jeunes gens des trois dernières classes des gymnases qui avaient été mobilisés pour maintenir l’ordre dans la ville, reviennent au sein de leur famille et reprennent leurs études.
On s’attendait à des représailles contre les officiers volontaires et à un pillage de la ville (les journaux du Hetman avaient annoncé que Petlioura, pour entraîner ses «bandes» à l’assaut de Kiev, leur avait promis dans un ordre du jour de leur livrer la ville pendant trois jours). Il n’en est rien. Le nouveau Gouverneur de Kiev prend les mesures les plus énergiques pour assurer la tranquillité et surtout le ravitaillement de la population affamée depuis un mois. Aux familles des officiers et aux consuls qui l’interrogent, il affirme qu’aucune exécution ne sera faite avant que le procès de chaque officier ne soit instruit et une sentence prononcée. En attendant le procès et la sentence, les coupables et les suspects sont enfermés au Musée pédagogique d’où 18 sur 7 à 800 sortent pour subir la peine prononcée contre eux «pour avoir commandé des fusillades d’Ukrainiens et organisé des corps de troupe pour combattre contre les armées de la République ukrainienne».