← Retour

Deux années en Ukraine (1917-1919): avec une carte de l'Ukraine.

16px
100%

Mon retour en France

L’arrivée prochaine des Bolcheviks à Kiev, m’oblige à mettre les miens en sécurité et me fait songer à revenir en France. D’autant plus que quelques jours avant, M. Cerkal, le courrier de M. Henno, qui faisait depuis un mois la navette entre Odessa et Kiev, m’avait informé qu’il fallait renoncer pour l’instant à toute nouvelle œuvre de propagande française et même à celles déjà existantes. Il ne reste d’ailleurs presque plus de Français, ni de Françaises dans la capitale ukrainienne.

Parti de Kiev, le 26 janvier, j’arrive le 3 février à Odessa où je peux, après bien des difficultés, bien des démarches et bien des refus, m’embarquer, à mes propres frais, naturellement, le 24 février, avec ma femme, et mon bébé de deux ans, sur le pont d’un navire, le Tigris, qui me dépose à Salonique le 27. Je dois faire dans cette ville à demi ruinée un séjour de huit jours, avant de pouvoir me faire admettre à bord du Criti qui me jette dans l’île déserte de Saint-Georges, près du Pirée, sous prétexte qu’ayant voyagé avec des Grecs, je dois être contaminé. Le médecin de l’île qui surveille la construction du lazaret où je devais être hébergé, me fait monter à 11 heures du soir sur un chaland qui me débarque, ma femme, mon bébé et une famille belge, à 2 heures du matin, sur le quai du Pirée.

Après de multiples démarches à Athènes et au Pirée, près de la base navale de ce port et près du Consulat, je prends place, toujours sur le pont, sur l’Imperatul Trajan, vapeur roumain affrété par le gouvernement français pour le transport des troupes françaises de Roumanie, et après un arrêt de deux jours à Messine, je foule enfin le sol de ma patrie le 19 mars, cinquante-deux jours après mon départ de Kiev.

Chargement de la publicité...