Deux années en Ukraine (1917-1919): avec une carte de l'Ukraine.
Roman et Nouvelle
Le roman fait de très bonne heure son apparition dans la littérature ukrainienne avec les traductions des romans grecs «L’Alexandria» du pseudo Calysthène, la «Guerre de Troie» et le «Royaume des Indes».
Mais ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle que devait paraître le père du roman ukrainien tel que nous le concevons aujourd’hui. C’est Grégoire Kwitka qui, sous le pseudonyme d’Osnovianenko, a précédé George Sand, Auerbach et Tourgueniev, en écrivant de charmantes nouvelles tirées de la vie du peuple. Son principal roman: «Maroussia» est une œuvre de sensibilité sincère et exquise. «La Sorcière de Konotop», «Oxana malheureuse», «L’amour sincère», dénotent une grande pureté de sentiment et un profond amour du peuple, de son pays et de sa langue.
Ivan Levytsky, connu sous le pseudonyme de Netchouy, jouit d’une grande vogue dans toute l’Ukraine. Parmi ses nombreux romans, il faut citer: «Deux Moscovites», «La Nuit de Horeslav», «Le Crampon», «Ténèbres», «La Remorqueuse», etc.
Panas Myrny eut de nombreux démêlés avec le Gouvernement russe. Son principal roman «Les Bœufs ne mugissent pas quand ils ont du foin dans le râtelier», où il dépeint la vie sociale, a été édité à Genève par Dragomanov.
Marie Markovyck, sous le pseudonyme de Marko Wowtchok (1834-1907), fut pour le roman ukrainien ce que Chevtchenko fut pour la poésie. Elle dépeint les mœurs et la vie des serfs et les anciennes coutumes de l’Ukraine. «Maroussia» est un véritable petit chef-d’œuvre et ses Contes Populaires, parus en 1856, eurent un tel succès qu’ils furent traduits en russe par Tourgueniev, en anglais et en français. La traduction française de «Maroussia» due à l’habile plume de M. Stahl, a eu un tel succès, qu’elle compte aujourd’hui plus de 80 éditions.
Alexandra Koulich (1829-1911) a écrit sous le pseudonyme de Hanna Barvinok un grand nombre de romans sur la vie du peuple, où elle fait preuve d’un profond esprit d’observation.
Anatole Swidnytsky (1834-1872) a laissé des romans «Les Luboradsky» (Chronique de famille), qui dépeignent la vie des «Années soixante» dans les milieux bourgeois ukrainiens qui commençaient à se dénationaliser.
Ivan Franko (1856-1916), tour à tour poète et romancier, dépeint dans une série de nouvelles, l’exploitation du peuple dans les mines pétrolifères de Borislav «Boa constrictor», «A la sueur de son front», «Pour le foyer», «La Croisée des chemins», «Au sein de la nature», etc. et la misère des paysans livrés à la merci des seigneurs.
Michel Kotsioubinsky (1864-1913) peut se comparer à Guy de Maupassant par la profondeur de son analyse psychologique et à Tourgueniev par ses tableaux de la nature. Dans son «Intermezzo», il dépeint l’immensité des champs de l’Ukraine et son ciel cristallin, avec un lyrisme qui n’a d’égal que l’émotion provoquée par le récit des malheureux paysans mis en scène. Les «Fata Morgana» sont des scènes tragiques et angoissantes de la Révolution de 1905. Les «Ombres d’ancêtres oubliés» dépeignent la vie des montagnards vivant dans les Carpathes.
Maître d’une langue parfaite, profond psychologue, Kotsioubinsky a donné des œuvres qui sont considérées comme les plus parfaites de la littérature ukrainienne.
M. Vinnitchenko, dont l’analyse psychologique est également très profonde, ne cherche pas à idéaliser ses héros ordinairement communs et même vulgaires, mais néanmoins très vivants. Chacun de ses romans est un chef-d’œuvre d’observation. Parmi les plus connus, il faut citer «Holota» (Populace), tableau triste et puissant de la vie du prolétariat agraire; «Je veux», peinture forte et énergique de la vie des intellectuels ukrainiens, en même temps que puissante analyse du sentiment national dans l’âme d’un intellectuel ukrainien russifié, «Le Mensonge», «L’Ours Blanc et la Panthère Noire», etc.