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Deux années en Ukraine (1917-1919): avec une carte de l'Ukraine.

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Seconde émeute à Kiev

Le lendemain, les Bolcheviks de Kiev sentant les camarades approcher, s’emparent par surprise et sans coup férir de l’arsenal qui contient mitrailleuses, artillerie et munitions. On se bat avec acharnement durant toute la nuit et le lendemain. Le 31, ils s’emparent de Podol, bas quartier de la ville, sur la rive du Dnièpre. Au Télégraphe, la lutte est d’une violence inouïe. Beaucoup de victimes même parmi les civils. Le commandant Jourdan, de la Mission française, est tué d’une balle perdue de mitrailleuse. L’aspect des rues est sinistre. Tranchées, barricades, mitrailleuses aux carrefours, des canons sur les places et sur les endroits les plus élevés; la circulation est complètement interrompue, l’électricité est coupée.

Le 2 février, la lutte augmente d’intensité: des trains blindés tirent sans arrêt dans les rues. Lorsqu’on se risque à sortir, il faut souvent s’étendre à terre et attendre que les rafales se calment, tant les balles tapent dur à hauteur d’homme, faisant voler en éclats les vitres et criblant littéralement les murs. De paisibles habitants trouvent ainsi la mort chez eux...

En ville, plus de pain depuis la bataille. Heureux les prévoyants qui ont fait quelques provisions d’eau et de farine. Pour s’engager dans la garde rouge, il suffit de s’inscrire et l’on obtient un fusil. Aussi peut-on voir passer dans les rues de sinistres bandes armées aux allures inquiétantes.

Le 3 février, la lutte continue encore plus acharnée, mais les troupes d’investissement bolcheviques n’ayant pas encore atteint Kiev et Petlioura arrivant de province avec quelques troupes francs-cosaques, les Ukrainiens l’emportent. Les derniers gardes rouges sont fusillés, l’arsenal se rend et l’on s’aperçoit que c’était une poignée d’hommes qui avaient mené l’émeute.

Les Ukrainiens vainqueurs célèbrent leur victoire. En ville, grand défilé de troupes victorieuses, musique en tête.

Pendant ce temps, les troupes régulières bolcheviques encerclent la ville. De grandes forces arrivent sur trains blindés.

A l’extérieur, Odessa tombe entre leurs mains après un bombardement de trois jours. Là-bas aussi le sang a coulé.

Un nouveau ministère est constitué qui réclame l’aide immédiate de l’Autriche. Mais l’Ukraine n’existe plus, seul son cœur bat encore, mais bien faiblement.


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